Livelihoods https://livelihoods.eu/fr/ Building resilient communities & ecosystems alongside sustainable businesses Thu, 30 Nov 2023 14:14:30 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.2.3 https://livelihoods.eu/wp-content/uploads/2017/04/cropped-BD-PICTO-LIVELIHOODS-32x32.png Livelihoods https://livelihoods.eu/fr/ 32 32 Finance carbone à la COP28 : DE L’ART DE TUER UNE SOLUTION CLIMAT PROMETTEUSE https://livelihoods.eu/fr/carbon-finance-and-cop-28-the-art-of-killing-a-promising-climate-solution/ Mon, 27 Nov 2023 11:16:33 +0000 https://livelihoods.eu/?p=18233 Ou comment des critiques justifiées peuvent aboutir à l’effet inverse de ce qu’elles visaient

Les mécanismes de contribution carbone sont l’objet de critiques médiatiques de plus en plus nombreuses[1]. Certaines sont justifiées et peuvent contribuer à une plus grande rigueur dans la conception, la mise en œuvre et la vérification des impacts de ces projets. Mais nous devons veiller à ce que cela n’aboutisse pas à l’effet inverse : rendre impossible l’investissement dans des projets carbone qui ont non seulement des impacts sur le climat mais plus largement des impacts environnementaux et sociaux, en particulier les projets mis en œuvre avec les populations les plus vulnérables dans les pays en développement. 
Bernard Giraud, Co-fondateur et Président de Livelihoods Venture partage ses inquiétudes et appelle à une décision lors de la COP28.

Les Fonds Livelihoods ont été développés pour répondre à un double besoin : d’un côté, le besoin des entreprises qui se sont fixé des objectifs ambitieux pour réduire l’impact carbone dans leur chaîne de valeur mais aussi contribuer positivement à générer de l’impact social et environnemental en finançant des projets au-delà de leur périmètre d’activité. D’un autre côté, le besoin de soutenir des communautés rurales dont les conditions de vie dépendent étroitement des écosystèmes et ressources naturelles.

Depuis la création des Fonds Livelihoods en 2011, ce qu’il est convenu d’appeler les « solutions basées sur la nature » ont permis à des centaines de milliers d’agriculteurs et leurs familles de restaurer des écosystèmes dégradés, d’être formés à des pratiques agricoles à la fois productives et durables, de régénérer des sols, de protéger des forêts ou des ressources en eau. Ce faisant, elles ont permis de stocker des millions de tonnes de CO2 retirées à l’atmosphère ou à réduire des émissions carbone.

Ce n’est pas suffisant mais ce n’est pas rien. Les experts du GIEC (le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’évolution du Climat) et les négociateurs des COP (Conventions des Parties) Climat de l’ONU ont d’ailleurs continuellement insisté sur l’importance de protéger et régénérer les « puits de carbone » que sont les écosystèmes pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.

Tous les projets carbone ne se valent pas

Ces projets sont-ils parfaits ? Les financements carbone sont-ils la solution à tous les problèmes ? Certainement pas. Plusieurs publications récentes ont montré du doigt des projets carbone très discutables. Certains projets dits de déforestation évitée (REDD)[1] n’ont pas produit les impacts attendus. Certains acteurs des marchés du carbone motivés principalement par l’intérêt financier ont mis en œuvre des pratiques critiquables et dans plusieurs cas inadmissibles. Ces critiques sont utiles si elles permettent d’assainir et de réguler un marché encore jeune et mal structuré.  Des initiatives récentes telles que The Integrity Council for Voluntary Carbon Markets[2] (ICVCM) peuvent  répondre au besoin de fournir un cadre bien plus robuste pour la production de crédits carbone et les projets qui les génèrent.

Mais il faut raison garder. L’image répandue par certains dans le public est que tous les projets de contribution carbone sont au mieux du « green-washing » au pire un moyen d’extorquer de l’argent à des populations démunies. Cette vision est tout aussi fausse que d’affirmer que tous les conducteurs sont des chauffards ou tous les contribuables des fraudeurs parce qu’une minorité ont des comportements condamnables. Il convient de séparer le bon gain de l’ivraie, et non pas de condamner en bloc un modèle de financement qui peut être vertueux.

Tous les projets carbone ne se ressemblent pas en terme de finalités, de coûts et d’impacts : financer la plantation d’arbres en mono-espèce sur des milliers d’hectares dans une concession forestière et aider plusieurs milliers de petits paysans à déployer un modèle d’agroforesterie diversifié qui va permettre de réduire l’érosion, restaurer la matière organique des sols et générer du revenu sont tous les deux des « puits de carbone ». Mais leurs impacts sociaux et écologiques n’ont rien à voir, pas plus que leur complexité de mise en œuvre.

Les investissements carbone dans des projets à impact devraient être fortement encouragés

Les fonds Livelihoods pré-financent des projets à grande échelle sur une durée de vingt ans. Ces projets sont co-conçus avec des partenaires locaux fortement ancrés dans les réalités locales, généralement des ONG, et mis en œuvre par ces partenaires avec les communautés locales. Aucun de ces projets n’a pour seul objectif de produire des crédits carbone. Tous visent à générer des impacts durables écologiques et sociaux. Les entreprises qui ont investi dans nos fonds prennent le risque de financer ces projets dans des contextes souvent difficiles, qu’ils soient climatiques ou politiques. Ces risques sont réels et se sont déjà matérialisés :  sécheresse, cyclone, guerre civile, etc. En retour, les investisseurs dans nos fonds reçoivent des crédits carbone à leur coût de production. La finance carbone telle que nous la pratiquons avec nos investisseurs n’est pas une spéculation financière sur de futurs prix de marché carbone

hypothétiques. Ce sont des investissements de long terme engagés par des entreprises pour créer des « infrastructures vertes » qui contribuent à améliorer la vie de population pour la plupart très pauvres.  

Au lieu de rejeter en bloc les financements carbone, on devrait encourager les entreprises à s’engager davantage sur des projets à haute valeur environnementale et sociale en créant un cadre qui facilite et sécurise ces investissement.   

Une bureaucratie qui monte en flèche complexifie l’action terrain

Bien évidemment, on peut et on doit améliorer les méthodes et les techniques de mesure du carbone qui ont été mises en place il y a quelques années. Les connaissances scientifiques et les nouvelles technologies ont beaucoup progressé et doivent être mobilisées pour gagner en précision et réduire les coûts. En réaction aux critiques dont ils sont l’objet, les standards carbone ont entrepris de réviser leurs principes et les méthodologies de mesure et de certification des crédits carbone. Cette révision est nécessaire mais elle doit impérativement prendre en compte les réalités du terrain et les spécificités des projets mis en place avec les populations les plus vulnérables.

Or, nous sommes confrontés comme d’autres fonds ou organisations qui déploient des solutions basées sur la nature à une évolution qui nous inquiète : une approche de plus en plus bureaucratique avec des normes édictées avec peu de concertation par de multiples équipes n’ayant pas ou peu d’expérience concrète des réalités de ces projets. La complexification des règles et des procédures risque de rendre impossible l’investissement dans des projets avec des milliers de petits producteurs qui sont déjà par nature complexes. La difficulté de ces standards à tenir des délais pour publier les nouvelles normes accroit l’incertitude. Et certaines pratiques sont particulièrement inacceptables comme par exemple le fait de changer la méthodologie carbone pour des projets enregistrés depuis plusieurs années sous ces mêmes standards. Comme si on changeait les règles du football au milieu du match.

Les réglementations carbone devraient tenir compte des réalités du terrain

Ces évolutions ont pour effet non seulement de complexifier les projets mais aussi d’accroitre fortement les coûts et la part « non productive » des budgets. Par là nous entendons toutes les dépenses qui vont aux consultants, vérificateurs et auditeurs ainsi qu’aux coûts d’enregistrement et non aux petits producteurs et aux communautés. Les budgets consacrés à la mesure et à la certification sont déjà très conséquents. Il est important de conserver un ratio acceptable entre la part de l’investissement qui finance le projet lui-même et celle qui finance les actions de mesure et de certification. Il est également important de mettre le curseur de l’exigence au bon niveau en fonction de la réalité du terrain de chaque catégorie de projet. Par exemple, dans sa dernière version, le Standard Verra requiert des périodes d’engagement des acteurs sur les résultats des projets de 40 ans. Cette exigence peut être satisfaite dans le cas de projets de plantations industrielles à grande échelle dans des concessions. Mais comment exiger le même engagement de petits agriculteurs dont une durée de 40 ans s’étale sur jusqu’à trois générations ? Comment demander aux petits-enfants de l’agriculteur avec lequel le projet a été lancé de respecter, sous peine de sanction, les engagements pris par leurs grands-parents dans un monde qui n’était pas le même ? Chez Livelihoods, nous pensons que l’essentiel des financements carbone doit aller aux actions sur le terrain et qu’un équilibre doit être trouvé pour que les processus de certification et les coûts permettent de continuer à financer des projets qui contribuent réellement à la transformation. Si ce n’est pas le cas, il nous faudra trouver collectivement d’autres moyens de certifier nos projets.  

