Interviews – Livelihoods https://livelihoods.eu/fr/ Building resilient communities & ecosystems alongside sustainable businesses Wed, 30 Jun 2021 13:14:17 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.2.3 https://livelihoods.eu/wp-content/uploads/2017/04/cropped-BD-PICTO-LIVELIHOODS-32x32.png Interviews – Livelihoods https://livelihoods.eu/fr/ 32 32 INTERVIEW AVEC BERNARD GIRAUD sur le lancement du nouveau Fonds Carbone Livelhoods (LCF3) https://livelihoods.eu/fr/an-interview-with-bernard-giraud-launch-lcf3/ Wed, 30 Jun 2021 10:46:00 +0000 https://livelihoods.eu/an-interview-with-bernard-giraud-the-livelihoods-carbon-funds-address-climate-biodiversity-social-impact-simultaneously/ Bernard Giraud, Président Co-Fondateur des Fonds Livelihoods, nous fait part de son point de vue sur la création du nouveau fonds Livelihoods Carbon et de son expérience de 10 ans dans la mise en œuvre de solutions basées sur la nature avec les communautés rurales. Il explique quelles sont les voies à suivre pour relever les défis environnementaux, économiques et sociaux de notre époque.

Qu’est-ce qui motive le lancement d’un nouveau Fonds Livelihoods ?

Bernard Giraud October 2019
Bernard Giraud, Président & Co-Fondateur des Fonds Livelihoods

Bernard Giraud: « Tout simplement parce qu’il y a un besoin urgent : le changement climatique, l’effondrement de la biodiversité, des millions de communautés rurales pauvres qui luttent pour leur subsistance ou qui doivent migrer pour gagner décemment leur vie. Nous sommes collectivement responsables de la perte des derniers hectares de forêt primaire et de la dégradation d’immenses zones de terres mal exploitées. Les conséquences sont de plus en plus comprises et visibles. La mission des Fonds Livelihoods est de contribuer à une planète saine et vivable, de protéger ou de restaurer le capital naturel dont nous avons hérité. Et de concevoir et mettre en œuvre des solutions qui profitent à la fois aux personnes et à la nature pour les générations futures.  Ce nouveau fonds permettra d’accélérer le mouvement.

Nous observons également une transition significative dans le secteur privé et un fort intérêt de la part des entreprises mais aussi de certains investisseurs financiers pour participer à ce nouveau fonds Livelihoods. Le premier Fonds Carbone Livelihoods a été créé en 2011 après quelques années d’incubation et d’expérimentation sur le terrain au sein de Danone, une entreprise internationale de produits laitiers et de boissons. Dès le début, il a été conçu comme un fonds mutuel entre plusieurs entreprises. Nous avons commencé avec un petit groupe d’entreprises visionnaires qui ont compris très tôt que les entreprises auraient un rôle clé à jouer pour limiter les impacts du changement climatique et transformer en profondeur leurs chaînes de valeur fondamentales. Progressivement, beaucoup d’autres ont rejoint nos fonds. En 2017, un deuxième fonds carbone a été créé. Il sera entièrement investi à la fin de cette année. C’est pourquoi un troisième fonds est lancé maintenant pour poursuivre le voyage et augmenter l’impact des projets des fonds Livelihoods sur le terrain. »

Pourquoi choisir « Livelihoods » pour nommer un fonds carbone ? Quelle est la relation entre des moyens de subsistance et le carbone ?

B. Giraud: « Dans les projets du Fonds Livelihoods, les gens sont les principaux acteurs du changement. Un facteur clé de succès est de développer et de mettre en œuvre des solutions qui améliorent à la fois les moyens de subsistance des communautés et l’environnement. Les communautés rurales avec lesquelles nous travaillons dépendent directement des ressources naturelles dont elles vivent : par exemple, les bonnes pratiques agricoles qui restaurent ou maintiennent des sols sains avec des niveaux élevés de matière organique fournissent de bonnes récoltes et améliorent les revenus. Mais elles permettent également de séquestrer des quantités importantes de carbone, ce qui a un impact positif sur le climat. Des mangroves vivantes génèrent des stocks abondants de poissons et de palourdes qui profitent aux communautés côtières et elles stockent d’énormes volumes de carbone dans les arbres et dans le sol. À l’inverse, l’érosion des sols ou la déforestation libèrent du carbone, contribuent à aggraver le changement climatique mais aussi à accroître la pauvreté. Le modèle Livelihoods Funds repose sur une approche globale qui crée des synergies au lieu d’opposer les actions sociales et environnementales. »

Les Fonds carbone Livelihoods aident les entreprises à « compenser » une partie de leurs émissions de CO2. Mais certains critiquent la « compensation carbone » qui est décrite comme une sorte de « greenwashing ». Quelle est votre avis ?

B. Giraud: « Une priorité claire pour les entreprises est de réduire leurs émissions de CO2 au sein de leur chaîne de valeur. Il s’agit d’un processus de transformation profonde qui influe progressivement sur les modes de conception, de fabrication et de distribution des produits et services. Mais les entreprises ont besoin de temps pour changer fondamentalement leur modèle économique et atteindre des émissions de CO2 nulles. La compensation carbone est un complément, et non un substitut à la réduction.  Les entreprises qui investissent dans les fonds Livelihoods Carbon sont activement engagées dans la réduction du CO2 avec des objectifs clairs. Elles investissent des fonds propres dans un fonds de 24 ans, en prenant certains risques pour préfinancer des projets à grande échelle. En retour, le fonds Livelihoods leur fournit des crédits carbone pour compenser les émissions de CO2 qu’elles ne sont pas encore en mesure de réduire. Mais surtout, les investissements du Livelihoods Fund contribuent très concrètement à améliorer les terres et la vie des communautés rurales. Depuis sa création il y a 10 ans, plus de 1,5 million de personnes ont bénéficié des projets Livelihoods et plus de 130 millions d’arbres ont été plantés.  Au lieu de perdre du temps dans des polémiques sans fin, il serait plus utile d’encourager et de multiplier les solutions pour atténuer le changement climatique. »

Qu’est-ce qui différencie les fonds Livelihoods des autres acteurs de la finance carbone ?

B. Giraud: « Notre rôle est d’accompagner les partenaires commerciaux et les institutions publiques qui ont une stratégie à long terme de réduction des émissions de CO2. Contrairement aux négociants en carbone qui gagnent de l’argent à court terme en achetant et en vendant des crédits carbone, notre rôle est d’investir à long terme dans les communautés et de les aider à évoluer vers des moyens de subsistance plus durables. Chaque année, les fonds Livelihoods mesurent et certifient le carbone séquestré, mais ils délivrent des crédits carbone chargés d’une valeur sociale et écologique évidente à leurs investisseurs. Le carbone est un moyen, pas une fin. Dans un marché du carbone en plein essor, avec l’arrivée de nombreux acteurs et la croissance rapide des investissements financiers, il existe un besoin évident d’un ensemble de normes qui garantissent et différencient la haute qualité de ces crédits carbone. »

Est-ce que Livelihoods met directement en œuvre des projets sur le terrain ? Quelle est votre relation avec les organisations locales ?

B. Giraud: « Nous travaillons avec des organisations qui mettent en œuvre les projets sur le terrain. Ce sont des partenaires à long terme avec lesquels nous entretenons une relation solide. Notre approche consiste à sélectionner avec soin les ONG, coopératives ou entreprises partenaires avec lesquelles nous partageons des valeurs et des objectifs similaires. Les critères clés pour nous sont leur lien avec les communautés locales, la confiance qu’ils ont développée, leur capacité à favoriser le changement avec elles. Très souvent, il s’agit de petites organisations locales, mais qui ont le potentiel et la volonté d’étendre un modèle qui fonctionne sur le terrain. Notre approche consiste à co-concevoir le projet avec nos partenaires. L’équipe de Livelihoods Venture est composée de 30 agronomes, forestiers, experts en finance carbone, etc. qui partagent une passion commune pour le changement positif et ont une solide expérience du terrain. Il nous faut plusieurs mois, parfois plus d’un an, pour structurer un bon projet avant de décider d’investir. Une fois le projet lancé, nous restons aux côtés de nos partenaires, les surveillant et les soutenant lorsque des difficultés surviennent. Nous ne nous voyons pas seulement comme un investisseur qui fournit un financement ou un achat de carbone. Mais plutôt comme des partenaires de projet embarqués dans une mission commune. »

Dans « Ces mains qui réparent la terre », un livre que vous avez publié il y a quelques mois, vous racontez de nombreuses histoires sur des projets de subsistance en Afrique, en Asie ou en Amérique latine. De quoi êtes-vous le plus fier et quel regard portez-vous sur l’avenir ?  

B.Giraud: « L’action de Livelihoods est une goutte d’eau dans l’océan. Il faudrait 1 000, 10 000 Fonds Livelihoods et bien davantage. Mais elle témoigne qu’il est encore possible d’inverser le cours des choses. Lorsqu’un cyclone a frappé très durement les côtes du Bengale en Inde il y a quelques mois, les milliers d’hectares de mangroves que les communautés côtières ont restauré avec notre appui ont arrêté les énormes vagues. Les digues de terre ont tenu. L’eau salée n’a pas envahi les rizières comme autrefois. Je ressens une joie profonde lorsque je suis assis au milieu des pêcheurs qui me parlent de leurs prises de poissons qui se reproduisent dans ces mangroves. Ou parmi des petits fermiers africains qui ont réussi à  stopper l’érosion qui emporte la fertilité des collines qu’ils cultivent. C’est à la fois peu et beaucoup. C’est en tout cas un message d’espoir.”

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Podcast : « 4 entreprises partagent leurs dix ans d’expérience avec Livelihoods » https://livelihoods.eu/fr/interview-croisee-retour-sur-10-ans-dune-aventure-collective/ Thu, 05 Nov 2020 10:23:04 +0000 https://livelihoods.eu/?p=13484 Quoi de commun entre des villages isolés d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et de grandes entreprises internationales ? Entre le monde des ONG animées par un idéal et celui du business ? 

