{"id":17061,"date":"2022-10-14T13:07:10","date_gmt":"2022-10-14T13:07:10","guid":{"rendered":"https:\/\/livelihoods.eu\/?p=17061"},"modified":"2022-10-24T09:46:37","modified_gmt":"2022-10-24T09:46:37","slug":"can-smallholder-cocoa-farmers-be-prosperous-livelihoods-new-project-in-ghana-2","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/livelihoods.eu\/fr\/can-smallholder-cocoa-farmers-be-prosperous-livelihoods-new-project-in-ghana-2\/","title":{"rendered":"Les petits producteurs de cacao peuvent-ils gagner un revenu d\u00e9cent ?"},"content":{"rendered":"\n

LIVELIHOODS LANCE UN PROJET IN\u00c9DIT AU GHANA POUR CONTRIBUER \u00c0 SORTIR LES PETITS PRODUCTEURS DE LA PAUVRET\u00c9<\/strong><\/h2>\n\n\n\n

Principal ingr\u00e9dient du chocolat, le cacao est appr\u00e9ci\u00e9 par les consommateurs du monde entier. La production mondiale de f\u00e8ves de cacao a explos\u00e9 depuis les ann\u00e9es 1990 pour atteindre 5,6 millions de tonnes en 2019. Le cacao est cultiv\u00e9 sur des terres situ\u00e9es autour de l’\u00e9quateur, et il repr\u00e9sente une source de revenus essentielle pour pas moins de 6 millions de petits exploitants agricoles. Pourtant, paradoxalement, la plupart des producteurs de cacao sont coinc\u00e9s dans une situation de pr\u00e9carit\u00e9, notamment en Afrique de l’Ouest qui repr\u00e9sente plus de 70% de la production mondiale.<\/strong><\/p>\n\n\n\n

Des arbres vieillissants, un manque de comp\u00e9tences techniques ou de moyens financiers pour r\u00e9g\u00e9n\u00e9rer leurs sols et accro\u00eetre la productivit\u00e9 de leurs parcelles en sont les principales raisons. Au Ghana, le deuxi\u00e8me plus gros producteur de cacao dans le monde, les secteurs priv\u00e9 et public ont fourni des efforts consid\u00e9rables ces derni\u00e8res d\u00e9cennies pour transformer la fili\u00e8re de mani\u00e8re durable. Mais ces initiatives ont eu peu d\u2019impact sur m\u2019am\u00e9lioration des revenus des petits exploitants. Quels sont les leviers qui peuvent aider les agriculteurs \u00e0 subvenir aux besoins de leurs familles gr\u00e2ce au cacao ? Peuvent-ils restaurer leurs terres tout en am\u00e9liorant leurs revenus ?<\/strong><\/p>\n\n\n\n

Apr\u00e8s le karit\u00e9, Livelihoods lance une nouvelle initiative au Ghana (en savoir plus sur notre projet karit\u00e9 au Ghana<\/a>) pour d\u00e9couvrir et r\u00e9soudre les probl\u00e8mes sociaux, \u00e9conomiques et environnementaux auxquels sont confront\u00e9s les petits exploitants de cacao. Le projet a un objectif sp\u00e9cifique : il s\u2019agit d\u2019identifier quels sont les leviers et les solutions qui peuvent aider les petits producteurs de cacao \u00e0 restaurer durablement leurs exploitations et \u00e0 am\u00e9liorer leurs revenus. Cette initiative, d’une dur\u00e9e de 3 ans, est lanc\u00e9e par le Fonds Livelihoods pour l\u2019Agriculture familiale (L3F) qui a rassembl\u00e9 : Mars Incorporated (entreprise mondiale qui produit parmi les plus c\u00e9l\u00e8bres marques de confiseries, de produits alimentaires et de produits pour animaux de compagnie), Touton (acteur majeur du commerce mondial du cacao ces dix derni\u00e8res ann\u00e9es, et principal fournisseur de cacao pour Mars), Solidaridad West Africa (organisation locale de la soci\u00e9t\u00e9 civile qui t\u00e9moigne d’une grande exp\u00e9rience de travail avec les petits exploitants de cacao en Afrique de l’Ouest) et I4DI, l\u2019Institut pour le D\u00e9veloppement \u00e0 Impact (Institute for Development Impact) (partenaire de confiance charg\u00e9 du suivi, de l’\u00e9valuation et de l’analyse des r\u00e9sultats pour \u00e9valuer les impacts du projet).<\/p>\n\n\n\n