Il est urgent d’établir des règles claires au niveau national

Un autre élément d’incertitude pour les investisseurs privés de long terme de fonds carbone tels que les Fonds Livelihoods est la difficulté à obtenir des règles claires de la part des Etats concernant les droits carbone. En application des Accords de Paris et notamment l’article 6, chaque État est tenu d’édicter la réglementation s’appliquant aux projets carbone : quels projets sont acceptés dans quelles activités et sur quelles parties du territoire ? Ces projets sont-ils comptabilisés dans les Contributions Déterminées au niveau National (NDC)[5] du pays ? Quelles règles s’appliquent si les crédits carbones sont transférés à d’autres pays ? Quelques pays ont publié leur réglementation. Mais dans la plupart, ces règles ne sont toujours pas publiées.

Gardant cela à l’esprit, la COP28 commence à Dubaï, et il nous semble important que l’organe de surveillance en vertu de l’article 6.4 propose des mesures concrètes et des lignes directrices pour avancer sur le sujet. Ils se sont déjà réunis à plusieurs reprises cette année, mais aucun cadre juridique n’a été adopté. Par conséquent, de grands espoirs ont été placés dans l’examen des politiques au cours de la COP28, qui pourraient fournir une plate-forme pour les marchés mondiaux du carbone et faciliter la compréhension des systèmes d’échange de quotas d’émission.

L’appel de Livelihoods à la COP28

Au sein de la COP28, il nous semble important que différentes parties se réunissent pour aux appeler acteurs privés et publics à agir et à échanger des informations sur le marché du carbone et aussi sur des politiques durables.  En outre, la conférence servira de moteur à l’adoption de mesures concrètes tels que  :

  • affirmer clairement la priorité aux projets carbone de solutions basées sur la nature à fort impact environnemental et social. 
  • créer les conditions favorables aux investissements dans ces projets
  • reconnaître la spécificité des projets mis en œuvre avec des populations parmi les plus vulnérables aux changements climatiques et adapter le niveau d’exigence des standards
  • améliorer les processus de mesure et de certification en prenant en compte la complexité et les contraintes propres à ces projets
  • veiller à un bon équilibre entre l’investissement dans le projet lui-même et les coûts des processus de mesure et de certification.

En résumé, les mécanismes de la finance de carbone peuvent être des contributeurs utiles à un développement durable.  Ils doivent être améliorés mais on doit veiller à ne pas les tuer par des contraintes qui rendent l’investissement dans des projets à fort impact très difficiles.   

Bernard Giraud, Co-fondateur & Président de Livelihoods Venture

À ce jour, les fonds Livelihoods ont contribué à planter 148 millions d’arbres, séquestrer ou réduire les émissions de 4,3 MTCO2, à restaurer ou réhabiliter 38 000 hectares d’écosystèmes naturels riches en biodiversité (tels que les mangroves ou les forêts) et à convertir plus de 50 800 hectares à des pratiques agricoles durables. Dans l’ensemble, les projets Livelihoods contribuent à améliorer les conditions de vie de 1,8 million de personnes dans le monde.


[1] Exemple : https://www.theguardian.com/environment/2023/jan/18/revealed-forest-carbon-offsets-biggest-provider-worthless-verra-aoe

[2] Réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts dans les pays en développement. Le « + » correspond à des activités supplémentaires liées aux forêts qui protègent le climat, à savoir la gestion durable des forêts et la conservation et l’amélioration des stocks de carbone forestier. Source : https://unfccc.int/topics/land-use/workstreams/redd/what-is-redd

[3] Le Conseil d’intégrité pour le marché volontaire du carbone (Conseil d’intégrité) est un organe de gouvernance indépendant pour le marché volontaire du carbone. Pour en savoir plus : https://icvcm.org/about-the-integrity-council/

[4] L’article 6 est le règlement de l’Accord de Paris régissant les marchés du carbone, tandis que l’article 6.4 établit un mécanisme d’échange de réductions d’émissions de GES entre les pays sous la supervision de la Conférence des Parties – l’organe décisionnel de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. https://unfccc.int/process/bodies/supreme-bodies/conference-of-the-parties-cop

[(] Les contributions déterminées au niveau national (CDN) sont au cœur de l’Accord de Paris et de la réalisation de ses objectifs à long terme. Les CDN incarnent les efforts déployés par chaque pays pour réduire les émissions nationales et s’adapter aux impacts du changement climatique. Source : https://unfccc.int/process-and-meetings/the-paris-agreement/nationally-determined-contributions-ndcs

]]>
Peut-on améliorer les revenus des agriculteurs tout en préservant la nature ? L’EXPÉRIENCE DES FONDS LIVELIHOODS À MADAGASCAR https://livelihoods.eu/fr/can-we-improve-farmer-income-while-preserving-nature-the-livelihoods-funds-experience-in-madagascar/ Mon, 27 Mar 2023 11:57:46 +0000 https://livelihoods.eu/can-we-improve-farmer-income-while-preserving-nature-the-livelihoods-funds-experience-in-madagascar/ À Madagascar, Livelihoods structure une chaîne d’approvisionnement en vanille de qualité avec 2 700 petits exploitants

Ingrédient phare dans l’industrie alimentaire (biscuits, glaces, pain ou encore utilisée pour parfumer les desserts), la vanille est également réputée dans l’industrie des parfums et des aromatiques. Avec son goût et son parfum uniques, la vanille est traditionnellement appelée « l’or noir », car elle est l’une des épices les plus chères au monde (deuxième après le safran). Mais paradoxalement, à Madagascar, qui contribue à plus de 50 % de la production mondiale de vanille, les petits exploitants qui la produisent sont loin de gagner de l’or. L’industrie de la vanille a historiquement souffert d’une forte spéculation, de taux élevés de vols dans les plantations et de comportements parfois mal intentionnés de certains intermédiaires. Les revenus des petits exploitants ont été par ailleurs affectés par le manque de pratiques efficaces pour optimiser la productivité de leurs exploitations ou pour améliorer la qualité de leur production.

Avec l’ambition d’inverser ce cycle de pauvreté, le Livelihoods pour l’Agriculture Familiale (L3F) a regroupé des acteurs du secteur privé et public, engagés et impliqués à chaque étape de la chaîne de valeur. Leur ambition commune ? Soutenir 2 700 petits exploitants de vanille sur 10 ans pour produire de la vanille de qualité, augmenter les revenus des agriculteurs et préserver les écosystèmes naturels autour des exploitations. Une ambition mise en œuvre par l’ONG locale Fanamby, une organisation reconnue qui travaille en direct avec les producteurs de vanille. Tous investisseurs et partenaires de Livelihoods, Danone, Mars et Firmenich se sont engagés à acheter la production de vanille du projet sur 10 ans.

Six ans plus tard, qu’est-ce qui a changé pour les agriculteurs ? Leurs revenus se sont-ils améliorés au même titre que la qualité et la quantité de vanille produite ?? Quel est l’impact du projet sur les écosystèmes naturels environnants ? Livelihoods publie une vidéo inédite du projet avec des témoignages d’agriculteurs bénéficiaires pour montrer ce qui a changé au niveau de leurs revenus, de la biodiversité, et quelles sont leurs attentes pour l’avenir (lien vers la vidéo).

« On avait beaucoup de vanilliers, mais la production était aléatoire. En fait, je cultivais sans savoir où j’allais. Je savais que l’on pouvait gagner de l’argent avec la vanille. Mais je ne savais pas comment m’y prendre”.