Les Fonds Livelihoods, créés il y a 10 ans font ce lien, entre des multinationales engagées contre le réchauffement climatique et des communautés rurales qui agissent sur le terrain, au quotidien, pour réparer des écosystèmes naturels, réinventer une agriculture respectueuse du vivant et subvenir à leurs besoins vitaux. Bernard Giraud, Président et Co-fondateur de Livelihoods raconte cette aventure collective entre ces grandes entreprises et ces communautés rurales dans un livre au titre évocateur, “Ces mains qui réparent la terre”, édité par Les ateliers Henry Dougier.

“Ces mains qui réparent la terre”, c’est aussi un podcast. Pour questionner ces grandes entreprises, sur leur double engagement durable et éco-responsable. Comment combiner business et transformation des modèles agricoles ? Quel rôle peuvent jouer les entreprises pour améliorer la vie des populations pauvres ? Comment mutualiser leurs forces pour transformer leur chaîne de valeur ?

Lionel Habasque, Directeur Général Délégué de Voyageurs du Monde, Pierre-Alexandre Bapst, Directeur Développement Durable chez Hermès, Bérangère Magarinos-Ruchat, Directrice Développement Durable chez Firmenich, Gilles Vermot-Desroches, Directeur du Développement Durable chez Schneider Electric et Bernard Giraud reviennent sur une aventure collective, riche de 10 ans d’expérience.

Un podcast produit et animé par la journaliste Edwige Coupez.

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Interview Manoj Kumar, Inde : « NOUS DEVRIONS PARLER DE GESTION DURABLE DES TERRES, PLUTÔT QUE DE CRÉDITS CARBONE » https://livelihoods.eu/fr/interview-manoj-kumar-naandi-foundation-araku-inde-2/ Wed, 11 Mar 2020 13:51:02 +0000 http://web2020.livelihoods.eu/?p=11613

Située dans l’Est de l’Inde, la vallée de l’Araku est entièrement habitée par des tribus indigènes. La région est tellement isolée que seule une route principale permet d’y accéder. Il y a vingt ans, les Adivasis, communautés marginalisées d’Araku, souffraient d’un taux d’alphabétisation extrêmement bas et d’un taux de mortalité maternelle extrêmement élevé. La région avait été déboisée pendant les colonies britanniques, entraînant érosion des sols, dégradation des terres et à la pauvreté pour les agriculteurs de la vallée. La forêt, écosystème essentiel pour assurer la survie des communautés Adivasi, avait disparu.

En 2010, le Fonds Carbone Livelihoods a soutenu la Naandi Foundation pour aider les habitants de la vallée à régénérer leur forêt grâce à des pratiques agricoles durables. Les agriculteurs ont appris à faire leur propre compost, à augmenter la fertilité des sols et même à produire leur propre « café d’Araku« , un café de haute qualité et 100% biologique qui est maintenant commercialisé à l’international. En combinant séquestration du carbone (1 million de tonnes de CO2 sera stocké sur 20 ans) et agriculture durable, le modèle Livelihoods a déjà permis de planter 6 millions d’arbres, parmi lesquels 3 millions de plants de café.

En 2018, Livelihoods a renouvelé son soutien et a lancé avec la Naandi Foundation un projet encore plus ambitieux qui combine la préservation des paysages, la restauration des sols et l’agriculture durable. Le projet Livelihoods-Araku 2 permet de convertir 18 000 hectares et de former 40 000 agriculteurs à des pratiques durables. Du sommet des collines, jusqu’aux bassins et aux rizières de la vallée, le projet a pour objectif de restaurer l’ensemble du paysage, d’améliorer la sécurité alimentaire et préserver la biodiversité locale pour assurer le développement économique de toute la vallée. Ce deuxième projet Livelihoods-Araku permettra de séquestrer 2,3 millions de tonnes de CO2 supplémentaires sur 20 ans.

Visionnaire, très impliqué pour transformer la vie des familles tribales et les relier au monde moderne, Manoj Kumar est le PDG de la Naandi Foundation. Il explique comment le projet Livelihoods-Araku a transformé la vie de ces populations indigènes déconnectées du monde, et pourquoi il est urgent de parler de gestion durable des terres, plutôt que de compensation carbone uniquement.

Manoj Kumar, PDG de la Naandi Foundation

Livelihoods : Que vous inspire cette critique sur les programmes de compensation carbone ?

 « La tragédie de l’humanité est d’attendre qu’une catastrophe se produise avant de mettre en place des solutions concrètes pour enrayer le réchauffement climatique. Nous devons prendre conscience de toute urgence que les catastrophes environnementales peuvent frapper n’importe où et à n’importe quel moment. Dans un monde interconnecté, nous devrions saisir cette opportunité qu’ont les entreprises et les pays en développement de joindre leurs forces. Ils peuvent montrer que l’idée même de compensation carbone peut se traduire en des projets à grande échelle avec des impacts environnementaux, sociaux et économiques tangibles.

C’est exactement ce pourquoi nous œuvrons avec le Fonds Livelihoods dans la vallée d’Araku et depuis 2010, lorsque nous avons lancé ensemble le premier projet carbone. Le modèle Livelihoods combine deux idées extraordinaires : au lieu d’acheter du carbone sur le marché, il s’agit là d’un mécanisme de séquestration carbone, ce qui signifie que nous investissons dans des régions du monde dégradées, où les populations locales sont prêtes à s’investir pour les restaurer.

Deuxièmement, le modèle contribue à éradiquer la pauvreté grâce à sa forte composante de développement économique. C’est probablement la manière la plus intelligente d’aborder plusieurs Objectifs de Développement Durable.                

Livelihoods : Qu’avez-vous mis en place dans la vallée d’Araku depuis le lancement du premier projet en 2010 ?

« La vallée d’Araku était auparavant une écorégion qui a été fortement déboisée. Avec l’équipe Livelihoods, nous avons aidé à planter 19 variétés d’arbres, dont 1 000 hectares de caféiers, qui non seulement séquestrent du carbone mais génèrent aussi des revenus. Dans la deuxième phase du projet, lancée en 2018, nous allons plus loin, pour transformer l’ensemble du paysage de la vallée grâce à une agriculture régénératrice et aborder simultanément plusieurs enjeux liés au changement climatique.

Au lieu de nous contenter d’examiner les cultures produites par chaque ménage, nous sommes désormais dans une approche globale. Par exemple, nous mettons en place des solutions pour construire une forêt régénératrice, à proximité des logements des communautés, afin de les aider à couper du bois de chauffage de manière durable pour chauffer leurs maisons. Nous prenons en compte la gestion des terres, du bétail et des ressources naturelles. Cette approche holistique prend tout son sens auprès des populations locales. Au lieu d’être perçues comme les créateurs du changement climatique, ces tribus deviennent maintenant des modèles. Et cela a été possible grâce au soutien d’entreprises privées qui ont décidé d’agir au-delà de leurs frontières et de s’inscrire dans une profonde transition pour améliorer la vie de ces communautés ».

Livelihoods : Quels sont les objectifs de développement durable visés par ce modèle ?

« Le modèle du projet Araku repose sur une approche extrêmement holistique et je ne parle pas uniquement d’un point de vue carbone ou réduction de la pauvreté. Nous abordons également les enjeux d’égalité homme – femme, de sécurité alimentaire, sécurité nutritionnelle, pour n’en citer que quelques-uns. Dans l’impasse actuelle des négociations politiques internationales, voici un plan d’action fondamental et de grande envergure, qui devrait servir d’inspiration aux dirigeants mondiaux ! D’autant plus que les Fonds Carbone Livelihoods sont soutenus par des entreprises privées, qui sont autrement accusées d’exploiter les ressources de la planète. Nous mettons ici en place un modèle où ces entreprises ouvrent la voie vers un modèle résilient, alternatif et plus moderne en faveur de la diversité climatique.

C’est aussi une occasion unique d’avancer concrètement pour la préservation de la biodiversité, la qualité nutritionnelle et l’équilibre alimentaire. Car ce modèle permet de passer d’une monoculture et des modèles agricoles industrialisés à une agriculture régénérative et biologique, fondée sur des connaissances terrain. Nous sommes désormais en mesure d’aider ces communautés à commercialiser leurs produits sur le marché mondial. Il s’agit donc d’un ensemble de bénéfices, rendus possibles grâce au modèle Livelihoods. Y faire référence par le seule terme de « crédits carbone » est une façon très limitée d’exprimer notre mission à Araku ».

Araku valley
Araku India

Livelihoods : Si nous ne parlons pas de compensation carbone, quelle est la portée réelle du projet ?

« Nous devons nous arrêter un instant sur le concept même du carbone. Je pense qu’il est important de comprendre, collectivement, que le carbone au-dessus du sol, est soutenu par la vie en-dessous du sol. Lorsque la fertilité du sol est menacée, la vie humaine est en danger. La façon dont nous avons pratiqué l’agriculture avec un usage excessif de produits chimiques et d’engrais, appauvrissait le sol de son carbone, ce qui conduisait à des sols morts et à la désertification.

Ce que j’apprécie le plus dans le modèle Livelihoods c’est son approche positive de la séquestration carbone. Pour être honnête, je pense parfois que nous devrions arrêter d’utiliser le terme « carbone », car ce que nous mettons en œuvre dans la vallée c’est une gestion agricole durable des terres (en anglais SALM[1]). Nous devrions ajouter un « P » à cette démarche, pour Planète. Parce que nous œuvrons pour une transformation écologique du paysage qui repose sur une connaissance traditionnelle du compostage, de la culture en rotation et des cultures intercalaires qui améliorent la fertilité des sols.

Dans l’ensemble, le projet permet d’assurer le bien-être de la planète et des communautés grâce à la composante commune du carbone. En quoi ce serait une mauvaise chose ?