Le projet est mis en \u0153uvre dans trois districts cacaoyers, \u00e0 savoir Nkrankwanta, Kasapin et Sunyani, situ\u00e9s dans les r\u00e9gions de Bono et Ahafo de l’ouest du Ghana. L’objectif principal du projet est de trouver un mod\u00e8le d’approvisionnement durable qui permettra d’acc\u00e9l\u00e9rer la transition des agriculteurs vers un revenu d\u00e9cent [2] gr\u00e2ce \u00e0 une approche fond\u00e9e sur l\u2019exp\u00e9rimentation, qui pourrait id\u00e9alement \u00eatre r\u00e9pliqu\u00e9e dans d’autres contextes et r\u00e9gions, apr\u00e8s la phase actuelle.<\/p>\n\n\n\n

Au Ghana, le cacao est la principale source de revenus pour les petits exploitants ind\u00e9pendants<\/strong><\/h3>\n\n\n
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Au Ghana, deuxi\u00e8me producteur mondial apr\u00e8s la C\u00f4te d’Ivoire, le cacao est la principale source de revenus de 800 000 familles de producteurs de cacao du pays. Mais les d\u00e9fis auxquels elles sont confront\u00e9es au niveau de l’exploitation sont nombreux, et le revenu qu’elles tirent de la r\u00e9colte de cacao n’est pas assez \u00e9lev\u00e9 pour permettre \u00e0 une grande majorit\u00e9 d’entre elles de r\u00e9pondre aux besoins fondamentaux de leur famille : nourriture, v\u00eatements, logement d\u00e9cent, soins de sant\u00e9 et \u00e9ducation. Cela les prive par ailleurs des revenus n\u00e9cessaires pour investir dans une production durable de cacao sur leurs exploitations.<\/p>\n\n\n\n

En effet, dans les r\u00e9gions de Bono et d’Ahafo o\u00f9 le projet Livelihoods est mis en \u0153uvre, pr\u00e8s de 80% des agriculteurs sur les 1000 identifi\u00e9s pour le projet, ne gagnent pas un revenu d\u00e9cent qui leur permettrait de r\u00e9pondre \u00e0 leurs besoins fondamentaux et d’investir dans leurs exploitations cacaoy\u00e8res. En d’autres termes, les petits exploitants de cacao sont pris au pi\u00e8ge de la pauvret\u00e9 malgr\u00e9 les efforts d\u00e9ploy\u00e9s depuis des d\u00e9cennies par les principaux acteurs (priv\u00e9s et publics) du secteur du cacao pour contribuer \u00e0 les sortir de la pauvret\u00e9 et assurer une production durable et responsable.<\/p>\n\n\n\n

Des sols appauvris apr\u00e8s des d\u00e9cennies de monoculture<\/strong><\/strong><\/h3>\n\n\n\n

Dans l’ouest du Ghana, les agriculteurs cultivent des cacaoyers sur des exploitations de 1 \u00e0 4 hectares en moyenne, qu’ils ont h\u00e9rit\u00e9es de leurs familles. Outre le cacao, les familles de petits exploitants cultivent g\u00e9n\u00e9ralement des cultures vivri\u00e8res de base telles que le ma\u00efs, la banane plantain ou le manioc, mais le cacao reste la principale activit\u00e9 \u00e9conomique qui permet de nourrir des familles de 5 membres en moyenne (les parents et 3 fr\u00e8res et s\u0153urs ou enfants). Les producteurs de cacao \u00e9tant \u00e2g\u00e9s de 55 ans en moyenne, le secteur doit relever le d\u00e9fi de cr\u00e9er les conditions attractives pour la nouvelle g\u00e9n\u00e9ration d’agriculteurs qui h\u00e9ritera des parcelles de cacao \u00e0 son tour.<\/p>\n\n\n\n

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Visite terrain avec une femme agricultrice sur une parcelle situ\u00e9e dans la zone du projet. Cr\u00e9dits photo : I4DI. <\/em><\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n

