Christophe du Castel de l’Agence Française de Développement revient sur les raisons qui ont conduit l’AFD à cofinancer le volet agroforesterie du projet Livelihoods au Burkina Faso, qui a pour objectif de restaurer les surfaces plantées par des techniques d’agroforesterie qui permettent d’accroître les rendements et de mieux résister à la sécheresse.
Livelihoods : L’AFD co-finance le volet agroforesterie du projet Livelihoods au nord du Burkina Faso. Dans quel cadre rentre ce partenariat pour l’AFD ?
Christophe du Castel : L’Afrique de l’ouest, et le Burkina Faso en particulier, font partie des zones de développement prioritaires pour l’AFD. Nous avons un important volume d’activités dans le secteur agricole au Burkina Faso. Nous travaillons notamment sur l’intensification agricole à travers la mobilisation des ressources en eau et la mise en place d’itinéraires techniques adaptés aux zones sèches dans le nord et l’est. Le projet Livelihoods rentre dans ce dernier périmètre.
« Nous travaillons sur la mise en place d’itinéraires techniques adaptées aux zones sèches dans le nord et l’est du Burkina Faso. »
LH : Qu’est-ce qui a incité l’AFD à soutenir ce projet ?
CC : Le fait que ce projet propose des solutions pour répondre simultanément à des enjeux agricoles et climatiques, avec comme objectif sous-jacent l’amélioration des conditions de vie de petits agriculteurs, a été déterminant pour nous. L’AFD s’est en effet fixée pour objectif de dédier 50% de ses financements à des projets qui visent à lutter contre le changement climatique. Si nous avons beaucoup d’initiatives qui traitent du changement climatique, peu de projets portent simultanément sur la mise en place d’itinéraires techniques agricoles performants dans des zones difficiles. Le nord du Burkina Faso est composé de zones particulièrement dégradées qui fragilisent les populations et les rendent très sensibles aux risques climatiques. L’un des enjeux cruciaux des régions sahéliennes est justement de pouvoir disposer de pratiques agricoles qui contribuent à la résilience des populations et de l’environnement. Avec ce projet, nous pourrons montrer qu’il est possible d’intensifier durablement la production agricole tout en ayant des effets positifs sur le changement climatique.
« Avec ce projet, nous pouvons montrer qu’il est possible d’intensifier la production agricole tout en ayant des effets positifs sur le changement climatique. »
LH : Quel a été l’intérêt pour l’AFD de s’associer au secteur privé sur ce projet ?
CC : L’AFD participe à la dynamique collective mise en place par le secteur privé sur le volet foyers améliorés en soutenant la promotion de pratiques agricoles plus durables, adaptées au contexte local. Tout le travail déjà réalisé avec les communautés rurales par l’ONG Tiipaalga et le fonds Livelihoods, notamment la sensibilisation des habitants à l’échelle de villages entiers, permet un déploiement rapide des itinéraires techniques et de la reforestation. Les foyers améliorés et les pratiques agricoles durables forment un ensemble cohérent pour agir à la fois sur le social et l’environnement. Ce projet illustre les complémentarités possibles entre le public et le privé pour accompagner les pays en développement. Par ailleurs, le fait que le fonds Livelihoods porte ce projet pendant 10 ans est pour nous un gage de réussite. Car nous essayons d’induire des modifications majeures dans la perception que les agriculteurs ont de leurs pratiques agricoles et de leurs écosystèmes. Ce sont des changements qui nécessitent du temps.
« Ce projet illustre bien la complémentarité entre le public et le privé pour accompagner efficacement les pays en développement. »
LH : Comment envisagez-vous la suite du projet ?
CC : Nous travaillons avec le CIRAD[1] pour définir des indicateurs pertinents afin de mesurer les effets concrets du projet sur le niveau de vie des populations, la production agricole, les écosystèmes et la séquestration de carbone. Les résultats nous permettront d’améliorer les itinéraires techniques pour des zones sèches du Sahel. Une autre particularité de ce projet est qu’une partie de la rémunération des opérateurs est liée aux résultats. Cela constitue pour nous une garantie supplémentaire quant à la pertinence de notre implication dans le projet. Nous suivrons donc ce projet en étroite collaboration avec Livelihoods et tiipaalga. Et nous continuons d’étudier d’autres collaborations avec Livelihoods sur des projets ayant des bénéfices à la fois pour les populations locales et l’environnement.
[1] Centre de coopération International en Recherche Agronomique pour le Développement