Livelihoods : quels sont les défis qui attendent la Naandi Foundation et les tribus Adivasi pour assurer la transition de la vallée sur le long terme ?

« Il est important de comprendre que le projet que nous mettons en œuvre avec Livelihoods est très complexe. Réussir notre mission implique de nombreux efforts de la part des communautés. Leur expliquer qu’elles doivent travailler dur, sur leurs propres terres et séquestrer du carbone pour le reste de la planète implique beaucoup d’efforts, d’imagination et de pédagogie de notre part. Il est presque insultant de leur dire qu’il y a un scepticisme croissant sur le concept même de la compensation carbone. Et la raison en est simple : ils fournissent des efforts non seulement pour améliorer leurs conditions de vie, mais aussi pour rendre la planète plus verte pour nos enfants. Le défi qui nous attend est de continuer à les mobiliser. Il ne s’agit pas d’une entreprise ou d’un commerce. Il s’agit de continuer à mobiliser la collectivité. Au sein de Naandi, nous devons faire preuve de beaucoup d’imagination pour maintenir un lien harmonieux entre ces populations locales et la nature.

Avec le soutien de Livelihoods, nous devons continuer à envoyer des délégations dans la vallée d’Araku, qu’il s’agisse d’entreprises, de médias, d’investisseurs déjà impliqués dans le fonds mais aussi de nouveaux investisseurs, pour leur montrer notre démarche concrète vers la résilience ».

[1] En anglais, les Sustainable Agriculture and Land Management (SALM) practices désignent des pratiques agricoles et une gestion des terres durables. Cliquez ici pour en savoir plus.

Comment les agriculteurs marginalisés de la vallée d’Araku sont-ils sortis de la pauvreté ?

Découvrez la conférence TED de Manoj Kumar, du 14 février 2020 :

 

Photos : Hellio Vaningen / Naandi Foundation / Livelihoods Funds.

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Dans l’ouest du Kenya, les pentes du Mont Elgon abritent plus de 2 millions d’habitants ainsi que l’un des principaux bassins versants du lac Victoria. Mais la région du Mont Elgon est également un écosystème menacé en raison d’une forte croissance démographique ainsi que de pratiques agricoles non durables, de méthodes de pâturage incontrôlées, de l’érosion du sol, qui constituent autant de facteurs de dégradation des terres. La majorité des petits exploitants de la région du Mont Elgon pratiquent une agriculture diversifiée : cultures diverses, élevage du bétail, notamment de vaches laitières pour la production de lait. Ils sont tous confrontés à des enjeux de taille : faibles rendements, production laitière non durable ou encore faibles connexions au marché.

En 2016, le Fonds Carbone Livelihoods a lancé un projet ambitieux pour lutter simultanément contre la pauvreté rurale, la dégradation des terres et la productivité laitière dans la région du Mont Elgon. Le financement initial du Fonds Livelihoods soutient Vi Agroforestry, une ONG présente au Kenya, pour améliorer la vie de 30 000 petits exploitants agricoles via l’adoption de l’agroforesterie et une gestion durable des terres, qui permettent d’améliorer les revenus et les moyens d’existence des agriculteurs.

Directrice Régionale Adjointe de l’ONG Vi Agroforestry, Wangu Mutua a une grande expérience dans la conduite de projets d’agroforesterie ainsi qu’une fine compréhension des défis liés à la pauvreté, auxquels sont confrontés les agriculteurs en zone rurale au quotidien. Comment le modèle d’investissement du Fonds Carbone Livelihoods contribue-t-il à améliorer leur vie et leurs revenus ? Quelles sont les objectifs atteints mais aussi les défis liés à la mise en œuvre d’un projet carbone à grande échelle, qui adresse à la fois des enjeux de réchauffement climatique et de pauvreté rurale ? La parole est à Wangu Mutua.

Wangu Mututa, Vi Agroforestry, Livelihoods Funds

Livelihoods : En quoi consiste le projet Livelihoods sur le Mont Elgon ?

Wangu Mutua : « Le projet vise à soutenir les personnes qui tentent d’améliorer des conditions de vie difficiles. Les agriculteurs de la région du Mont Elgon essaient de payer leurs frais médicaux, inscrire leurs enfants à l’école, se procurer un logement décent. L’agriculture et la production laitière sont leur principale source de revenus et leur seule solution pour sortir de la pauvreté.

Lorsque nous avons rencontré l’équipe Livelihoods il y a quelques années, nous terminions la phase pilote d’un projet carbone agricole, focalisé sur le carbone du sol et la production alimentaire. Mais le modèle innovant du Fonds Carbone Livelihoods nous a offert l’opportunité d’explorer les impacts économiques générés au profit des petits exploitants agricoles autour du Mont Elgon. Ensemble, nous développons des activités économiques qui contribuent à augmenter la production de lait, soutenir les coopératives laitières qui pourraient relier les petits exploitants au marché et à construire des chaînes d’approvisionnement durables ».

Livelihoods : Comment peut-on relier crédits carbone avec de meilleurs revenus pour ces fermiers ?

« Le modèle Livelihoods permet de coupler séquestration carbone avec amélioration de la production alimentaire et de la productivité agricole. D’une part, les agriculteurs bénéficient une formation sur les pratiques de gestion durable des terres, y compris la gestion des nutriments, l’agroforesterie, la gestion du bétail et la rotation des cultures. Toutes ces pratiques se sont révélées efficaces pour améliorer la productivité de l’exploitation des terres. D’autre part, l’adoption de ces pratiques agricoles durables permet de séquestrer le carbone tout en améliorant la fertilité des sols, via la plantation d’arbres et une meilleure production laitière. La quantité de carbone séquestré est restituée aux investisseurs du fonds sous forme de crédits carbone, ce qui leur permet de réduire leur empreinte.

Nous sommes dans une situation gagnant-gagnant où l’impact généré par le projet va au-delà de simplement séquestrer du carbone. Ce modèle nous aide à accéder à des ressources qui auraient été hors de portée pour nous et pour notre lutte contre la pauvreté. Nous sommes désormais en mesure de fournir aux agriculteurs des ressources qui améliorent concrètement leur vie quotidienne et qui sont à la mesure de leurs moyens : l’objectif global du projet est d’améliorer la vie de 30 000 familles et de convertir 35 000 hectares à des usages agricoles durables ».

Livelihoods : Qu’est-ce qui a changé dans leur vie au quotidien ?

Wangu Mutua : « La plupart des agriculteurs en zone rurale dans l’ouest du Kenya n’ont pas d’autre source de revenus que la production de leur ferme. Ils investissent beaucoup de temps et de sueur pour rendre leurs fermes productives, mais la plupart du temps, la quantité des efforts qu’ils consacrent n’équivaut pas à un résultat satisfaisant.

Ce que nous réussissons avec le soutien de Livelihoods c’est de faire en sorte que les efforts qu’ils déploient dans leur exploitation, pour la production de lait, de maïs ou pour adopter de nouvelles pratiques agricoles, les aident à augmenter leurs revenus et améliorer leurs moyens de vivre. Notre objectif est de les aider à ce que leur production leur permette de réaliser leurs rêves et aspirations pour une vie meilleure, pour eux-mêmes et leur famille. Les Household Roadmaps (Plan d’Action du foyer) les solutions d’épargne et de crédit mises à leur disposition au niveau du village font partie des activités que nous mettons en place soutenir cette démarche.

Aujourd’hui, les agriculteurs qui sont très impliqués dans le projet ont amélioré la productivité de leur ferme. Ils peuvent désormais scolariser leurs enfants, payer les soins médicaux, améliorer la santé de leurs vaches et ainsi augmenter leur production laitière. Sur le plan émotionnel, toutes ces réalisations sont essentielles car elles leur donnent un but pour poursuivre leurs efforts et réussir dans leur activité au quotidien ».

Livelihoods : Quelles sont les solutions mises en place pour améliorer la connexion au marché ?

Wangu Mutua : “Lorsqu’ils vendent leur production laitière individuellement, ils ne peuvent pas obtenir de prix compétitifs. Car les acheteurs favorisent les grands volumes qui réduisent leurs frais de transport. Les acheteurs en gros paient le prix du lait en fonction du volume. Nous avons soutenu la création de 15 coopératives jusqu’à présent, pour aider les agriculteurs à se regrouper, à vendre le lait collectivement, à augmenter leurs volumes et donc à obtenir de meilleurs prix.

Le modèle Livelihoods nous a permis de nous associer à Brookside Dairy, qui est le premier acteur du secteur laitier en Afrique de l’Est. Ensemble, nous construisons une chaîne d’approvisionnement durable au profit des agriculteurs. Brookside Dairy s’est engagé à acheter du lait de Mount Elgon pendant toute la durée du projet, soit 10 ans.

Ces coopératives impliquent également de plus en plus de jeunes agriculteurs, car ils se rendent compte qu’ils peuvent pratiquer l’agriculture et obtenir des revenus. Collecter, transporter le lait, l’acheminer jusqu’à la coopérative et le vendre à un prix intéressant est une activité intéressante pour eux ».

Livelihoods : Comment le projet contribue-t-il à préserver les ressources naturelles en eau autour du Mont Elgon ?

Wangu Mutua : « L’écosystème du Mont Elgon est l’une des principales ressources en eau au Kenya. De nombreuses rivières partent du Mont Elgon lui-même, se déversant sur les lacs et fournissant de l’eau à de nombreuses communautés. L’exploitation des terres autour du Mont Elgon est un élément central, car l’érosion et la dégradation des sols peuvent conduire à ce que de grandes quantités de nutriments sont déversés dans l’eau au lieu d’être retenues dans le sol, ce qui pourrait augmenter sa fertilité. Les pratiques agricoles durables aident à retenir tous les éléments nutritifs dans le sol au lieu de se retrouver dans l’eau. Cela permet de limiter les épisodes d’inondation, préserver les ressources en eau et protéger les habitants des villages en aval.