Le premier d\u00e9fi majeur auquel ces petits exploitants ind\u00e9pendants sont confront\u00e9s est la fertilit\u00e9 des sols, qui a diminu\u00e9 ces derni\u00e8res ann\u00e9es en raison d’une utilisation permanente des terres qui ne laisse pas le temps au sol de se r\u00e9g\u00e9n\u00e9rer. Des d\u00e9cennies de d\u00e9forestation et de monoculture de cacao pour r\u00e9pondre \u00e0 une demande mondiale croissante, sans nourrir le sol en retour, ont affect\u00e9 la sant\u00e9 du sol. Avec le temps, les cacaoyers ont quitt\u00e9 leur \u00e9cosyst\u00e8me naturel (le cacao est une culture d\u2019ombrage et les cacaoyers poussent naturellement en for\u00eat tropicale) : aujourd’hui, l’absence d’arbres d’ombrage ad\u00e9quats dans les exploitations de cacao laisse place \u00e0 un ensoleillement direct qui contribue \u00e0 l’infertilit\u00e9 des sols. L’utilisation excessive d’herbicides et les effets du changement climatique ont par ailleurs aggrav\u00e9 la situation.<\/p>\n\n\n\n

Manque de main-d’\u0153uvre au niveau de l’exploitation<\/strong><\/h3>\n\n\n\n

Au niveau de l’exploitation, les petits producteurs de cacao sont \u00e9galement confront\u00e9s \u00e0 un manque de main-d’\u0153uvre qualifi\u00e9e qui impacte leur capacit\u00e9 de production. Un couple d\u2019agriculteurs peut s’occuper efficacement d’une exploitation de 2 hectares, mais au-del\u00e0, il faut une main-d’\u0153uvre suppl\u00e9mentaire qu’ils ne peuvent g\u00e9n\u00e9ralement ni trouver ni financi\u00e8rement se permettre. La productivit\u00e9 de la plupart des exploitations stagne \u00e0 moins de la moiti\u00e9 de leur potentiel : le rendement moyen du cacao au Ghana est actuellement de 450 kilogrammes par hectare, alors qu’une cacaoy\u00e8re bien g\u00e9r\u00e9e pourrait produire entre 1 et 1,5 tonne par hectare [3]. Cultiver du cacao est un m\u00e9tier ardu qui n\u00e9cessite de la main d’\u0153uvre, notamment pendant les activit\u00e9s de r\u00e9colte et de post-r\u00e9colte (principalement de septembre \u00e0 f\u00e9vrier), et pour l’entretien des parcelles (de janvier \u00e0 juillet) dans lesquelles les agriculteurs sont directement impliqu\u00e9s. C’est l’une des rares cultures qui, au Ghana, est encore cultiv\u00e9e et r\u00e9colt\u00e9e enti\u00e8rement \u00e0 la main.<\/p>\n\n\n\n

Les agriculteurs doivent prot\u00e9ger leurs cacaoyers du vent et du soleil. L’\u00e9lagage, un geste essentiel pour augmenter les rendements et r\u00e9duire la menace des parasites et des maladies, est une pratique ardue et technique. Les petits exploitants doivent \u00e9galement investir du temps pour \u00e9liminer les mauvaises herbes, fertiliser le sol et prot\u00e9ger les f\u00e8ves de cacao des ravageurs et des maladies. Pendant la saison de r\u00e9colte, les cabosses de cacao sont ouvertes \u00e0 l’aide de machettes pour en extraire les f\u00e8ves, avant d’\u00eatre nettoy\u00e9es, s\u00e9ch\u00e9es, laiss\u00e9es \u00e0 fermenter et vendues aux commer\u00e7ants locaux ou aux usines de transformation.<\/p>\n\n\n

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Un cacaoyer (\u00ab\u00a0Theobroma cacao\u00a0\u00bb selon son nom scientifique) montrant une tige malade \u00e0 la pousse enfl\u00e9e.<\/em><\/em><\/figcaption><\/figure><\/div>\n\n\n