Raphael Théogène, producteur de vanille à Madagasar

Raphael Théogène & clic button

Le projet vanille de Livelihoods en bref :

Une coalition d’acteurs engagés à chaque étape de la chaîne de valeur pour soutenir les agriculteurs et la nature

Grâce à son fonds dédié pour l’agriculture familiale (L3F), Livelihoods a préfinancé les activités du projet et rassemblé une coalition d’agriculteurs, d’entreprises, d’ONG et d’institutions publiques. Danone, Firmenich et Mars se sont engagés à acheter la vanille produite par les exploitants du projet pendant 10 ans. Les activités sont mises en œuvre sur le terrain par Fanamby, une ONG malgache, mais aussi par Missouri Botanical Garden, une ONG de conservation de la biodiversité, et par Maisons Familiales Rurales, une association engagée dans l’éducation. Le projet est mis en œuvre dans le district de Soanierana Ivongo, dans la région d’Analanjirofo (nord-est de l’île).

Les activités économiques du projet sont cofinancées par l’Agence Française de Développement (AFD). Le Fonds Français pour l’Environnement Mondial (FFEM) est également impliqué pour soutenir la préservation de la biodiversité sur le site naturel de Pointe à Larrée.


Augmenter la productivité des exploitations agricoles grâce à des pratiques agricoles efficaces

La première initiative du projet était d’aider les agriculteurs à étendre leurs champs de vanille et augmenter les rendements grâce à un modèle agroforestier adapté. D’une part, les petits exploitants ont reçu de nouveaux plants de vanille provenant des pépinières du projet et de partenaires sélectionnés. D’autre part, les agriculteurs ont reçu des formations spécifiques afin d’acquérir les compétences techniques nécessaires à la production de vanille de qualité. Tous les agriculteurs ont suivi un cycle de formation basé sur trois étapes clé pour augmenter les rendements et améliorer la qualité de la vanille : ils ont été formés à la pollinisation (ils ont appris à polliniser le bon nombre de fleurs pour obtenir les gousses les plus longues possibles), à la gestion des parcelles (ils ont acquis les compétences nécessaires pour maintenir leurs champs propres car les plants de vanille sont très sensibles aux plantes environnantes, aux mauvaises herbes et à la couverture du sol) et au processus de collecte. Ces activités ont été conçues de manière à ce qu’un plus grand nombre de femmes et de jeunes puissent être intégrés dans la production de vanille que ce n’aurait été le cas en l’absence du projet.

À ce jour, tous les 2 700 agriculteurs impliqués dans le projet ont reçu des formations pour adopter des pratiques agricoles régénératives, dont 550 femmes. Grâce aux 300 000 lianes de vanille distribuées aux agriculteurs et aux formations qu’ils ont reçues, les volumes de vanille verte produits ont été multipliés par 3 en moyenne depuis le lancement du projet. Ces volumes vont continuer à croître car les lianes récemment plantées commencent à produire de la vanille, générant ainsi plus de revenus, l’objectif étant de multiplier la production par 5 de 2022 à 2027.

pollination
La pollinisation est une étape délicate qui nécessite précision, patience et compétences techniques.
cleaning vanilla plots
Des agricultrices qui veillent à la propreté de leurs parcelles afin de favoriser la croissance des lianes de vanille.

Une société gérée et détenue par les agriculteurs pour créer un lien direct avec le marché

Le projet a permis d’activer un levier important pour aider les agriculteurs à améliorer leurs revenus : les aider à accéder directement au marché, sans intermédiaires (la majeure partie de la production de vanille malgache est exportée). « Tambatra » est la société détenue par les agriculteurs qui a été structurée par les partenaires du projet, afin de supprimer les intermédiaires et d’aider les agriculteurs à tirer un meilleur profit de leur production. 20 associations d’agriculteurs ont été créées à ce jour : chacune des associations situées dans les villages de Manompana, Antanifotsy, Ambodiampana et Fotsialanana est chargée de collecter les gousses de vanille verte et de payer directement les agriculteurs. Une unité de préparation nouvellement créée est responsable de la préparation et de l’exportation de la vanille produite par les petits exploitants. Cette structure reçoit la vanille verte produite par les agriculteurs et assure le processus de séchage (les gousses vertes sont nettoyées, triées, séchées et classées en fonction de leur qualité – ce processus de séchage peut durer jusqu’à 6 mois).

Accompagnée d’une structure commerciale, Tambatra assure la traçabilité complète de la vanille, depuis la ferme jusqu’à l’industrie, et évalue la qualité avant l’exportation. La marge financière des ventes de vanille séchée revient aux agriculteurs et à la communauté grâce à une distribution directe, contribuant à augmenter leurs revenus, et d’une distribution indirecte telle que l’extension des pépinières, les investissements dans la société elle-même, l’accès à du riz subventionné, aider les agriculteurs à adopter des pratiques agricoles efficaces et soutenir la gestion des associations d’agriculteurs.

Les gousses de vanille sont séchées au sein de la coopérative Tambatra
Des agricultrices trient les gousses de vanille selon leur niveau de qualité.
Des agricultrices préparent les bottes de vanillle.
Les colis sont prêts à l’export.

Un engagement d’achat sur 10 ans et un prix plancher pour limiter l’impact des fluctuations du marché

L’industrie de la vanille à Madagascar a historiquement été exposée à de fortes fluctuations de prix. Depuis le lancement du projet en 2017, le prix de la vanille a baissé de 3,5, après avoir augmenté les années précédentes. Afin de protéger les agriculteurs du projet, tous les partenaires impliqués ont décidé d’appliquer un prix plancher pour la vanille verte produite. Convaincus que la structuration de la chaîne d’approvisionnement nécessite des efforts à long terme, Mars (célèbre marque américaine de produits alimentaires, de confiserie et de soins pour animaux), Danone (multinationale alimentaire française) et Firmenich (la plus grande entreprise privée de parfums et d’arômes au monde) se sont engagés à acheter 100% de la vanille produite par les agriculteurs du projet sur une période de 10 ans.

Pour transformer le projet en une chaîne d’approvisionnement résiliente et à long terme, Tambatra, avec le soutien de Livelihoods, devra engager et réengager les acheteurs sur le long terme pour acheter cette vanille à haute valeur sociale et écologique. Il s’agit d’un élément clé pour la durabilité de cette entreprise agricole.

Diversifier les cultures pour contribuer à plus de sécurité alimentaire

La vanille représentant 40 % du revenu des ménages agricoles, le projet intègre désormais de nouvelles cultures vivrières pour soutenir la diversification des exploitations et contribuer à la sécurité alimentaire des fermiers et de leurs familles. Bien que la sécurité alimentaire reste un défi dans la zone du projet et à Madagascar, des groupes d’agricultrices de la zone du projet gèrent maintenant des jardins potagers pour contribuer à réduire les taux de malnutrition. Elles cultivent divers légumes pour nourrir leur famille ou pour les vendre sur les marchés locaux afin de soutenir le revenu du ménage.

Des groupes de femmes s’occupent des jardins potagers.
Les jardins potagers, vus d’en haut.
Les femmes chantent avec joie.

La diversification alimentaire fait également partie du programme de formation destiné à la nouvelle génération d’agriculteurs. En partenariat avec Maisons Familiales Rurales, une ONG locale qui œuvre consacrée à l’éducation, le projet a ouvert un centre de formation dédié à la préparation des jeunes agriculteurs à la production de vanille mais aussi à de nouvelles activités agricoles telles que la diversification des cultures, la production de clous de girofle ou l’élevage de volailles. En décembre 2021, le centre de formation a fêté ses premiers diplômés.

Dans le cadre du projet, un centre de formation a été ouvert pour former la nouvelle génération d’agriculteurs.

Politina Rasoamalala est une jeune diplômée du centre de formation qui aspire à produire de la vanille.

Préserver 2 700 hectares de biodiversité locale sur le site naturel de Pointe à Larrée

Des compétences techniques pour produire plus de vanille et de meilleure qualité, à la distribution des lianes, en passant par les efforts de diversification des cultures et une nouvelle chaîne d’approvisionnement engagée pour relier directement les agriculteurs au marché, le projet a activé une série de leviers pour contribuer à améliorer le revenu des agriculteurs. Parallèlement à ces efforts, une initiative clé du projet consiste à préserver 2 700 hectares de biodiversité à Pointe à Larrée, une zone naturelle protégée située autour du district de Soanierana Ivongo.