Nous avons également connu des cas où les nutriments du sol se sont retrouvés dans les lacs, par exemple le lac Victoria, où ils alimentent la fameuse jacinthe d’eau, ce qui crée des problèmes plus complexes encore. La formation dont bénéficient les agriculteurs comprend un volet sur la gestion du sol pour éviter ce déversement dans les lacs et rivières ».

Livelihoods : Quels sont les prochains défis pour le projet et Vi Agroforestry dans les années à venir ?

Wangu Mutua : « Sur le terrain, nous mettons en œuvre un projet, qui est aussi complexe qu’ambitieux, car de grande échelle. Le modèle Livelihoods aborde des questions clés à différents niveaux : au niveau des exploitations agricoles, nous traitons de l’interaction et de la gestion des sols, de la production laitière, de la production de différentes cultures ; tandis que dans les coopératives, nous traitons de la gouvernance, de la commercialisation et du prix du lait. Au niveau du carbone, nous avons mis en place une méthodologie de calcul et de vérification très rigoureuse.

En tant qu’ONG, la conception et la mise en œuvre du projet avec Livelihoods ont été synonymes d’une transition pour nous. Nous mettons à disposition beaucoup plus de compétences et de ressources, pour aider les agriculteurs à s’approprier et à mettre en œuvre le projet au quotidien. Lorsque les agriculteurs prendront la direction des opérations, nous pourrons garantir la pérennité des différentes activités du  projet sur le long terme. Mais cela prend du temps, car il faut transformer les mentalités, accompagner les compétences tout en traitant des sujets complexes tels que la gestion des sols, la préservation de l’eau et la transition vers une agriculture durable.

Il s’agit d’un projet très holistique qui aide chaque partie prenante à passer au niveau supérieur. Ce qui est satisfaisant, c’est d’observer tous ceux qui veulent s’impliquer, sortir de leur zone de confort et relever les défis ensemble. Tous les acteurs unissent leurs forces et s’entraident pour trouver les solutions efficaces pour générer de l’impact à échelle : il s’agit d’un défi encourageant. »

 

Photos : Gérard Tordjman / Livelihoods Funds.

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Interview avec Bambang Suprayogi, Indonésie: « LIVELIHOODS REPOSE SUR UN MODELE RESILIENT QUI PEUT PASSER A ECHELLE MONDIALE » https://livelihoods.eu/fr/interview-bambang-suprayogi-yagasu/ Thu, 13 Feb 2020 09:45:59 +0000 http://web2020.livelihoods.eu/?p=11532

Saviez-vous que les forêts de mangroves, formant une barrière naturelle de plusieurs mètres de large, pouvaient réduire considérablement le flux d’un tsunami ?  En 2004, le tsunami qui a frappé les zones côtières des provinces d’Aceh et du nord de Sumatra sur l’île de Sumatra, en Indonésie, a fait 220 000 victimes. Les forêts de mangrove de la région avaient été fortement déboisées, principalement en raison de pratiques agricoles intensives qui ont converti les forêts en terres cultivables. En 2011, le financement initial du Fonds Carbone Livelihoods a permis à l’ONG indonésienne Yagasu de restaurer 5 000 hectares de mangroves pour protéger le littoral. En 2018, Livelihoods a renouvelé son soutien pour financer la restauration de 5 500 hectares supplémentaires, et développer des activités économiques  pour les communautés locales.

Scientifique de formation, visionnaire et engagé, Bambang Suprayogi est le fondateur et Directeur Général de l’ONG locale Yagasu, depuis son lancement en 2001. Il a une vision forte pour coupler préservation des forêts de mangroves et création de sources de revenu pour les communautés locales. Comment le modèle du Fonds Carbone Livelihoods a-t-il permis d’associer restauration des mangroves et amélioration des conditions de vie des villages côtiers ? Pourquoi le moment est-il venu de déployer un modèle de résilience qui a prouvé son efficacité, à échelle mondiale ? Bambang Suprayogi témoigne.

Livelihoods :  Qu’avez-vous accompli dans le cadre du projet Livelihoods-Yagasu sur les zones côtières d’Aceh et de du nord de Sumatra ?

Bambang Suprayogi : « Avec le soutien de Livelihoods, nous avons réussi à restaurer tout un écosystème de mangroves qui avait été entièrement détruit par le passé. Les effets dévastateurs du tsunami de 2004 nous ont montré que les forêts de mangroves jouaient un rôle clé pour la protection du littoral  et de ses habitants. Entre 2011 et 2014, nous avons planté 18 millions de mangroves sur 5 000 hectares pour reconstruire une barrière naturelle de forêts qui sont essentielles pour assurer la survie dans ces régions fragiles. En 2018, un nouveau projet carbone financé par les investisseurs de Livelihoods nous aide à restaurer 5 500 hectares supplémentaires et séquestrer 2,5 millions de tonnes de carbone sur 20 ans ! Ces deux projets s’étaleront sur une superficie totale de 1 824 kilomètres, qui est un enjeu vital pour les populations locales ».

Livelihoods : Que répondriez-vous si on vous disait que la compensation carbone ne génère pas de bénéfices pour les populations locales ?

Bambang Suprayogi : « Je répondrais que c’est complètement faux. Le modèle économique du Fonds Carbone Livelihoods nous a permis de restaurer une large étendue de forêts et d’améliorer la vie des communautés locales. Il s’agit d’un modèle de séquestration puissant qui va au-delà de la compensation carbone et des crédits générés. Dans le cadre du projet nous nous engageons à générer des impacts sociaux et économiques de taille pour ces populations. Par exemple, dans le second projet, lancé en 2018, nous nous engageons à développer des activités économiques, liées à l’écosystème de mangrove, qui bénéficient directement aux populations. En réalité nous envisageons les forêts de mangrove comme un ensemble, où la faune, la flore et les habitants  joignent leurs forces pour créer un écosystème pleinement fonctionnel pour le bénéfice de tous ».

Livelihoods : Quelles sont les activités économiques générées grâce aux forêts de mangroves pour les populations locales ?

Bambang Suprayogi : « Au-delà de la plantation de mangroves le long du littoral, nous plantons désormais aussi des mangroves à l’intérieur et autour des étangs piscicoles. Nous aidons à restaurer des fermes piscicoles précédemment dégradées, car les mangroves constituent un écosystème extrêmement riche qui offre un habitat naturel et fertile pour la production de poissons, de crevettes et de crabes. Il s’agit d’une approche de sylviculture : développer des fermes piscicoles fertiles dans les forêts de mangroves. Au total, nous avons développé 14 communautés d’étangs à poissons dans la zone du projet. Grâce à cela, les pêcheurs ont considérablement augmenté leurs revenus.

Mais au-delà des activités piscicoles, il existe en réalité de nombreux produits qui peuvent être extraits des arbres de mangroves et vendus sur le marché. Une des activités clés que nous mettons en œuvre avec nos équipes terrain est la production de batik. Le batik est le textile traditionnel provenant des fibres et des teintures des plantes de la mangrove ! Une variété de couleurs peut être extraite des feuilles, des branches et des racines de l’arbre, comme le jaune, le rouge, le brun, qui sont 100% naturelles. Sur la zone du projet, nous avons constitué une communauté de 310 femmes qui travaillent sur chaque étape de production du batik : depuis le dessin du motif, la coloration, l’emballage et jusqu’à la commercialisation du tissu. Le batik est actuellement vendu à l’aéroport de Jakarta, mais nous poursuivons nos efforts pour faire grandir cette communauté et exporter le tissu à l’international.

Certains aliments sont également extraits des arbres de mangroves ! Des feuilles de l’arbre nous pouvons extraire des nutriments pour fabriquer de la farine, des chips, du sirop et différentes variétés de biscuits que nous développons avec ces communautés de femmes. Nous avons d’ailleurs créé des coopératives pour leur permettre  d’augmenter la vente de ces produits sur le marché. »

Livelihoods : Yagasu mène de nombreux travaux de recherche scientifique, pour évaluer le potentiel de séquestration carbone des mangroves. Quels sont les grands enseignements de vos recherches ?

En tant qu’ONG, nous sommes présents dans les régions d’Aceh et de Medan depuis 2001 avec pour mission initiale la protection des éléphants. Mais lorsque le tsunami de 2004 a frappé la région, nous avons décidé de nous consacrer à la restauration des forêts de mangroves. Depuis, nous avons en effet mené de nombreuses recherches scientifiques pour calculer le potentiel de séquestration carbone de ces forêts.

Dans nos recherches initiales, nous avons calculé le diamètre des arbres pour mesurer la quantité de carbone qu’ils séquestraient au fur et à mesure de leur croissance. Mais aujourd’hui, nous prenons également en compte la hauteur des arbres dans nos calculs. Nous avons ouvert une unité de recherche sur le carbone et la biodiversité (CBRU) dans la zone du projet Livelihoods qui nous permet de suivre régulièrement a croissance des arbres et de la quantité de carbone qu’ils peuvent séquestrer. Nous avons constaté qu’au-delà des arbres, les forêts de mangroves peuvent également stocker du carbone dans le sol. Et plus le sol est fertile, plus les quantités de carbone stocké sont élevées. »

Livelihoods : quelle est d’après vous la prochaine étape du projet pour les années à venir ?

Bambang Suprayogi: “Le projet carbone que nous avons mis en œuvre à Sumatra avec le soutien de Livelihoods a porté ses fruits. Non seulement d’un point de vue carbone mais aussi en termes de bénéfices pour les populations locales et la préservation de la biodiversité. Je pense qu’il est maintenant temps de porter ce modèle à une échelle plus grande, au niveau mondial, tout en l’adaptant aux spécificités locales. Par ailleurs, plutôt que de parler de séquestration carbone, nous devrions parler d’un modèle qui permet de s’adapter et d’atténuer les effets du réchauffement climatique. Car l’horloge climatique nous montre que nous n’avons plus le temps de multiplier les idées, de tester et d’innover sans cesse. Il est désormais grand temps de se concentrer sur des modèles qui ont fait leurs preuves et qui génèrent un impact réel localement, et ce, à trois niveaux : social économique et environnemental. De nombreux acteurs parlent du prix du carbone par exemple, alors que nous devrions parler de résilience.