Par ailleurs, dans la zone du projet, 30% des cacaoyers ont plus de 35 ans : la replantation des parcelles les plus anciennes est essentielle pour les exploitations traditionnelles dont la productivit\u00e9 ne peut \u00eatre boost\u00e9e gr\u00e2ce \u00e0 l\u2019adoption de pratiques agricoles durables uniquement. De plus en plus d\u2019arbres pourraient \u00eatre infect\u00e9s par des maladies, en particulier un virus appel\u00e9 \u00ab\u00a0CSSV\u00a0\u00bb (Cocoa Swollen-Shoot Virus) qui attaque principalement les cacaoyers et diminue les rendements d\u00e8s la premi\u00e8re ann\u00e9e d’infection. Le virus, transmis d’arbre en arbre par les cochenilles (des parasites qui s\u00e9vissent en groupe), peut se propager encore plus rapidement dans une exploitation en monoculture et tue g\u00e9n\u00e9ralement les arbres en seulement quelques ann\u00e9es. Des mod\u00e8les agroforestiers plus durables, reposant sur la diversification des parcelles, mais aussi sur des sols plus sains et riches en micro-organismes, pourraient aider les arbres \u00e0 mieux r\u00e9sister aux ravageurs et aux maladies et \u00e0 maintenir leur fertilit\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

Le paradoxe du cacao : pourquoi les petits exploitants sont-ils pris au pi\u00e8ge de la pauvret\u00e9 ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n

Les agriculteurs sont pris dans un cercle vicieux o\u00f9, d’une part, des mod\u00e8les de production non durables bas\u00e9s sur la monoculture pour produire toujours plus, ont conduit \u00e0 l’\u00e9puisement et \u00e0 l’infertilit\u00e9 des sols. D’autre part, les agriculteurs n’ont pas les comp\u00e9tences techniques, les moyens financiers, l’acc\u00e8s \u00e0 la main-d’\u0153uvre ou les infrastructures n\u00e9cessaires pour g\u00e9rer durablement leurs parcelles ou les diversifier, ce qui leur permettrait de tirer un meilleur parti de la terre qu’ils cultivent. Dans ce contexte, investir dans l’adoption de pratiques agricoles durables et\/ou dans les activit\u00e9s de replantation n\u00e9cessaires reste complexe pour eux.<\/p>\n\n\n\n

Au cours des derni\u00e8res d\u00e9cennies, le secteur du cacao a d\u00e9fini des techniques appel\u00e9es \u00ab\u00a0Bonnes pratiques agricoles\u00a0\u00bb (Good Agricultural Practices \u2013 GAP en anglais) qui visent \u00e0 augmenter la productivit\u00e9 des exploitations tout en les rendant plus r\u00e9silientes. Ces pratiques, (telles que d\u00e9finies par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture \u2013 la FAO) r\u00e9pondent \u00e0 un ensemble de principes qui visent \u00e0 assurer une production durable des cultures (et du b\u00e9tail), tout en maximisant le potentiel de rendement. Les bonnes pratiques agricoles sont cens\u00e9es minimiser les co\u00fbts de production pour l’agriculteur et l’impact environnemental des activit\u00e9s agricoles. Le principe de ces pratiques repose sur des mod\u00e8les d\u2019agriculture durable, ainsi que des sols sains, riche en micro-organismes et des cultures de qualit\u00e9.<\/p>\n\n\n\n

Avec l’intention g\u00e9n\u00e9rale de respecter le cycle naturel des cultures et le milieu environnant, les Bonnes Pratiques Agricoles (GAP) reposent sur des techniques telles que l’\u00e9lagage des arbres, la fertilisation des sols, le traitement et la gestion des maladies potentielles et la pr\u00e9servation de la sant\u00e9 des sols en r\u00e9int\u00e9grant des organismes vivants dans le sol. D\u2019autres pratiques incluent : la restauration des terres d\u00e9grad\u00e9es, la pr\u00e9servation des ressources naturelles environnantes, la r\u00e9duction des d\u00e9chets et l’utilisation durable de l’eau. Une fois adopt\u00e9es au niveau de l\u2019exploitation, ces pratiques peuvent garantir des sols sains et fertiles, ce qui permet de doubler la productivit\u00e9. En savoir plus sur les principes et d\u00e9couvrir des exemples de bonnes pratiques agricoles<\/a>. <\/p>\n\n\n\n