Le projet met en place une gouvernance communautaire pour gérer les activités de conservation, appliquer les lois sur la protection de la biodiversité et planter des espèces d’arbres indigènes pour protéger la zone des catastrophes naturelles. Comme les petits exploitants gagnent plus d’argent dans leurs propres fermes, ils sont de moins en moins tentés de participer à des activités destructrices dans la forêt. Regardez la vidéo du projet et admirez l’impressionnante Pointe à Larrée, qui est aussi l’habitat naturel des lémuriens.

Un lémurien à Pointe à Larrée qui observe la caméra.

REJOINDRE LE WEBINAR DU 4 AVRIL

Le 4 avril, de 13H00 à 15H00 CET, nous organisons un webinaire pour apporter des éléments de réponse à la question : « Peut-on améliorer le revenu des agriculteurs tout en préservant la nature ? » Nous partagerons les principaux enseignements tirés, analyserons les facteurs de réussite que nous observons à ce jour (6 ans après le lancement des projets), mais aussi les défis qui accompagnent la transformation des chaînes d’approvisionnement à grande échelle. Le webinaire se concentrera sur le projet de 10 ans de Livelihoods dans le secteur de la noix de coco aux Philippines, et sur le projet de vanille à Madagascar. Nous donnerons la parole à nos partenaires locaux, des représentants des secteurs privé et public, qui agissent au quotidien pour transformer durablement les deux chaînes d’approvisionnement.


[1] Madagascar a produit 3 070 tonnes de vanille en 2021 selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

]]>
MYTHE OU RÉALITÉ? Peut-on améliorer les revenus des agriculteurs tout en préservant la nature ? https://livelihoods.eu/fr/myth-or-reality-can-we-improve-farmer-income-while-preserving-nature/ Mon, 20 Mar 2023 10:51:11 +0000 https://livelihoods.eu/?p=17938 Sur l’île de Mindanao, Livelihoods mise sur des exploitations de noix de coco prospères

Poussant sur le cocotier dans les tropiques, la noix de coco a beaucoup de succès auprès des consommateurs. Consommée fraiche ou séchée, elle est également transformée en lait de coco, tandis que l’huile de coco est largement utilisée dans l’alimentation, les produits cosmétiques, les savons et les détergents. L’eau de coco est également appréciée dans de nombreuses boissons. Il n’est donc pas étonnant que le cocotier soit surnommé « l’arbre de vie ». Pourtant, aux Philippines, deuxième producteur mondial, la plupart des petits exploitants ne profitent pas de ce succès. En 2018, environ 50% des producteurs de noix de coco philippins vivaient avec moins de 2 dollars américains par jour. Avec l’engagement des marques alimentaires Mars et Danone, Livelihoods a lancé un projet ambitieux de 10 ans pour aider les agriculteurs à atteindre un revenu décent. Le projet se déroule sur l’île de Mindanao avec 6 000 petits exploitants indépendants et est mis en œuvre par l’ONG locale IRDF (Integrated Rural Development Foundation).

Planter de nouveaux arbres sur des parcelles vieillissantes, adopter des pratiques agricoles régénératrices pour augmenter la productivité de l’ensemble de l’exploitation (améliorer et diversifier la production agricole), valoriser les coques de noix de coco, créer des coopératives pour accéder aux marchés à de meilleurs prix, sont les principaux leviers activés par le projet pour améliorer les revenus des agriculteurs tout en préservant la nature.

5 ans plus tard, où en est la transition vers une culture résiliente de la noix de coco ? Les petits exploitants gagnent-ils suffisamment pour répondre aux besoins de leur famille ? Ont-ils réussi à augmenter la productivité de leur exploitation tout en préservant la santé des sols ? Voici les principaux leviers activés par le projet et les principaux résultats que l’on observe à ce jour.

Le projet noix de coco de Livelihoods en quelques mots :

Sur l’île de Mindanao, Livelihoods met en place une nouvelle chaîne d’approvisionnement durable, où les petits exploitants indépendants de noix de coco peuvent associer une production de qualité à de meilleurs revenus. Le projet a été lancé par le Fonds Livelihoods pour l’agriculture familiale (L3F), un fonds d’investissement à impact créé par Danone, Mars, Firmenich et Veolia pour transformer durablement leurs chaînes d’approvisionnement tout en améliorant les moyens de subsistance des petits exploitants.

Un modèle d’investissement innovant pour soutenir les agriculteurs et la préservation de la nature :

L3F a rassemblé une coalition d’acteurs privés et publics pour relever certains des défis économiques du secteur de la noix de coco aux Philippines.

Le fonds porte le risque d’investissement et préfinance les activités du projet afin de structurer une chaîne d’approvisionnement transparente et résiliente. Danone et Mars Incorporated, deux grandes marques alimentaires, se sont engagées à acheter la noix de coco produite par les agriculteurs à un prix équitable pendant 10 ans. Elles y parviennent par l’intermédiaire de Franklin Baker, l’un des principaux fabricants et exportateurs de produits à base de noix de coco, et principal fournisseur de Mars et de Danone.

Les activités sont mises en œuvre sur le terrain par la Fondation pour le développement rural intégré, (IRDF) une ONG locale renommée qui possède une longue expérience avec les petits exploitants.

Structurer une chaîne d’approvisionnement résiliente et de haute qualité avec 6 000 petits exploitants

Le projet met en place une nouvelle chaîne d’approvisionnement qui fournit aux agriculteurs les compétences, les infrastructures et le matériel nécessaires pour produire des noix de coco de haute qualité, mieux accéder au marché et améliorer leurs revenus. Depuis 2018, les agriculteurs impliqués dans le projet ont été formés à l’agriculture régénératrice afin d’améliorer la productivité de leurs exploitations tout en améliorant la santé des sols.

Globalement, le projet permet de mettre en œuvre un système d’approvisionnement direct : les 6 000 petits exploitants vendront leur récolte directement à Franklin Baker par l’intermédiaire de coopératives gérées par les agriculteurs eux-mêmes. Les coopératives s’appuient sur des réseaux d’associations d’agriculteurs au niveau des villages pour collecter les noix de coco et les acheminer en vrac par un point de collecte unique vers Franklin Baker, qui vendra à son tour les noix de coco transformées à Mars et à Danone.

Au niveau de l’exploitation : augmenter la productivité des terres et restaurer la santé des sols

Dans les provinces rurales de Davao del Sur et de North Cotabato, sur l’île de Mindanao, où le projet Livelihoods est mis en œuvre, 80 % des cultivateurs de noix de coco sont de petits exploitants qui possèdent moins de 2 hectares de terre. Des décennies de monoculture et d’agriculture intensive (cultures vivrières et commerciales) ont appauvri les sols. La productivité de l’exploitation a également été affectée par le vieillissement des cocotiers qui portent moins de fruits : 30 % des arbres de la zone du projet avaient plus de 50 ans et entraient donc dans une phase de déclin.

Le premier levier activé par le projet Livelihoods a été d’aider les agriculteurs à augmenter la productivité de leurs exploitations de noix de coco.

Pour cela, des activités de replantation ont été menées dans les zones nécessaires, ainsi que des techniques de couverture végétale (pour lesquelles les agriculteurs ont été spécifiquement formés) afin d’aider à renforcer la fertilité des sols et à maintenir la matière organique dans le sol, en particulier pendant la saison sèche.

Les agriculteurs du projet ont bénéficié d’un accompagnement spécifique, de formations et d’un accès à une main-d’œuvre abordable (par l’intermédiaire de groupes d’agriculteurs) pour réinvestir dans leurs exploitations. Ils ont été formés à des pratiques agricoles régénératrices pour booster la fertilité naturelle des sols et, ainsi la productivité de leur terre. 5 ans après le lancement du projet, la productivité a augmenté de 50% dans les exploitations qui ont adopté les principes de couverture végétale et d’agriculture régénératrice.

Avant : monoculture avec des arbres vieillissants ont entraîné une baisse de la fertilité des sols et une faible productivité.
Après : Intégration d’autres cultures vivrières
(café, bananes…) et de cultures vivrières annuelles (patates douces, gingembre…) et replantation de jeunes plants de cocotiers.