L’approche Livelihoods est en ce sens très intéressante, car il s’agit d’une coalition d’acteurs qui unissent leurs forces pour créer des environnements, des entreprises et des communautés hautement résilientes. Cette coalition peut désormais aller plus loin et répliquer ce modèle à grande échelle, en montrant aux gouvernements et aux organisations internationales la voie pour accélérer l’action climat ».

(1) D’après une étude publiée en 2014 par Wetlands International & The Nature Conservancy 

Photos : Hellio Vaningen / Livelihoods Funds.

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Interview avec Ajanta Dey, Inde : « LIVELIHOODS A PERMIS DE MENER NOTRE MISSION A ECHELLE » https://livelihoods.eu/fr/interview-ajanta-dey-news-inde/ Wed, 29 Jan 2020 10:28:44 +0000 http://web2020.livelihoods.eu/?p=11474

Situées dans l’État du Bengale occidental (Inde orientale), dans le delta du Gange, les Sundarbans sont un archipel d’îles qui forment le plus grand écosystème de mangroves estuariennes au monde. La forêt des Sundarbans, qui abrite près de 4,5 millions de personnes, est menacée par le changement climatique et l’élévation accélérée du niveau de la mer. En 2011, Livelihoods Venture et la Fondation indienne Nature Environment & Wildlife Society (NEWS), une ONG locale, ont uni leurs forces pour restaurer plus de 16 millions de mangroves afin de renforcer les digues, restaurer la biodiversité et créer des opportunités économiques pour les communautés locales. Le projet permet de séquestrer un total de 700 000 tonnes de CO2 sur une période de 20 ans.

Ajanta Dey, Secrétaire Associée et Directrice Programme de NEWS, explique comment le projet Livelihoods-NEWS a contribué à restaurer un écosystème de mangroves fragile avec de grands impacts sociaux et économiques, ainsi qu’à mener à échelle la mission centrale de l’ONG pour la conservation de la nature.

 

Ajanta Dey, Secrétaire Associée et Directrice Programme de l’ONG locale NEWS

Livelihoods Venture : Comment a démarré le projet Livelihoods-NEWS dans les Sundarbans ?

« En 2010, chez NEWS nous étions une équipe de 10 personnes inventant des modèles sur la façon de restaurer les écosystèmes naturels et les soumettait au gouvernement. Notre priorité était de restaurer l’écosystème de mangrove dans les Sundarbans, qui est essentiel pour les moyens de subsistance des communautés, surtout après le cyclone tropical qui a frappé la région en 2009. Nous avions le modèle, mais les ressources financières du gouvernement ne suffisaient pas pour mener à bien notre mission. Le Fonds carbone Livelihoods a été une énorme opportunité pour nous de déployer un modèle reproductible, avec un fort impact pour les communautés. Dès le début, l’objectif commun de Livelihoods et NEWS était de trouver des solutions efficaces. Et la compensation carbone était un moyen puissant pour y parvenir ».

Livelihoods Venture : quels sont les bénéfices apportés par le projet Livelihoods aux communautés des Sundarbans ?

« Préservation de la biodiversité et amélioration de la vie des communautés :

Pour commencer, ce qui est essentiel dans les projets des Fonds Carbone Livelihoods c’est qu’au-delà de l’impact carbone, ils génèrent un fort impact pour la préservation de la biodiversité et les moyens de subsistance des communautés locales. Le défi que nous avions était de taille : nous devions reconstruire un écosystème de mangroves à part entière, qui constitue une barrière naturelle contre les inondations, mais qui est également riche en biodiversité. Les Sundarbans constituent un écosystème unique mais aussi un habitat riche pour la faune sauvage qui était menacé et particulièrement appauvri dans la région. Ensemble, nous avons réussi à restaurer 5 200 hectares de mangroves qui ont contribué à améliorer sensiblement la biodiversité. Les poissons, oiseaux, crevettes et autres crustacés sont de retour. Aujourd’hui, nous comptons 500 collecteurs de crabes au lieu de 50 avant le lancement du projet, sur la même île où une grande colonie d’oiseaux s’est développée.

Le projet repose sur une forte inclusion économique pour les communautés locales :

Deuxièmement, le modèle Carbone Livelihoods repose sur une forte inclusion économique. Il a été entièrement construit avec les communautés locales et adapté à leurs besoins réels. Au début, cela n’a pas été facile : nous avons dû convaincre les communautés marginalisées des Sundarbans de rejoindre le programme. Nous avons passé des mois à discuter avec elles pour leur expliquer les dimensions du projet, sélectionner les zones du projet, sélectionner les espèces de mangroves, préparer les pépinières avant la plantation. Nous avons également passé beaucoup de temps à structurer notre travail pour mettre en place un suivi de la croissance des arbres, les rapports à rédiger et nous assurer que nous disposions du cadre adéquat pour réussir notre mission sur le long terme, car il s’agit d’un projet de 20 ans.

Au cours des quatre premières années, les communautés, en particulier les femmes, ont investi beaucoup de temps préparer les pépinières, transporter et planter les arbres, les arroser pendant les saisons sèches et les protéger pendant leur croissance, avec dévouement.

Aujourd’hui, lorsque les habitants du village visitent les mangroves, ils sont tous vêtus de saris verts, pour montrer qu’ils sont en « surveillance des mangroves », formant une sorte de brigade verte. Ils remplissent leurs rapports, observent la croissance des arbres, vérifient leur viabilité. Ce qui ressort fortement après 10 ans de projet, c’est leur fierté et forte implication. Nous comptons plus de 300 représentants de la mangrove qui sont pleinement intégrés dans le programme et sont devenus les véritables acteurs du programme de restauration. »

NEWS, Sundarbans

Badabon Harvest est une marque et un programme qui utilisent la demande croissante du marché de Kolkata en aliments frais, naturels et cultivés biologiquement, comme moteur de développement d’activités au profit des communautés des Sundarbans.

En savoir plus ici.

« Nous avons créé la marque Badabon Harvest pour développer des activités génératrices de revenus pour les agriculteurs :

En échange de leur temps consacré à surveiller la croissance des mangroves, nous avons décidé de mener un programme pour développer des opportunités économiques pour eux et faciliter les connexions avec le marché de Kolkata où il y avait une forte demande pour des aliments frais, naturels et cultivés biologiquement. En 2018, nous avons créé la marque Badabon Harvest avec un groupe d’agriculteurs marginalisés, essentiellement les gardiens de la mangrove, pour les aider à améliorer leurs revenus par l’élevage, la commercialisation de produits biologiques, l’amélioration des pratiques agricoles, la pisciculture, etc. Ce fut une profonde transformation pour NEWS : nous avions désormais une approche différente, passant d’une conservation de la nature basée sur la recherche à une conservation basée sur l’action sur le terrain, liée au développement des moyens de subsistance tout en facilitant le développement des activités commerciales. Grâce à la marque Badabon Harvest, leur propre entreprise, les agriculteurs vendent maintenant leurs produits sur le marché de Calcutta, et cela a été possible grâce au soutien aux moyens de subsistance qui a réussi à lier la restauration des mangroves à de fortes opportunités économiques pour les communautés locales ».

Livelihoods Venture : quel a été l’impact carbone généré par la restauration des mangroves ?

Il s’agit d’un autre élément clé du modèle du Fonds Carbone Livelihoods : le financement du projet en amont. C’est unique dans la finance à impact : les entreprises investissent à risque. Mais ce financement est rentable pour elles ainsi que pour la planète. Carles mangroves sont parmi les meilleurs agents de séquestration du carbone : elles stockent beaucoup de carbone dans leurs racines et pendant leur croissance. Ce carbone est transformé en crédits carbone qui sont utiles pour les entreprises privées qui visent la neutralité en réduisant leurs émissions dans leur chaîne de valeur et en compensant celles qu’elles n’auront pas réussi à réduire ».

LV : De quelle manière le Livelihoods a aidé NEWS à mener sa mission de conservation de la nature à échelle ?

 « Les ONG comme la nôtre rêvent de passer à échelle. Le projet Livelihoods et nos nombreuses interactions avec l’équipe nous ont transformés à bien des égards : notre vision, notre identité, notre capacité à travailler avec les communautés locales. Cela nous a permis d’ouvrir de nombreux dialogues avec les politiques, les partenaires, les producteurs de poisson. Rien que par l’ampleur du projet, nous avons dû répandre ce modèle de conservation dans les Sundarbans, tant sur le plan scientifique qu’écologique. Nous avons élargi nos activités et aidé notre organisation à passer d’un objectif de conservation pure à des activités génératrices de revenus liées à la conservation pour les communautés locales. Ce fut un long et fructueux voyage. La préservation de la nature ne peut fonctionner si nous n’impliquons pas ces communautés.    

En tant qu’organisation, nous sommes passés de 10 employés, dont 1 comptable et 1 bureau, à 38 employés, 5 comptables et 5 bureaux ! Dans les Sundarbans, tout le monde nous connaît maintenant sous le nom de « Parti vert ».

LV : Quels seront les défis de la compensation carbone pour les années à venir ?

 « Nous devons agir sur l’ensemble de l’écosystème de la mangrove. Nous devons travailler sur toute la chaîne de valeur, main dans la main avec le gouvernement, les petits exploitants, les organisations de la société civile, les instituts, les sociétés d’import et d’export… parce qu’il s’agit vraiment d’une mission multipartite.