Pourtant, il semble qu’au cours de ces vingt derni\u00e8res ann\u00e9es, de nombreux agriculteurs aient \u00e9t\u00e9 form\u00e9s \u00e0 ces pratiques durables, mais le constat sur le terrain est que seuls 30% des agriculteurs les adoptent \u00e0 ce jour. L’adoption des Bonnes Pratiques Agricoles sur leurs parcelles demande un travail intensif et un investissement financier dans le temps, ce qui n\u00e9cessite souvent des pr\u00eats bancaires, qui ne sont pas accessibles \u00e0 de nombreux petits exploitants, en particulier aux agricultrices. De plus, avec les taux d’int\u00e9r\u00eat actuels qui peuvent atteindre 50%, de faibles r\u00e9coltes dues \u00e0 des maladies et des conditions climatiques d\u00e9favorables peuvent laisser les agriculteurs avec des dettes qu’ils ne peuvent assumer. Ils ne prennent donc pas le risque d\u2019emprunter. De plus, ils n\u2019ont pas acc\u00e8s \u00e0 des pr\u00eats \u00e0 long terme qui leur permettraient d\u2019investir dans la replantation de leurs parcelles vieillissantes.<\/p>\n\n\n\n

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\u00ab\u00a0Plusieurs programmes m’ont demand\u00e9 par le pass\u00e9 de mieux planifier et g\u00e9rer mon exploitation. Je sais ce que je dois faire mais je n’ai pas les moyens d’acheter les intrants de qualit\u00e9 ou la main d’\u0153uvre pour y parvenir. Il est trop risqu\u00e9 pour moi maintenant d’emprunter de l’argent et les prix ne cessent d’augmenter !\u00a0\u00bb.<\/strong><\/em><\/p>\n\n\n\n

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Un agriculteur interview\u00e9 dans la zone du projet. Cr\u00e9dits photo : I4DI.<\/em><\/figcaption><\/figure><\/div><\/div>\n<\/div>\n\n\n\n

Dans l’ensemble, les agriculteurs devraient au moins tripler leurs co\u00fbts de production pour appliquer ces pratiques par rapport \u00e0 leur base actuelle. Cela implique d\u2019embaucher de la main-d’\u0153uvre suppl\u00e9mentaire, acheter des intrants et d’\u00e9quipements, acheter des engrais de qualit\u00e9, assurer leur transport jusqu\u2019\u00e0 leurs parcelles. Mais \u00e0 ce jour, l’acc\u00e8s aux semis et aux engrais de qualit\u00e9 reste complexe. Les semis ne sont pas toujours disponibles, les co\u00fbts de transport sont \u00e9lev\u00e9s, la main d\u2019\u0153uvre reste difficile \u00e0 trouver en plus d\u2019\u00eatre couteuse. De plus, lorsque les petits exploitants investissent dans la replantation, ils doivent traverser quelques ann\u00e9es avec des revenus encore plus faibles, car les jeunes arbres nouvellement plant\u00e9s ne produisent pas de f\u00e8ves avant 3 \u00e0 4 ans.<\/p>\n\n\n\n

Dans un contexte g\u00e9n\u00e9ral o\u00f9 le prix du cacao est fix\u00e9 annuellement par le gouvernement et o\u00f9 la productivit\u00e9 est en d\u00e9clin, le revenu de la plupart des agriculteurs reste faible, ce qui d\u00e9courage particuli\u00e8rement la nouvelle g\u00e9n\u00e9ration. Le prix d’achat du cacao au Ghana est d\u00e9fini annuellement par le Ghana Cocoa Board (COCOBOD<\/a>) qui contr\u00f4le toutes les exportations et prot\u00e8ge les agriculteurs de la volatilit\u00e9 des prix. En 2021, le prix d’un kilo de f\u00e8ves de cacao a \u00e9t\u00e9 fix\u00e9 \u00e0 un dollar. Dans la zone du projet, le revenu annuel moyen de la production de cacao est d’environ l’\u00e9quivalent de 1 275 dollars, ce qui est bien inf\u00e9rieur au revenu de vie d\u00e9cent calcul\u00e9 \u00e0 environ 2 200 dollars par an, ce qui rend les petits exploitants incapables d’investir dans le d\u00e9veloppement durable de leurs exploitations.<\/p>\n\n\n\n