Améliorer l’accès au marché pour augmenter le revenu net des producteurs

Au niveau du marché, les petits producteurs de noix de coco de Mindanao ont souffert d’une chaîne d’approvisionnement dispersée avec de nombreux intermédiaires et des prix bas à la sortie de l’exploitation. Déconnectés de la demande réelle du marché et des utilisateurs finaux, les agriculteurs dépendaient fortement des avances en espèces et des négociants, ce qui les dissuadait d’investir dans leur production de noix de coco, qu’ils considéraient comme une source de revenus secondaire. Le projet Livelihoods s’est fixé comme priorité de structurer une chaîne d’approvisionnement transparente avec des entreprises engagées pour aider les agriculteurs à tirer le meilleur parti de leurs exploitations. Pour ce faire, le fonds Livelihoods pour l’agriculture familiale (L3F) a mis en place une coalition d’acteurs privés et publics impliquées à chaque étape de la chaîne de valeur. Le fonds L3F finance les activités du projet d’une part (apporter les compétences techniques aux agriculteurs pour adopter les pratiques d’agriculture régénératrice, activités de replantation…), l’ONG locale , IRDF, met à profit son expertise et son expérience en travaillant en direct avec les petits exploitants de noix de coco, tandis que Mars et Danone, tous deux investisseurs et partenaires de Livelihoods, se sont engagés à s’approvisionner en noix de coco du projet pendant 10 ans.

Dans les villages, des associations d’agriculteurs ont d’abord été créées pour organiser les campagnes de récolte, anticiper les volumes et préparer les livraisons. Ces unités sont également chargées de transporter les noix de coco depuis les exploitations jusqu’à des points de collecte spécifiques dans les villages. Des coopératives d’agriculteurs ont également été structurées pour assurer le lien entre les points de collecte dans les villages et la livraison des volumes à un fournisseur engagé – Franklin Baker – qui vend à son tour la noix de coco transformée à Mars et Danone par l’intermédiaire de ses usines locales.

Dans les villages, chargement des camions avec des noix de coco provenant des exploitations agricoles.
Transport des noix de coco depuis les exploitations…
jusqu’à l’usine de Franklin Baker, sans intermédiaire.

Un mécanisme de prix transparent a également été mis en place pour apporter aux agriculteurs et à Franklin Baker plus de visibilité et stabiliser la chaine d’approvisionnement à long terme. En vendant leurs noix de coco directement à Franklin Baker, les agriculteurs obtiennent une meilleure part de la valeur marchande. L’engagement supplémentaire de Mars et Danone sur le prix de la noix de coco a permis d’assurer un revenu plus confortable aux agriculteurs du projet, qui sont ainsi protégés des fluctuations des prix du marché.

Aujourd’hui, le projet a permis de créer 15 associations d’agriculteurs qui livrent des noix de coco de haute qualité directement à Franklin Baker, à un prix transparent. Plus de 34 000 tonnes de noix de coco ont déjà été livrées et les agriculteurs vendent leur production à un prix plus élevé : 10 % de plus par rapport aux négociants locaux traditionnels.

Intégrer de nouvelles cultures et activités agricoles pour diversifier les sources de revenus

La noix de coco représentant 20% du revenu des agriculteurs dans la zone du projet et étant récoltée tous les deux ou trois mois, un autre levier activé par Livelihoods et ses partenaires a été de diversifier les sources de revenu des agriculteurs. Grâce à la mobilisation de l’ONG locale IRDF, qui aide les agriculteurs à mieux gérer l’ensemble de leur exploitation, ces derniers ont été formés à intégrer des cultures entre les cocotiers et à les vendre sur les marchés locaux et internationaux. Des arbres plus petits qui prospèrent à l’ombre des cocotiers ont été plantés : bananes, cacao. Au niveau du sol : des cultures vivrières ou commerciales à court terme comme les patates douces, des légumes qui sont à la fois consommés par le foyer ou vendus (du gingembre ou du maïs) ont également été intégrés grâce à des initiatives spécifiquement adressées aux agricultrices. Ces cultures contribuent à améliorer la sécurité alimentaire des familles, ou sont vendues sur les points de vente locaux.

Aujourd’hui, une exploitation sur trois, récolte et vend des cultures intercalaires. Ces nouvelles cultures contribuent aussi à améliorer la fertilité des sols et donc la productivité globale de l’exploitation. Certains agriculteurs ont également intégré du bétail et des volailles dans leurs exploitations de noix de coco.

Voici le témoignage d’une agricultrice bénéficiaire du projet qui a réussi à améliorer ses revenus grâce à la production de cacao et de bananes (vidéo en anglais) :

En ce qui concerne la diversification des exploitations agricoles, le projet va encore plus loin en valorisant, par l’intermédiaire des unités villageoises, les coques de noix de coco. Alors que les coques de noix de coco étaient auparavant considérées comme des déchets agricoles et brûlées ou laissées à l’abandon dans les parcelles, elles sont aujourd’hui transformées (dans certaines zones du projet) et par la suite utilisée comme matériau de base pour concevoir des ficelles, des filets, des rouleaux ou des nattes pour l’horticulture et les chantiers de construction, à destination des marchés internationaux. A ce jour, le projet a permis d’ouvrir un centre de formation relié à un opérateur international pour valoriser les coques de noix de coco. Les femmes et les jeunes sont particulièrement impliqués dans cette activité, pour booster leurs compétences entrepreneuriales.

Préserver la santé du sol grâce à l’agriculture régénératrice

Tous les agriculteurs impliqués dans le projet sont formés aux pratiques d’agriculture régénératrice. Ces pratiques permettent d’augmenter la teneur en matière organique du sol et d’éviter la dégradation des ressources naturelles. À ce jour, 4 500 agriculteurs, dont 2 000 femmes, ont été formés à l’agriculture régénératrice.

En outre, les petits exploitants sont formés pour produire leur propre compost organique en utilisant du fumier animal et d’autres résidus agricoles. De plus, les couvertures végétales au pied des cocotiers contribuent à maintenir la matière organique des sols. Les cocotiers génèrent de grandes quantités de résidus (feuilles et coques) : les agriculteurs ont été formés à utiliser ces résidus au sol, autour des cocotiers, ce qui contribue à maintenir l’humidité du sol autour des racines.

En 2022, le projet a franchi un cap : les noix de coco biologiques transformées pour Danone proviennent désormais à 100 % d’agriculteurs certifiés du projet et dont les flux commerciaux sont tracés. Plus de 4 000 tonnes de noix de coco biologiques ont été produites.

Des agricultrices transportent les coques de noix de coco
Exploitation de noix de coco avec des agriculteurs qui appliquent la couverture végétale

Inscrivez-vous à notre webinaire du 4 avril !

Vous souhaitez en savoir plus ? Rejoignez notre webinaire du 4 avril, 13H00-15H00 CET, au cours duquel nous aborderons le thème : « Peut-on améliorer le revenu des agriculteurs tout en préservant la nature ? » (Note : cette session sera animée en anglais).

Nous partagerons les principaux enseignements tirés, analyserons les facteurs de réussite et les défis que représente la transformation de chaines d’approvisionnement à grande échelle. Le webinaire portera sur les projets noix de coco aux Philippines et vanille à Madagascar, de Livelihoods.

Nous donnerons la parole à nos partenaires locaux qui agissent au quotidien, sur le terrain pour soutenir les petits exploitants et la résilience de la nature.

]]>
Pour des foyers de cuisson améliorés https://livelihoods.eu/fr/in-defence-of-clean-cookstoves/ Tue, 03 Jan 2023 16:00:25 +0000 https://livelihoods.eu/?p=17626 RÉDUIRE EST TOUT AUSSI IMPORTANTE QUE RETIRER DES ÉMISSIONS CARBONE

Une décennie. Voici le temps dont dispose l’ensemble de l’humanité pour trouver des solutions qui permettent de limiter les effets dévastateurs du dérèglement climatique. Les débats récents sur le marché volontaire du carbone, qui ont établi que retirer des émissions carbone (retirer les émissions de gaz à effet de serre de l’atmosphère grâce à la plantation d’arbres par exemple) était plus efficace que de les éviter (réduire les émissions), sont en train d’évoluer. Dans le cadre de la lutte contre la crise climatique, l’initiative Science Based Targets (SBTi), qui accompagne plus de 4 000 entreprises et institutions financières pour réduire leurs émissions conformément à la science du climat, encourage désormais toutes les entreprises à prendre des mesures immédiates, au-delà des efforts de réduction réalisés au sein de leurs chaînes de valeur. Les projets de foyers améliorés qui contribuent à la lutte contre la déforestation sont l’une des nombreuses solutions qui contribuent à limiter le réchauffement climatique à 1,5°C.