Au niveau mondial, les projets de compensation carbone sont nécessaires pour restaurer les écosystèmes naturels clés et réduire les émissions de CO2. Mais ils ne sont pas la seule solution. Aujourd’hui, nous avons besoin d’une action politique plus forte et de normes pour réduire efficacement les émissions de CO2, mais aussi pour stocker le carbone dans les sols et les forêts. C’est particulièrement vrai pour les pays développés, mais aussi pour les économies en développement comme l’Inde. Le Fond Livelihoods repose sur un modèle qui relie deux mondes différents : les pays développés et les pays en développement, le secteur privé et le secteur public, les défis pour les communautés et l’environnement ».

Photos : Hellio Vaningen / Livelihoods Funds.

De l’arbre au chocolat : l’aventure du cacao

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INTERVIEW DE BERNARD GIRAUD SUR LE NOUVEAU FONDS LCF3 : « Le modèle d’investissement Livelihoods a maintenant une maturité suffisante pour changer d’échelle » https://livelihoods.eu/fr/interview-fr-bernard-giraud-lcf3/ Tue, 26 Nov 2019 17:52:23 +0000 http://web2020.livelihoods.eu/?p=11333

Avec 10 ans d’expérience d’investissements carbone dans de grands projets en Afrique, Asie et Amérique Latine, Livelihoods lance un nouveau fonds à impact pour répondre aux besoins des entreprises et des investisseurs financiers. Nous avons interviewé Bernard Giraud, Président Co-fondateur de Livelihoods Venture.

« Nous avons lancé un premier Fonds Carbone en 2011, avec l’ambition d’accompagner les entreprises dans leur démarche neutralité carbone, tout en préservant les écosystèmes naturels et les communautés les plus vulnérables face au réchauffement climatique. Notre modèle d’investissement repose sur l’accompagnement des entreprises engagées pour le climat et qui souhaitent des crédits carbone à forte valeur sociale et environnementale. »

Bernard Giraud, Président Co-Fondateur de Livelihoods Venture.

Pourquoi un nouveau Fonds Carbone Livelihoods ?

Bernard Giraud : « Nous assistons à une forte accélération des besoins des entreprises qui prennent des engagements de neutralité carbone et doivent combiner des objectifs de réduction de leur empreinte carbone et de compensation des émissions qu’elles n’ont pas encore pu réduire. Le secteur financier commence également à s’engager, en recherchant des investissements qui génèrent une rentabilité satisfaisante avec un fort impact environnemental.

Les Fonds Carbone Livelihoods ont développé une solide expérience d’investissements à grande échelle dans ce qu’on peut appeler les « infrastructures vertes ». Nous avons lancé un Premier Fonds Carbone en 2011, avec l’ambition d’accompagner les entreprises dans leur démarche neutralité carbone, tout en préservant les écosystèmes naturels et les communautés les plus vulnérables face au réchauffement climatique. Notre modèle d’investissement repose sur l’accompagnement des entreprises engagées pour le climat et qui souhaitent des crédits carbone à forte valeur sociale et environnementale.

Avec les entreprises partenaires de Livelihoods, nous avons construit un modèle robuste qui a permis à nos deux premiers Fonds Carbone de surperformer. Le nouveau fonds LCF3 qui sera créé en 2020 va permettre d’accélérer et de faire bénéficier entreprises et investisseurs financiers de cette opportunité. »

Qu’est-ce qui différencie Livelihoods d’autres fonds à impact ?

Bernard Giraud : « La solidité de nos projets repose sur l’implication des communautés qui bénéficient des investissements de Livelihoods dans des projets de restauration d’écosystèmes naturels, agroforesterie, agriculture régénératrice et énergie durable. Nous n’investissons que lorsque nous sommes convaincus que le projet sera porté dans la durée par des populations locales intéressées et par des partenaires locaux qui ont démontré leur capacité à réussir de tels projets.

Nous pré-finançons les actions nécessaires pour planter des millions d’arbres, former les agriculteurs, restaurer les sols, produire et commercialiser des solutions durables d’énergie rurale. Tous les bénéfices reviennent aux communautés locales, qu’il s’agisse du poisson produit par les mangroves restaurées en Afrique ou en Asie, du café ou des fruits des vallées d’Araku en Inde. En échange de son investissement, le Fonds Livelihoods reçoit des crédits carbone audités et certifiés aux meilleurs standards internationaux.

Notre spécificité est d’avoir associé étroitement les entreprises qui ont investi dans nos fonds et qui reçoivent les crédits carbone générés par les investissements. Les investisseurs des Fonds Livelihoods peuvent participer à la gouvernance des fonds et connaissent bien les projets. Ils sont donc en situation de suivre très précisément la qualité des investissements et leurs impacts, à la différence d’un achat de crédits sur les marchés carbone. »

Dans ce nouveau fonds carbone, LCF3, que proposez-vous aux investisseurs corporate et financiers ?

Bernard Giraud : « LCF3 peut intéresser deux types d’investisseurs : les entreprises qui ont besoin de crédits carbone pour leur compensation, les investisseurs financiers qui cherchent des investissements à impact.

Une entreprise qui investit en equity (en capital) dans le fonds Livelihoods reçoit annuellement des crédits carbone de haute qualité environnementale et sociale à leur coût de production et proportionnellement à son investissement dans le fonds. En retour, elle bénéficie d’un mix de crédits carbone issus d’un large portefeuille d’investissements, ce qui permet de mutualiser les opportunités et les risques. Le nouveau Fonds Carbone Livelihoods (LCF3) permet également aux entreprises de prendre des engagements d’achats auprès des investisseurs financiers et de combiner investissement en equity et achat de crédits carbone. Ainsi, l’entreprise a la possibilité de programmer dans le temps ses approvisionnements en crédits carbone en fonction de ses objectifs de réduction et de compensation en choisissant ce qu’elle souhaite investir en equity et en achats.

Les investisseurs financiers qui investissent en equity dans le fonds LCF3 bénéficient quant à eux d’un mécanisme de distribution annuelle de dividendes qui leur assure une rentabilité satisfaisante. Les investisseurs financiers sont protégés des risques de fluctuation des prix des marchés carbone car tous les crédits carbone générés pas leur investissement dans LCF3 sont pré-achetés par de grandes entreprises selon un mécanisme de prix pré-négocié au démarrage du fonds, assurant un bon équilibre des intérêts entre investisseurs financiers et acheteurs corporate ».

Au-delà de l’impact carbone, quels sont les autres impacts des investissements Livelihoods ?

Bernard Giraud : « En premier lieu, nous apportons un grand soin à la mesure et à la vérification de l‘impact carbone de nos investissements. Nous travaillons pour cela avec un réseau d’organismes spécialisés dans la certification des crédits carbone selon des méthodologies reconnues internationalement. Tous nos crédits sont certifiés Gold Standard ou Verra, qui sont les principaux standards du carbone volontaire.

Au-delà du carbone, l’objectif de nos projets est de générer un fort impact social, environnemental et économique pour les populations impliquées. Pour chacun des projets, nous sélectionnons quels Objectifs de Développement Durable des Nations Unies (ODD) seront impactés et nous mettons en place des objectifs et des critères de mesure. Par exemple, notre projet de restauration de mangroves au Sénégal, lancé en 2009, a permis de planter 80 millions d’arbres, sur 10 000 hectares, soit la surface de la ville de Paris. Sur 20 ans, le projet permettra de séquestrer  environ 800 000 tonnes de carbone, mais aussi d’améliorer la vie des populations locales dans 450 villages. En 2018, une étude menée par La Tour du Valat, un organisme scientifique spécialisé dans les écosystèmes marins et côtiers, a permis de mesurer les impacts sociaux et économiques de la restauration de la mangrove :  forte augmentation des ressources en poissons et crustacés (4 200 tonnes supplémentaires par an), restauration des rizières protégées de la salinisation des terres, augmentation des revenus pour les pêcheurs, groupes de femmes, agriculteurs. Un point important : l’appropriation de ce projet par les communautés et le sentiment de fierté a été très fortement exprimé par les 800  villageois qui ont participé aux enquêtes. Cette appropriation est un élément clé, au coeur des projet Livelihoods. »

Quels sont les facteurs-clé de succès des Fonds Livelihoods et quelle est la gestion des risques ? 

Bernard Giraud : « Nous choisissons méthodiquement les projets et les partenaires avec lesquels nous investissons. Livelihoods Venture qui est la société chargée contractuellement d’identifier et d’assurer le monitoring a développé une réelle expertise dans ce type de projets. L’équipe de Livelihoods Venture compte une vingtaine de spécialistes, agronomes, forestiers, spécialistes du carbone, financiers, qui ont tous une forte expérience terrain dans les pays où nos fonds opèrent. Chaque projet nécessite entre 6 mois et un an de structuration technique et financière avec les partenaires locaux avant d’être présenté au Comité d’Investissement du Fonds.

Nous appliquons des règles rigoureuses définies avec les investisseurs de nos fonds : diversification des risques géographiques, des catégories de projets, des partenaires. Nous veillons à diviser la mise en place des projets en différentes phases dans le temps, ce qui permet de vérifier les réalisations et d’établir un suivi proche des projets sur le terrain par les équipes Livelihoods. »

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Une interview avec Barry Parkin, Directeur du Développement Durable, Mars https://livelihoods.eu/fr/interview-barry-parkin-farmer-income-lab-mars/ Tue, 29 Oct 2019 14:49:34 +0000 http://web2020.livelihoods.eu/?p=11210

Fondé par Mars en juillet 2017, le Farmer Income Lab est un véhicule collaboratif qui vise à augmenter les revenus des petits exploitants agricoles, au sein de sa chaîne d’approvisionnement. Barry Parkin, Directeur du Développement Durable et de l’approvisionnement chez Mars, a joué un rôle central dans la définition de l’ambition du Farmer Income Lab pour éradiquer efficacement la pauvreté des agriculteurs. Il partage son point de vue sur les objectifs du Groupe Mars en matière de lutte contre la pauvreté et explique pourquoi la pauvreté et la lutte contre le changement climatique sont indissociables.