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Agricultrice interview\u00e9e dans la zone du projet. Cr\u00e9dits photo : I4DI.<\/em><\/figcaption><\/figure>\n<\/div>\n\n\n\n
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\u00ab\u00a0Il est difficile pour une jeune femme de g\u00e9n\u00e9rer des revenus suffisants et de devenir financi\u00e8rement ind\u00e9pendante dans le couple car elles n’ont pas souvent acc\u00e8s \u00e0 la terre. Et quand elles y ont acc\u00e8s, surtout dans les m\u00e9nages o\u00f9 la femme est d\u00e9cisionnaire, le d\u00e9fi auquel nous sommes confront\u00e9s est de trouver des travailleurs dans le voisinage qui sont qualifi\u00e9s et savent comment restaurer les sols et prendre soin des nouvelles plantations\u00a0\u00bb.<\/strong><\/em><\/p>\n<\/div>\n<\/div>\n\n\n\n

Comment le secteur priv\u00e9 peut-il contribuer \u00e0 am\u00e9liorer le revenu des agriculteurs ? Devrait-il verser des primes pour l’adoption de bonnes pratiques agricoles ? Doit-il aider \u00e0 am\u00e9liorer la productivit\u00e9 des exploitations pour r\u00e9pondre \u00e0 la qualit\u00e9 et \u00e0 la demande croissante du march\u00e9 ? Comment le secteur priv\u00e9 peut-il aider les agriculteurs \u00e0 coupler productivit\u00e9 et durabilit\u00e9 gr\u00e2ce \u00e0 la transition vers des mod\u00e8les agricoles plus r\u00e9silients ?<\/p>\n\n\n\n

Existe-t-il un moyen de sortir de ce cercle vicieux ?<\/strong><\/h3>\n\n\n\n

Livelihoods et ses partenaires soul\u00e8vent ces questions cruciales : quel mod\u00e8le durable peut contribuer \u00e0 sortir les petits producteurs de cacao de la pauvret\u00e9 ? Et comment r\u00e9ussir la transition vers des mod\u00e8les agroforestiers plus durables o\u00f9 les agriculteurs peuvent gagner plus d’une terre prosp\u00e8re ? Livelihoods, Mars, Touton, Solidaridad West Africa et I4DI lancent une initiative sans pr\u00e9c\u00e9dent, sur 3 ans pour identifier les leviers qui pourraient aider \u00e0 r\u00e9aliser cette transition au Ghana. Le projet r\u00e9pond \u00e0 l’ensemble des besoins des agriculteurs (y compris les comp\u00e9tences agricoles, les moyens financiers et la main-d’\u0153uvre externe) pour stimuler l’adoption de bonnes pratiques agricoles et investir dans les activit\u00e9s de replantation n\u00e9cessaires. Il s’agit d’une approche agile qui permettra aux partenaires engag\u00e9s dans le projet de tester diff\u00e9rentes solutions et actions par groupes ind\u00e9pendants d’agriculteurs et de les amplifier ou modifier si n\u00e9cessaire. Leur objectif commun est d’aider les agriculteurs \u00e0 atteindre progressivement un revenu d\u00e9cent.<\/p>\n\n\n\n

L\u2019exp\u00e9rimentation permettra de r\u00e9pondre \u00e0 certaines questions cl\u00e9s telles que :<\/p>\n\n\n\n

Dans quelle mesure un coaching intensif permet d\u2019augmenter les taux d\u2019adoption des pratiques agricoles durables ?<\/strong><\/h5>\n\n\n\n

Mille agriculteurs ind\u00e9pendants de la cha\u00eene d’approvisionnement de Mars-Touton participeront \u00e0 cette initiative et b\u00e9n\u00e9ficieront d’un ensemble d’interventions pour r\u00e9aliser cette transition. Ils b\u00e9n\u00e9ficieront d’une formation technique et d’un accompagnement individuel pour stimuler l’adoption de pratiques agricoles am\u00e9lior\u00e9es qui aideront \u00e0 restaurer les sols d\u00e9grad\u00e9s (\u00e9lagage, techniques pour remettre du carbone dans le sol, engrais adapt\u00e9s, etc.) Le projet pr\u00e9voit un accompagnement intensif au niveau de la ferme pour soutenir les agriculteurs dans l’adoption \u00e0 long terme de pratiques agricoles sur leurs parcelles. Avec des sols plus sains et fertiles, les agriculteurs pourraient doubler leur productivit\u00e9 et, \u00e0 terme, leurs revenus.<\/p>\n\n\n\n