Chez Livelihoods, en plus de nombreux projets de reforestation, d’agroforesterie et d’agriculture régénérative, nous investissons depuis 10 ans nous aidons les familles rurales à s’équiper en foyers améliorés, qui bénéficient leur santé et réduisent la déforestation et la dégradation des forêts.  Car la réalité est que les habitants des zones rurales des économies émergentes dépendent du bois ou du charbon de bois pour nourrir leurs familles. Et que les fumées nocives dégagées par les fourneaux traditionnels et inefficaces tuent près de 4 millions de personnes chaque année.

Est-il plus efficace de fournir un accès à des fourneaux de haute technologie, comme le gaz ou l’électricité, à 10% des familles rurales qui peuvent se le permettre ? Ou d’équiper 90 % d’entre elles avec des fourneaux propres qui réduisent la consommation de bois jusqu’à 60 % ? Est-il plus durable de planter un nouvel arbre ou d’éviter d’en couper un ? La réalité se trouvant sans doute quelque part entre les deux, nous avons une conviction : les technologies des foyers améliorés doivent être adaptées aux contextes locaux et offrir aux communautés locales de nouvelles opportunités économiques en plus de préserver la santé et les forêts.

De nombreuses familles rurales dépendent encore des forêts pour nourrir leurs familles

Dans les zones rurales de la plupart des pays en développement, les populations dépendent encore fortement des combustibles solides tels que le bois et le charbon de bois pour cuire leurs aliments. Au total, 2,6 milliards de personnes dépendent cuisent leurs aliments sur des feux ouverts « à trois pierres » ou sur des poêles inefficaces qui exercent une pression croissante sur les forêts et les terres boisées restantes. Dans les zones rurales du Kenya, par exemple, un ménage consomme en moyenne entre 5 et 12 kg de bois par jour, ce qui représente une quantité importante mais nécessaire lorsqu’on utilise des méthodes de cuisson traditionnelles. Les femmes consacrent plusieurs heures de dur labeur par jour à aller chercher du bois, qu’elles récoltent dans des réserves naturelles, des forêts ou des parcs, qui se trouvent à plusieurs kilomètres de distance à pied. Elles reviennent au village avec portant une vingtaine de kilos de bois sur le dos, quand et si le bois est disponible. Car dans d’autres régions, comme dans les villages du nord du Sénégal, il arrive que les femmes reviennent les mains vides, en raison d’un fort taux de déforestation.

Des villageoises qui transportent 20 kilos de bois provenant des forêts environnantes
…et qui retournent au village (comté d’Embu, Kenya)

La cuisson inefficace des aliments nuit aux forêts et au climat…

Il est illusoire de croire que des solutions alternatives comme le gaz ou l’électricité seront bientôt accessibles à la plupart des familles rurales. Dans de nombreux pays africains où les villes se développent rapidement en raison d’une forte pression démographique, le bois reste une source d’énergie essentielle et sa demande n’a cessé d’augmenter au cours des 30 dernières années. Le bois de chauffage représente l’essentiel de la consommation en énergie des ménages. Le gaz ou l’électricité n’étant accessibles que lorsqu’ils sont subventionnés par le gouvernement, le bois reste de loin la source d’énergie la plus utilisée dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne. En réalité, la demande en bois comme combustible représente près de la moitié des arbres retirés des forêts mondiales et plus des trois quarts en Afrique et en Asie.

En plus d’exercer une pression sur les forêts, les feux ouverts traditionnels sont inefficaces, car le bois ou autres combustibles solides tels que le charbon de bois, les résidus de récolte ou le fumier, ne brûlent pas efficacement et émettent des fumées toxiques. Ces fumées toxiques comprennent des gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbone (CO2) et autres polluants atmosphériques comme le carbone noir. Communément appelé suie, le carbone noir est le deuxième plus grand contributeur au changement climatique après le CO2.

Cuisine traditionnelle à feu ouvert et fumées toxiques dans une maison rurale du comté d’Embu, au Kenya.

… et sont la cause de 4 millions de décès prématurés par an

Inefficient stoves also expose the whole household to air pollution, as the thin particles of the black carbon and other toxic gases can easily find their way deep into lungs and the bloodstream. The inhalation of such particles causes diseases such as childhood pneumonia, chronic obstructive pulmonary disorder, heart disease, stroke, and lung cancer. And the numbers are alarming: every year, up to 4 million premature deaths worldwide are caused by household air pollution from inefficient cooking, lighting, and heating.

Exposure to household air pollution also directly affects pregnant women and their infants. According to the Clean Cooking Alliance [5] when pregnant women are exposed to household toxic smokes, their infants are at increased risk for stillbirth, low birth weight and decreased lung function. In sub-Saharan Africa and Asia, 450,000 children under 5 years old die prematurely, each year.

Les foyers améliorés peuvent sauver des vies et des arbres

Au cours des dernières décennies, il a été prouvé que les fourneaux améliorés ont un impact positif direct sur la santé des femmes et de leurs familles, car ils réduisent considérablement les émissions de fumées toxiques. La Clean Cooking Alliance mentionne des améliorations avérées sur la santé telles que : la réduction des cas de pneumonie grave chez les jeunes enfants, la réduction de la durée des infections respiratoires chez les enfants, la baisse de la pression artérielle chez les femmes enceintes, l’augmentation du poids et de l’âge gestationnel à la naissance.

L’expérience terrain de Livelihoods montre que les foyers améliorés permettent de réduire la consommation de bois de chauffage jusqu’à 60%, un point critique surtout dans les zones qui souffrent de désertification. Le projet de Livelihoods mis en œuvre au Kenya est situé autour du Mont Kenya, le deuxième plus haut sommet d’Afrique qui culmine à 5 200 mètres. Cette région montagneuse est un bassin versant essentiel non seulement pour la population qui vit autour, mais aussi pour tout le pays ainsi que l’Afrique de l’Est. Grâce aux fourneaux efficaces du projet, il y a moins de pression sur le parc national qui protège la zone la plus élevée des montagnes, les agriculteurs récoltent et ramassent moins de bois dans leur ferme ou aux alentours, et cela contribue à réduire l’érosion des sols.

Mis en œuvre dans le comté d’Embu depuis 2014 et dans le comté de Tharaka Nithi depuis 2019, le projet Livelihoods-Hifadhi au Kenya rencontre un grand succès, les familles rurales ayant été équipées en fourneaux améliorés. 120 000 foyers en bénéficient à ce jour, ce qui permet d’améliorer le quotidien de plus de 500 000 personnes. À ce jour, les foyers améliorés ont permis de sauver l’équivalent de plus de 60 000 arbres par an. Lorsqu’une famille s’inscrit au projet, non seulement elle reçoit un poêle propre, mais elle est formée à son utilisation et à son entretien, ainsi qu’aux pratiques culinaires et aux aspects nutritionnels fondamentaux.

En outre, toutes les familles reçoivent des plants d’arbres à planter dans leur ferme ou à proximité. Au total, 360 000 arbres ont été plantés grâce au projet, soit l’équivalent de 450 hectares de forêt. Dans la région très sèche du Nord du Burkina Faso, où le bois est rare, les fourneaux efficaces distribués à 30 000 ménages dans le cadre du projet Livelihoods-Tiipaalga permettent d’économiser plus de 45 000 arbres par an et de réduire de 60 % la consommation de bois à usage domestique.

Il n’existe pas de technologie « universelle » : le modèle de foyers améliorés doit être adapté aux contextes locaux

Équiper les familles rurales de fourneaux propres est une chose. Mais adapter le bon type de technologie et/ou de matériel aux réalités locales, comme le niveau de revenu de la famille, en est une autre. Livelihoods soutient plus de 300 000 ménages au Pérou, au Burkina Faso, au Kenya, au Malawi et au Népal. Mais les fourneaux distribués sont toujours produits localement dans ces pays et génèrent des emplois pour les communautés qui en bénéficient.

Au Burkina Faso, un modèle adapté à un taux de pauvreté élevé

En 2014, avec l’ONG locale Tiipaalga, Livelihoods a lancé une initiative sur 10 ans au Burkina Faso pour équiper 30 000 familles rurales de foyers améliorés. Dans cette région du monde qui souffre fortement de la pauvreté, notamment pendant la saison sèche, les foyers sont fabriqués à partir d’ingrédients d’origine locale tels que le fumier, la paille, l’eau et l’argile. Ils sont facilement accessibles aux ménages ruraux, et ce gratuitement. Grâce aux équipes de terrain de l’ONG Tiipaalga, les fourneaux sont parfaitement adaptés au contexte local : ils réduisent la consommation de bois de 60% dans cette région aride où la désertification s’accélère, et diminuent les émissions de fumées toxiques.