1. LIVELIHOODS VENTURE : Mars s’est clairement engagée à éradiquer la pauvreté dans sa chaine d’approvisionnement. Pourquoi une telle décision maintenant ? Quelle est l’ambition de Mars sur le revenu des agriculteurs ?

« Lorsque nous avons élaboré notre Plan Sustainable In Generation, nous avons essayé d’adopter une approche vraiment scientifique pour fixer les objectifs et aborder la question de la pauvreté dans nos chaînes d’approvisionnement. Fixer des objectifs climat est relativement facile : nous avons défini des objectifs pour lutter contre le changement climatique, réduire les émissions de GES, réduire la dégradation des sols.

Barry Parkin, Directeur du Développement Durable, Mars

Sur le plan socio-économique, notre approche a consisté à mettre l’accent sur les droits de l’homme, comme fondement de notre engagement. Cela nous a amenés aussi à traiter de la question des revenus des fermiers : nous avons décidé le revenu devrait être une de nos priorités. Notre conviction est que l’industrie alimentaire ne peut réussir que si toutes les parties prenantes avec lesquelles vous interagissez réussissent. Si les agriculteurs, qui sont au début de notre chaîne de valeur, ne réussissent pas ou ne sont pas durables, nous avons un problème.

Tout indiquait que nous devions prendre position sur le revenu des agriculteurs. Par conséquent, notre intention est que toutes les parties prenantes de notre chaîne d’approvisionnement élargie aient un niveau de vie décent. Cela coïncidait avec notre engagement environnemental. Nous avons considéré que les objectifs de revenu des agriculteurs étaient tout aussi importants.

Nous avons l’obligation morale et commerciale de prendre position sur le revenu des agriculteurs : si un agriculteur qui produit des matières premières pour nous vit dans la pauvreté ou l’extrême pauvreté, il ou elle fera tout ce qu’il peut pour sortir de cette situation : dans de nombreux cas, cela signifie qu’il ou elle devra cesser de cultiver ces matières premières pour nous. Il y a donc un enjeu business à traiter des revenus des petits producteurs.

2. LV : Comment pensez-vous que les objectifs de Mars d’éradiquer la pauvreté dans sa chaîne d’approvisionnement peuvent être atteints ?

« Tout d’abord, les faits montrent qu’il est extrêmement difficile d’éradiquer la paureté. Il y a eu des milliers d’initiatives, au fil des décennies, qui ont tenté de résoudre le problème et la plupart ont échoué. L’une des premières choses que nous avons faites au sein du Farmer Income Lab été de rechercher et d’examiner autant d’initiatives que possible pour déterminer celles qui avaient réussi à modifier progressivement le revenu des agriculteurs : le critère que nous avons utilisé était de doubler leur revenu. Parmi les milliers de projets que nous avons examinés, nous avons retenu moins de dix initiatives qui avaient réussi à grande échelle.

Les projets qui ont réussi à améliorer le revenu des producteurs présentaient les critères suivants : tout d’abord, ils ont redessiné la chaîne d’approvisionnement. Très souvent, cela signifiait permettre aux agriculteurs d’accéder au niveau suivant de la chaîne de valeur : par exemple, permettre à un producteur de vanille non seulement de cultiver mais aussi distiller la vanille pour augmenter la valeur de sa production. Le deuxième critère de réussite, étaient les projets qui ne se focalisaient pas uniquement sur l’amélioration de la productivité. Ceux-ci échouaient. A l’inverse, il est nécessaire d’adapter le modèle d’approvisionnement selon le contexte local.

Troisièmement, nous avons appris que, dans de nombreux cas, nous devions payer plus cher pour sortir les fermiers de la pauvreté : même en éliminant les inefficacités et en maximisant le potentiel de l’agriculteur dans certains cas, nous ne doublons pas son revenu. Donc, nous devrons fondamentalement payer plus cher. C’est ce que nous essayons de réussir avec les Fonds Livelihoods : adresser l’enjeu de la pauvreté avec une approche holistique. Par exemple, nous essayons de repenser la chaîne d’approvisionnement de la vanille, soit en signant des contrats d’achat long terme (10 ans) soit en fixant des prix plancher qui garantissent la rentabilité pour les producteurs. Les projets Livelihoods répondent parfaitement aux objectifs fixés par le Farmer Income Lab et les deux programmes sont complémentaires : le laboratoire creuse pour trouver les solutions existantes et l’approche Livelihoods qui qui déploie ces solutions sur le terrain.

3. LV : Le Farmer Income Lab, lancé par Mars, semble mener une approche innovante. Pouvez-vous expliquer pourquoi ?

« Tout d’abord, ce qui est innovant, est le fait même de parler de pauvreté. La plupart des entreprises évitent d’en parler. On parle de changement climatique, de dégradation des terres, droits de l’homme, mais peu ou pas de pauvreté. La première étape pour nous consistait d’accepter qu’il existait un problème et qu’il fallait commencer à en parler. Au sein du Lab, nous essayons de réunir un groupe d’organisations motivées pour répondre à ces questions complexes : Quelle est notre obligation à cet égard ? Qu’est-ce qui fonctionne ? Qu’est-ce qui ne fonctionne pas ? Comment aborder la question du prix ?

Le critère de réussite à long terme est de permettre au producteur d’accéder à un bon niveau de vie, où les enfants vont à l’école, les soins de santé sont abordables, où le prix peut amortir une mauvaise récolte ou une maladie chez un membre de la famille ».

4. LV : Mars est un investisseur et partenaire majeur du Livelihoods Fund for Family Farming (L3F). Quelle contribution attendez-vous de L3F dans la transformation de l’entreprise ?

« Le Fonds Livelihoods pour l’Agriculture Familiale est notre principal véhicule de transformation. Si nous regardons nos chiffres clés, notre chaîne d’approvisionnement élargie comprend un million d’agriculteurs et la plupart d’entre eux sont des petits exploitants vivant dans la pauvreté. Nous devons donc atteindre des centaines de milliers d’agriculteurs et nous croyons que le Fonds Livelihoods est le véhicule parfait pour générer ces impacts efficacement et à long terme. Nous retraçons le nombre de producteurs bénéficiaires et les hectares. Il s’agit d’un indicateur clé pour le passage à échelle.

Nous prévoyons de continuer d’investir et d’accélérer le changement grâce au programme L3F : passer de dizaines de milliers d’agriculteurs à des centaines de milliers. Une fois que nous avons un projet qui fonctionne bien, nous voulons le reproduire. Je nous vois investir dans ce fonds pour les cinq ou dix prochaines années. »

5. LV : Faites-vous le lien entre la lutte contre la pauvreté et la lutte contre le changement climatique ? S’agit-il de deux batailles distinctes ?

« Les deux sont liés, à bien des égards. Dans la plupart des récits, les petits exploitants agricoles tiennent le mauvais rôle vis-à-vis du changement climatique, car ils exploitent des forêts vierges, coupent des arbres et exploitent la terre. Ils ont également été décrits comme les victimes du réchauffement climatique. Dans de nombreux cas, les changements climatiques rendent l’agriculture plus difficile et, s’ils souffrent déjà de pauvreté, la situation peut devenir intenable.

Nous voulons changer le récit selon lequel les agriculteurs sont les victimes ou les déclencheurs du réchauffement. Nous voulons plutôt les aider à devenir les héros du changement climatique. Nous pouvons y parvenir, non seulement en améliorant leurs revenus, mais aussi en diversifiant leurs cultures, grâce à une approche agro-forestière. Nous pouvons les rendre plus résilients en les aidant à adopter des pratiques agricoles durables et en même temps qui séquestrent du carbone.

C’est exactement ce que nous essayons de mettre en œuvre avec les projets du Fonds Livelihoods : mesurer les impacts environnementaux et socio-économiques au même niveau. C’est une démarche innovante et puissante. »

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Interview avec Emmanuel Faber : OP2B agira concrètement pour la biodiversité https://livelihoods.eu/fr/interview-emmanuel-faber-op2b-biodiversite/ Tue, 24 Sep 2019 09:19:25 +0000 http://web2020.livelihoods.eu/?p=11102

Emmanuel Faber, Vice-président et PDG de Danone et Président du Conseil du Fond Livelihoods pour l’Agriculture Familiale, a joué un rôle central dans le lancement de la coalition « One Planet Business for Biodiversity » (OP2B) au Sommet du Climat, à New York. Il explique ce qui a conduit Danone à s’engager dans cette nouvelle coalition d’entreprises pour soutenir la biodiversité et ce qu’il en attend.

Livelihoods Venture : Nombreuses organisations agissent pour la préservation ou la restauration de la biodiversité. Pourquoi avez-vous décidé la création de la coalition « One Planet Business for Biodiversity » ?

Emmanuel Faber : « La particularité d’OP2B est d’être une coalition d’entreprises qui permettra de proposer des pratiques alternatives, notamment un modèle durable d’agriculture régénératrice pour le bénéfice de la planète et des populations. Les entreprises qui ont rejoint la coalition OP2B ont conscience que le rapide déclin de la biodiversité est une menace pour l’humanité, au même titre que le changement climatique. Il sera nécessaire que les gouvernements, la société civile mais également le secteur privé agissent ensemble pour inverser la tendance. Les grands groupes du secteur agroalimentaire qui s’approvisionnent et transforment les matières premières issues de l’agriculture, se doivent d’unir leurs forces pour enclencher le changement dans leurs chaines d’approvisionnement, mais aussi dans les pratiques agricoles. Ceci afin de limiter la dégradation des terres et la déforestation et initier un changement systémique. »

LV : Quelles avancées concrètes attendez-vous de la coalition OP2B ?