Les agriculteurs sont-ils pr\u00eats \u00e0 payer pour acc\u00e9der \u00e0 des services agricoles (main d\u2019\u0153uvre, intrants) ? Existe-t-il un mod\u00e8le int\u00e9ressant pour mettre en place davantage de prestataires de services ?<\/strong><\/h5>\n\n\n\n

Tous les agriculteurs b\u00e9n\u00e9ficieront de l’organisation de groupes de cacaoculteurs renforc\u00e9s qui les aideront \u00e0 \u00e9valuer leurs besoins, qu’il s’agisse de formation, d’intrants agricoles, de m\u00e9canismes financiers, mais aussi \u00e0 renforcer l’apprentissage entre pairs. Le projet \u00e9valuera les besoins des agriculteurs et, \u00e0 long terme, facilitera potentiellement l’acc\u00e8s aux programmes gouvernementaux qui les aideront \u00e0 acqu\u00e9rir des comp\u00e9tences techniques, \u00e0 r\u00e9g\u00e9n\u00e9rer leur exploitation, etc. Le projet v\u00e9rifiera \u00e9galement si les agriculteurs b\u00e9n\u00e9ficient d’un acc\u00e8s facilit\u00e9 aux prestataires de services qui leur fourniront des services sp\u00e9cifiques (intrants et main-d’\u0153uvre) pour soutenir la gestion de leur exploitation.<\/p>\n\n\n\n

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Les agriculteurs font s\u00e9cher les f\u00e8ves de cacao avant de les vendre \u00e0 des commer\u00e7ants locaux ou \u00e0 des usines de transformation. Cr\u00e9dit photo : I4DI.<\/em><\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n
Quelles solutions de financement \u00e0 court terme favoriseraient l’adoption de pratiques agricoles durables ? Acc\u00e9der \u00e0 des pr\u00eats \u00e0 long terme permettrait-il de booster les activit\u00e9s de replantation ? Quel type de compensation financi\u00e8re pourrait motiver les agriculteurs \u00e0 s\u2019engager dans la replantation de leurs parcelles ?<\/strong><\/h5>\n\n\n\n

Le projet facilitera l’acc\u00e8s \u00e0 des pr\u00eats \u00e0 court terme abordables pour les producteurs de cacao b\u00e9n\u00e9ficiaires \u00e0 des taux d’int\u00e9r\u00eat annuels de 24% et 12% au lieu des 50% actuels sur le march\u00e9. Ceci afin de s’assurer qu’ils disposent de ressources financi\u00e8res ad\u00e9quates pour investir dans la production durable de cacao. Lorsque la replantation est n\u00e9cessaire, les petits producteurs de cacao b\u00e9n\u00e9ficieront d’un acc\u00e8s \u00e0 des pr\u00eats \u00e0 long terme (qui ne leur sont pas accessibles aujourd’hui) \u00e0 un taux d’int\u00e9r\u00eat annuel de 12% sur la monnaie locale. Les agriculteurs qui investiront dans la replantation b\u00e9n\u00e9ficieront \u00e9galement d’une compensation financi\u00e8re pour les aider \u00e0 traverser les 4 \u00e0 5 premi\u00e8res ann\u00e9es pendant lesquelles les arbres nouvellement plant\u00e9s ne produisent pas de fruits en quantit\u00e9s commerciales.<\/p>\n\n\n\n

L’initiative d\u00e9ploiera une m\u00e9thodologie dans laquelle diff\u00e9rentes variables seront test\u00e9es par petits groupes d’agriculteurs (groupes de 100). Les r\u00e9sultats seront mesur\u00e9s en ce qui concerne l’adoption de pratiques agricoles et la replantation, avant d’\u00eatre reproduits dans un groupe plus important au sein des agriculteurs du projet si cela s’av\u00e8re fructueux. Des retours d\u2019exp\u00e9rience pr\u00e9cis et fr\u00e9quents de la part des agriculteurs seront recueillis par les coaches sur le terrain afin d’ajuster les activit\u00e9s en cons\u00e9quence.<\/p>\n\n\n\n

Une attention particuli\u00e8re aux femmes cultivatrices de cacao :<\/h5>\n\n\n\n