Dans les provinces de Bam et Loroum, où se situe le projet Livelihoods, les femmes cuisinent souvent pour une grande famille de 10 à 15 personnes. C’est pourquoi elles ont construit plusieurs fourneaux, proches les uns des autres et peints de leurs propres mains. Les fourneaux sont installés à l’extérieur de leurs maisons qui sont ainsi protégées des fumées.

Des fourneaux efficaces et colorés, placés en rang à l’extérieur des maisons pour nourrir toute la famille (Burkina Faso)

De plus, les familles rurales sont formées pour construire leurs propres fourneaux et les distribuer dans les villages, contribuant ainsi à la création d’emplois. Comme les fourneaux améliorés consomment moins de bois, les familles dépensent moins d’argent pour acheter du bois de chauffage et peuvent donc utiliser cet argent pour subvenir à d’autres besoins du foyer. Les ménages économisent entre 50 et 100 euros par an, qu’ils utilisaient auparavant pour acheter du bois de chauffage.

Des villageois construisent un foyer amélioré avec des matériaux locaux au Burkina Faso

Au Kenya, au Népal et au Malawi, les fourneaux améliorés créent de l’emploi

Au Kenya, au Népal et au Malawi, les fourneaux propres sélectionnés par Livelihoods sont tous construits par des petites entreprises et/ou des artisans locaux. Au cours des dix dernières années, dans le comté d’Embu, au Kenya, Livelihoods a aidé 120 000 familles en les équipant en fourneaux efficaces, fabriqués pour la plupart à partir de pièces de métal et de céramique d’origine locale. Le projet et les foyers eux-mêmes sont appelés « Hifadhi », qui signifie « préserver » en swahili, la langue locale. Ils sont très économes en énergie grâce à un revêtement en céramique qui améliore la combustion et conserve la chaleur plus longtemps pendant la cuisson. L’utilisation de ces fourneaux a un impact positif sur la santé des bénéficiaires qui sont moins exposés aux fumées toxiques. Les fourneaux génèrent également de l’emploi, pour les distribuer, les entretenir ou les remplacer lorsque c’est nécessaire.

Des ambassadeurs locaux sont chargés de la promotion et de la vente des fourneaux. Ils sont responsables de la formation des utilisateurs et s’assurent qu’ils restent fonctionnels. Au total, environ 150 emplois directs et indirects ont donc été créés et 150 autres le seront au cours des 10 prochaines années du projet. De plus, un récent audit de terrain réalisé dans la zone du projet a mis en évidence que 80% des ambassadeurs et 72% des artisans sont des femmes.

Des villageoises formées pour construire des foyers améliorés au Malawi.

Au Malawi, 270 emplois seront également directement créés ou soutenus pour la distribution d’un total de 60 000 fourneaux efficaces dans les villages. Au Népal, un projet récemment lancé avec l’ONG locale Practical Action permettra de créer plus de 450 emplois directs et indirects pour la distribution de 75 000 fourneaux.

Globalement, dans toutes les zones géographiques où Livelihoods opère avec des partenaires locaux, la vie quotidienne des femmes est considérablement améliorée. Comme moins de bois est nécessaire pour cuisiner, les femmes économisent environ 2 à 3 heures par jour sur les activités de collecte de bois et/ou économisent de l’argent sur l’achat de bois de chauffage. Elles peuvent ainsi consacrer plus de temps à d’autres activités tandis que leurs enfants (souvent leurs filles) ont plus de temps pour aller à l’école.  

Quelles conditions pour mettre en œuvre des projets de foyers améliorés ?

1. Atteindre les villages et les familles isolées

Il s’agit d’équiper les ménages qui n’ont pas accès aux énergies alternatives, qui sont déconnectés et éloignés des villes, et qui dépendent directement des ressources naturelles pour nourrir leurs familles. Il s’agit de fournir aux villages « du dernier kilomètre » des solutions de cuisson qui améliorent leur santé et préservent leur environnement. Pour Livelihoods, cela représente 120 000 familles équipées de fours efficaces au Kenya, 30 000 au Burkina Faso, mais aussi 30 000 au Pérou, et bientôt 60 000 au Malawi (près de 40 000 familles équipées à ce jour) et 72 000 au Népal (projet lancé fin 2022). Chacun de ces fourneaux est tracé, porte le nom de la propriétaire, et est donc lié à une famille bien précise.

2. Mesurer l’efficacité des fourneaux sur 10 ans

La mission des fonds Livelihoods est d’atteindre les ménages isolés qui ne pourraient bénéficier des foyers améliorés en l’absence de projet et s’appuie sur des groupes de femmes bien organisés pour sensibiliser aux impacts sanitaires et environnementaux des foyers traditionnels, et qui présentent les avantages et le fonctionnement des nouveaux foyers. Lorsque les femmes sont convaincues de ces impacts positifs, elles expriment leur volonté de s’en procurer un, et quelques semaines plus tard, des représentants du projet viennent dans les villages pour distribués les foyers commandés. Chaque foyer distribué grâce au modèle des Fonds Carbone Livelihoods, est tracé, son efficacité ainsi que son impact carbone sont mesurés. Sur une période de 10 ans, l’efficacité et l’utilisation des poêles propres sont mesurées chaque année, et les crédits carbone générés sont remis à nos partenaires investisseurs.

3. Un engagement fort de la part de nos partenaires locaux, malgré des contextes politiques complexes

Parfois, accéder aux familles les plus isolées demande des efforts considérables dans des contextes politiques complexes. Dans le terrible contexte des attaques djihadistes qui terrorisent le pays depuis 2015 et le nord du Burkina Faso (où le projet est mis en œuvre) depuis 2018, les équipes de Tiipaalga agissent avec courage et ténacité pour poursuivre les activités du projet. Évitant les zones à trop grand risque, gardant le contact avec les habitants du Bam et du Loroum et soutenant leurs équipes, elles ont fait les meilleurs efforts pour maintenir les activités du projet.


[1] L’initiative Science Based Targets (Objectifs Fondés sur la Science) a été lancée en 2015 par le CDP (Carbon Disclosure Project), le Pacte mondial des Nations Unies, le World Resources Institute (WRI) et le Fonds Mondial pour la Nature (WWF). Son objectif est d’aider les entreprises à fixer des objectifs de réduction des émissions de carbone en accord avec les preuves apportées par la science du climat. Après s’être concentrée sur les initiatives « Corporate Net-Zero » (au sein de la chaîne de valeur de chaque entreprise), la norme encourage, depuis septembre 2022, toutes les entreprises à prendre des mesures immédiates au-delà de leurs chaînes de valeur et à soutenir les activités qui évitent/réduisent ou suppriment les émissions carbone. En savoir plus sur le SBTi qui s’est imposé comme une voix faisant autorité et une référence dans le secteur du climat : https://sciencebasedtargets.org/

[2] Source : Organisation Mondiale de la Santé, 2018: https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/household-air-pollution-and-health

[3] Climate Pal (EcoAct) : https://forestindustries.eu/content/clean-cook-stoves-promote-sustainability-local-resources

[4] Source : https://europa.eu/capacity4dev/articles/replacing-traditional-cooking-stoves-gas-stoves-transforming-lives

|5] La Clean Cooking Alliance est une organisation à but non lucratif qui agit avec le soutien des Nations unies pour promouvoir les technologies de cuisson propres dans les pays en développement : https://cleancooking.org/

[6] Source, donnée sur la santé publiées par la Clean Cooking Alliance: https://cleancooking.org/wp-content/uploads/2022/05/CCA-Health-Factsheet-ENGLISH.pdf

|7] Estimations faites avec des arbres d’environ 10m de hauteur et 30cm de diamètre.