EF : « La coalition s’engage à livrer des actions concrètes. Chaque entreprise membre mènera un plan d’action qui est étroitement lié à ses zones d’activité, pour générer un impact concret. Dans l’année à venir, chaque membre de la coalition préparera et présentera un plan d’action pour mettre en pratique les engagements d’OP2B. Par exemple, chez Danone nous allons mettre l’accent sur promouvoir un modèle d’agriculture régénératrice pour augmenter la capacité des sols à stocker du carbone, retenir l’eau et renforcer la résilience des cultures. Grâce à ces pratiques, nous souhaitons améliorer les moyens de subsistance des fermiers, mais aussi augmenter la densité de nutriments des aliments, tout en réduisant le recours aux engrais chimiques. Nous avons déjà lance un certain nombre de projets qui vont dans ce sens, en partenariat avec de grandes et petites fermes, mais nous voulons aller plus loin avec nos partenaires pour passer à échelle ».

 

Emmanuel Faber, Vice-président et PDG de Danone et Président du Conseil du Fond Livelihoods pour l’Agriculture Familiale (L3F) explique l’ambition de la coalition OP2B, au Sommet Action Climat des Nations Unies. Découvrez la vidéo de son discours ici

LV : Est-ce que cela signifie que la biodiversité est prioritaire aux enjeux de réchauffement climatique ?

EF : “Les liens entre la biodiversité et le climat sont incontestables. Un rapport récent des scientifiques du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’évolution du climat (IPCC), montre les liens étroits qui existent entre la production agroalimentaire, la dégradation des terres et le changement climatique. Le sol est l’un des principaux puits de carbone de la planète. Les sols riches en matières organiques sont plus fertiles et stockent davantage de carbone. Par ailleurs, les sols jouent un rôle central pour le cycle de l’eau, pour réduire l’érosion et réapprovisionner les nappes phréatiques. C’est la raison pour laquelle les écosystèmes autour des pratiques agricoles durables sont plus résilients. En parallèle, nous devons assurer la préservation de la biodiversité naturelle et encourager la lutte contre la déforestation, qui accélèrent le réchauffement climatique ».

LV : Quelle place tiennent les Fonds Livelihoods au sein de la coalition OP2B ?

EF : « Pour adresser ces défis planétaires, il est nécessaire de mettre en place des actions qui auront un impact à grande échelle. C’est l’ambition et le principe derrière l’initiative OP2B. Les Fonds Livelihoods sont dédiés à mettre en place des projets qui combinent lutte contre la dégradation environnementale, lutte contre le réchauffement climatique et lutte contre la pauvreté en zone rurale. A ce titre, les Fonds Livelihoods sont un excellent exemple de collaboration fructueuses entre les sociétés privées, les ONG et les organismes publics. Les projets mis en place et soutenus par les Fonds Livelihoods génèrent de réels bénéfices pour les communautés, fermiers et environnementaux locaux au sein desquels ils agissent ».

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Crédits photo : Lionel Charrier / Livelihoods Venture.

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INTERVIEW : Unis pour préserver l’eau au Brésil https://livelihoods.eu/fr/unis-pour-preserver-leau-au-bresil-interview/ Thu, 20 Jun 2019 23:46:48 +0000 http://web2020.livelihoods.eu/?p=10775

Soutenu par Bonafont, la marque du Groupe Danone qui exploite l’usine d’embouteillage de la vallée de Tinguá, à 60km au nord de Rio de Janeiro, le Fonds Livelihoods pour l’Agriculture Familiale, et le SEBRAE, l’agence brésilienne de développement des petites et moyennes entreprises, le projet Livelihoods-Caruanas mise sur une agriculture 100% durable, pour préserver les ressources en eau du bassin versant. Pour ce faire, le projet consiste à aider 250 petits producteurs de la région à adopter une agriculture biologique et à accéder à un marché urbain en plein essor. Au cœur du projet : un modèle d’investissement innovant qui repose sur la complémentarité des parties prenantes pour concilier préservation de l’eau, agriculture bio et lutte contre la pauvreté.

Pedro Vasconcellos – Responsable Développement Durable de Danone Eaux Brésil, Stéphane Perrier, Directeur Technique et Innovation de Livelihoods Venture et Aly Ndyaye, Directeur des Opérations au sein de SEBRAE, témoignent de résultats prometteurs, un an après le lancement.

Livelihoods-Venture : Pedro Vasconcellos, en quoi le projet Livelihoods-Caruanas est-il central pour les activités de Bonafont à Rio de Janeiro ?

Pedro Vasconcellos : « Après Sao Paulo, Tinguá est la plus récente usine que nous ayons ouverte au Brésil pour entrer sur le marché de Rio de Janeiro. L’eau étant notre matière première, assurer sa pérennité est primordial pour nos activités sur le long terme. D’autant plus qu’au Brésil l’eau que nous puisons dans le sol est exactement celle que nous embouteillons. L’accès à une eau pure est décisif et c’est l’origine du projet Livelihoods-Caruanas. »

LV : Aider les petits producteurs de Tinguá à adopter une agriculture durable est un aspect central pour la réussite du projet. Quel sont leurs retours, un an après le lancement ?

Pedro Vasconcellos : « Nous avons soutenu 50 familles d’agriculteurs sur l’année de lancement (2018) et leurs retours sont très encourageants. Cette année, nous avons reçu des demandes de la part de 72 familles supplémentaires qui souhaitent en bénéficier.

Pedro Vasconcellos, Responsable Projets et Développement Durable, Danone Eaux Brésil 

Autre indicateur encourageant, grâce aux kits d’agroécologie et à la formation que nous mettons à leur disposition, la production agricole devient leur occupation à temps-plein.

Par ailleurs, grâce à notre accompagnement à et à la présence d’équipes techniques sur place, les premiers producteurs ont réussi à diversifier leurs productions. Nous les aidons à sortir d’une monoculture fondée sur la production majoritairement de manioc ou de l’okra gombo (un légume exotique de culture facile, dont le goût rappelle celui de l’aubergine) pour produire de la laitue par exemple et autres fruits et légumes demandés par le marché croissant de Rio. »

Aly Ndyaye, Directeur des Operations, SEBRAE

Livelihoods-Venture : Aly Ndyaye, justement, pourriez-vous nous en dire plus sur la stratégie de commercialisation adoptée pour aider les producteurs à accéder au marché urbain ?

Aly Ndyaye : « La stratégie déployée dès le départ a été de diversifier l’accès aux différents marchés afin que les producteurs puissent eux-mêmes choisir les canaux de distribution qui leur étaient le plus adaptés. A ce jour, 4 typologies de marchés à Rio de Janeiro sont intéressées par les productions de Tinguá : des écoles, des réseaux de vente de paniers de fruits et de légumes de saison (avec une capacité de vente de 1000 paniers par mois), des grandes surfaces et supermarchés ainsi que des points de vente en direct (foires notamment).

Pour renforcer la visibilité des producteurs et leur permettre d’accéder à un réseau de distribution encore plus grand, nous sommes actuellement en train de finaliser la création d’une association qui sera gérée par les producteurs. Par ailleurs, les prix des produits sont pour le moment fixés de manière à garantir la durabilité et la rentabilité pour les agriculteurs. 

Autre élément très important : le calendrier annuel et le respect de la saisonnalité. Nous aidons les producteurs à adapter leurs productions selon les saisons et les enjeux climatiques. Les équipes techniques sur place évaluent la cohérence entre la demande du marché et les cultures adaptées à la région. »

LV : Comment est-ce que le partenariat Livelihoods-SEBRAE permet de concrétiser les ambitions du projet ?

Aly Ndyaye : « Il s’agit d’un partenariat très intéressant et fructueux car complémentaire. En effet, au sein de SEBRAE nous avons déjà aidé 10 000 fermes au Brésil à passer à une agriculture durable, grâce à nos kits d’agroécologie. Nous accompagnons les producteurs de manière personnalisée grâce à la présence de consultants sur le terrain, ce qui permet de combiner formation technique et économique, pour optimiser les méthodes de production.

En parallèle, l’appui du Fonds Livelihoods est essentiel dans la réussite du projet et ce à plusieurs titres :

  • garantir la préservation de l’environnement tout en valorisant les agriculteurs qui cultivent la terre en les aidant à vivre de leurs productions.
  • encadrer le budget dans la durée, grâce à la création d’un fonds par les agriculteurs eux-mêmes pour faire bénéficier les nouveaux arrivants.
  • faciliter les échanges ente les différents partenaires et assurer le bon fonctionnement des activités sur le terrain.

Les missions sont également bien réparties entre les différents acteurs du projet. Ensemble nous avons réussi à identifier un marché bien défini, à concrétiser la certification bio des producteurs bénéficiaires et à obtenir des résultats encourageants sur la première année. Cela se traduit notamment par les retours des producteurs qui témoignent de leur enthousiasme, de leur esprit d’entraide. Ils nous témoignent également de leur confiance au quotidien. C’est très valorisant pour la suite. »

Livelihoods-Venture : Stéphane Perrier, en tant que Directeur Technique et Innovation, vous avez suivi le projet depuis le lancement. Quelles sont les originalités du projet ?

Stéphane Perrier : « Il s’agit d’un projet dans lequel nous investissons sur 8 ans pour atteindre des résultats concrets et durables. Il s’agit d’amorcer une dynamique qui continuera et s’amplifiera au-delà de l’intervention de Livelihoods.

Stéphane Perrier, Technical & Innovation Director, Livelihoods Venture

Autre élément important : la communication et la proximité entre les différents acteurs. Les partenaires du projet, du producteur au consommateur final, en passant par les animateurs et équipes techniques, sont réunis dans un rayon de 50km. Les producteurs sont eux-mêmes situées à moins de 10km les uns des autres.

Aussi, les producteurs s’organisent autour de la création d’une association, qui leur permettra d’accéder à un marché plus grand. Nous sommes dans un esprit collectif qui favorise l’entraide entre producteurs. »

 

 

Photos: Louis Perrin/ Livelihoods Funds.

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