Les partenaires du projet unissent leurs forces pour adapter les interventions et permettre aux femmes, qui repr\u00e9sentent 30% des agriculteurs du projet, de participer pleinement et de b\u00e9n\u00e9ficier de toutes les activit\u00e9s. Les r\u00e9sultats du projet seront \u00e9tudi\u00e9s de mani\u00e8re sp\u00e9cifique afin d\u2019identifier les obstacles que rencontrent les agricultrices, notamment lorsqu\u2019en plus de leur exploitation, elles doivent g\u00e9rer \u00e0 elles seules les besoins du foyer.<\/p>\n\n\n\n

Les r\u00e9sultats du projet permettront d\u2019identifier l\u2019ensemble des interventions qui auront \u00e9t\u00e9 les plus efficaces pour aider les agriculteurs \u00e0 am\u00e9liorer leurs revenus. Ce projet in\u00e9dit, permettra de d\u00e9finir quels sont les leviers accessibles qui permettent d\u2019am\u00e9liorer effectivement les revenus des agriculteurs et, \u00e0 terme, de construire des exploitations r\u00e9silientes, diversifi\u00e9es, rentables et qui ne contribuent pas \u00e0 la d\u00e9forestation. S’il s’av\u00e8re efficace, ce projet sera \u00e9tendu aux cha\u00eenes d’approvisionnement en cacao de toute l’Afrique de l’Ouest gr\u00e2ce au soutien d’une coalition d\u2019acteurs cl\u00e9s de la fili\u00e8re cacao (secteur priv\u00e9, organisations non gouvernementales, institutions financi\u00e8res).<\/p>\n\n\n\n

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Groupe d’agricultrices sensibilis\u00e9es au projet lors d’une visite sur le terrain. Cr\u00e9dit photo : I4DI.<\/em><\/em><\/figcaption><\/figure>\n\n\n\n
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[1] Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) – une agence sp\u00e9cialis\u00e9e des Nations Unies qui dirige les efforts internationaux pour vaincre la faim.<\/p>\n\n\n\n

[2] 332 dollars par mois pour une famille de cinq personnes en 2018.<\/p>\n\n\n\n

[3] Source : Farmgrow, 2020 : https:\/\/www.farmgrow.org\/. Le revenu de subsistance est le revenu annuel net dont a besoin un m\u00e9nage dans un lieu donn\u00e9 pour s’offrir un niveau de vie d\u00e9cent pour tous les membres de ce m\u00e9nage.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

Grown on land located around the equator, the fruit is produced by close to 6 million smallholders, whose livelihoods depend on it. Yet paradoxically, most cocoa farmers are stuck in a poverty trap, especially in West Africa which accounts for 60% of the global harvest. <\/p>\n","protected":false},"author":1,"featured_media":16993,"comment_status":"closed","ping_status":"closed","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":{"_mi_skip_tracking":false},"categories":[36],"tags":[425,425,523,523,522,522,397,397,500,500,525,525,398,398,526,526,524,524],"acf":[],"_links":{"self":[{"href":"https:\/\/livelihoods.eu\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/17061\/"}],"collection":[{"href":"https:\/\/livelihoods.eu\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/"}],"about":[{"href":"https:\/\/livelihoods.eu\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/types\/post\/"}],"author":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/livelihoods.eu\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/users\/1\/"}],"replies":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/livelihoods.eu\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/comments\/?post=17061"}],"version-history":[{"count":22,"href":"https:\/\/livelihoods.eu\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/17061\/revisions\/"}],"predecessor-version":[{"id":17213,"href":"https:\/\/livelihoods.eu\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/posts\/17061\/revisions\/17213\/"}],"wp:featuredmedia":[{"embeddable":true,"href":"https:\/\/livelihoods.eu\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/media\/16993\/"}],"wp:attachment":[{"href":"https:\/\/livelihoods.eu\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/media\/?parent=17061"}],"wp:term":[{"taxonomy":"category","embeddable":true,"href":"https:\/\/livelihoods.eu\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/categories\/?post=17061"},{"taxonomy":"post_tag","embeddable":true,"href":"https:\/\/livelihoods.eu\/fr\/wp-json\/wp\/v2\/tags\/?post=17061"}],"curies":[{"name":"wp","href":"https:\/\/api.w.org\/{rel}","templated":true}]}}