]]>
10 leçons tirées de l’expérience Livelihoods pour des projets carbone à forte valeur ajoutée https://livelihoods.eu/fr/10-key-learnings-from-livelihoods-to-achieve-high-value-carbon-projects/ Thu, 03 Nov 2022 18:44:26 +0000 https://livelihoods.eu/10-key-learnings-from-livelihoods-to-achieve-high-value-carbon-projects/ Mis en œuvre en Asie, en Afrique, en Amérique latine et plus récemment en Europe, les projets Livelihoods poursuivent la mission qui est au cœur des Fonds Livelihoods depuis leur création en 2009. Il s’agit de restaurer les écosystèmes naturels qui sont les fondations de la vie sur Terre, mais aussi des moyens de subsistance des communautés rurales. Réunissant des coalitions d’acteurs qui s’engagent sur le long terme (10 à 20 ans), les projets Livelihoods prennent tous en compte les impacts sociaux, environnementaux et économiques locaux. Des plantations de caféiers dans la vallée d’Araku en Inde aux milliers d’hectares de mangroves sur l’île de Sumatra, en Indonésie, en passant par les petites parcelles de vanille à Madagascar, les communautés rurales et agricoles sont les principaux acteurs du changement. Car leurs moyens de subsistance dépendent à la fois des écosystèmes naturels et des terres qu’elles cultivent.

Voici 10 enseignements clés tirés de notre expérience avec ces communautés locales. Ensemble, nous agissons pour réussir des projets de transformation à grande échelle, notamment :

1. Restaurer les fondations de la maison Terre

Un archipel d’îles situé dans le delta du Gange, les Sundarbans forment le plus grand écosystème de mangroves estuariennes au monde. La forêt des Sundarbans, qui abrite 4,5 millions d’habitants, est un écosystème fragile menacé par le changement climatique, l’élévation rapide du niveau de la mer et les cyclones. En partenariat avec l’ONG locale indienne NEWS (Nature Environment and Wildlife Society), Livelihoods a lancé en 2009 un projet de restauration de la mangrove sur 20 ans pour restaurer la biodiversité, protéger les communautés côtières des inondations et créer de nouvelles opportunités économiques. Avec plus de 16 millions de mangroves restaurées, le projet a permis de recréer une riche biodiversité locale : poissons, oiseaux, crevettes et autres crustacés sont de retour. Aujourd’hui, on compte 500 collecteurs de crabes au lieu de 50 avant le lancement du projet, synonyme de sécurité alimentaire et de meilleurs revenus pour les communautés locales.

En savoir plus sur le projet

2. Diversifier et augmenter les revenus et la sécurité alimentaire des populations locales

Dans l’Est de l’Inde, la vallée de l’Araku est entièrement habitée par des tribus indigènes. Il s’agit d’une région isolée qui a été fortement déboisée pendant la colonisation britannique. La forêt, dont dépendaient les moyens de subsistance des Adivasis, avait disparu, accentuant la situation de précarité des agriculteurs. En 2010, Livelihoods et la Fondation Naandi (ONG locale renommée) ont ensemble aidé les habitants des tribus à régénérer leur forêt grâce à des pratiques foncières durables. Grâce à ce projet d’agroforesterie à grande échelle d’une durée de 20 ans, les agriculteurs ont appris à fabriquer leur propre compost, à accroître la fertilité des sols et même à produire leur propre « café araku » biologique et de haute qualité, qui est désormais vendu dans le monde entier. Ils ont appris à régénérer leur forêt, mais aussi à couper du bois de chauffage de manière durable et à chauffer leurs maisons, à cultiver la terre et à gérer les ressources naturelles et le bétail de manière durable.

Pour en savoir plus sur le projet, lisez notre interview de Manoj Kumar, PDG de la Fondation Naandi

3. Préserver et restaurer la biodiversité

Pendant des décennies, des millions de petits exploitants agricoles des économies émergentes ont cultivé l’huile de palme pour gagner leur vie. Aujourd’hui, les défis qu’ils doivent relever sont nombreux : de la concurrence avec les grandes plantations à la baisse de productivité ou au manque de moyens financiers pour régénérer leurs arbres vieillissants, les petits exploitants sont exclus de la transition durable de la filière. Livelihoods a lancé en 2021 un projet sur 10 ans pour aider 2 500 petits exploitants d’huile de palme à opérer un changement durable de la chaîne d’approvisionnement sur l’île de Sumatra, en Indonésie. Le projet permet de structurer une chaîne d’approvisionnement transparente et sans déforestation grâce à des modèles agroforestiers adaptés localement et à des pratiques d’agriculture régénérative qui booste la biodiversité locale. Le projet contribue à régénérer 8 000 hectares dans des zones d’exploitation dégradées, ainsi qu’à restaurer 3 500 hectares supplémentaires de biodiversité locale.

En savoir plus sur le projet palme en Indonésie

4. Une approche systémique pour transformer nos modèles agricoles

Première région agricole de France et troisième d’Europe, la Bretagne a placé l’agroécologie au cœur de sa stratégie économique, sociale et environnementale. Il y a environ 20 ans, une poignée d’agriculteurs du département du Finistère, motivés pour restaurer la santé des sols, se sont lancés dans une nouvelle approche : l’agriculture régénérative. Avec pour objectif principal de conserver les propriétés organiques du sol, l’agriculture régénérative est un modèle de production agroécologique qui vise à augmenter la matière organique du sol pour améliorer sa fertilité. En 2021, Livelihoods a lancé son tout premier projet en Europe, dans la région Bretagne, pour aider 100 agriculteurs à réussir la transition vers l’agriculture régénérative. Le projet permet de passer à un modèle agricole basé sur des sols plus sains, plus de biodiversité, une baisse des coûts de production et des conditions plus attractives pour la nouvelle génération d’agriculteurs.

En savoir plus sur le projet Livelihoods en Bretagne

5. Les communautés locales 100% impliquées dans les projets

Lancé en 2009, le projet de restauration des mangroves de Livelihoods au Sénégal visait à restaurer un écosystème fragile qui protège les terres arables de la salinisation et produit des ressources halieutiques (poissons, coquillages, crustacés) et du bois. Mis en œuvre avec l’ONG sénégalaise OCEANIUM, ce projet d’envergure a impliqué plus de 200 000 habitants dans 450 villages, qui ont planté de leurs propres mains 10 000 hectares de mangroves. 12 ans plus tard, une étude d’impact social a mesuré les retombées sociales et économiques de ce projet et les résultats sont prometteurs : grâce aux mangroves restaurées, le poisson est de retour (on compte plus de 4 200 tonnes de prises par an) ainsi que les crevettes, les crabes, les coquillages, la salade de palétuviers, le miel et le fourrage. Aujourd’hui encore, les villageois locaux agissent au quotidien dans l’estuaire de la Casamance pour protéger « leur » mangrove et ce programme de restauration reste l’une des actions dont ils sont le plus fiers.

Lire les résultats de l’étude (en anglais)

6. Femmes agricultrices et actrices du changement

07. Hifadhi Kenya

En Amérique latine, en Afrique et en Asie, les fumées nocives dégagées par les fourneaux traditionnels tuent près de 4 millions de personnes chaque année. Selon la Clean Cooking Alliance, la cuisson sur des feux ouverts polluants ou des fourneaux non durables émet plus d’un quart des émissions mondiales de carbone noir, soit le deuxième facteur de changement climatique après le dioxyde de carbone. Pourtant, les foyers améliorés qui assurent une meilleure combustion du bois et génèrent moins de fumées peuvent faire une différence significative. Fabriqués à partir de matières premières locales, ces foyers améliorent directement la santé des familles bénéficiaires car elles sont moins exposées aux fumées toxiques.

Dans le comté d’Embu, au Kenya, Livelihoods a équipé 120 000 familles de foyers améliorés qui permettent de réduire la consommation de bois de 60 %, contribuant ainsi à préserver les forêts et à protéger le bassin versant du mont Kenya qui alimente les villages environnants en eau. À date, le projet a permis de préserver l’équivalent de 1 200 hectares de forêt et de planter 1 million d’arbres.

En savoir plus sur le projet

8. Investir sur le long terme

La chaîne de montagnes du Cerro San Gil, qui borde le Guatemala, le Honduras et le Belize, est une source d’eau importante et l’un des plus beaux trésors de biodiversité de la côte caraïbe. Elle est classée réserve naturelle. Mais cette région a été gravement menacée par l’impact de la pression humaine, les communautés rurales étant continuellement repoussées vers le haut des collines, contraintes de trouver de nouvelles terres à cultiver. L’élevage de bétail, les techniques de culture sur brûlis et la monoculture ont exacerbé ce problème en appauvrissant les sols.

Mis en œuvre par l’ONG locale Fundaeco, le projet d’agroforesterie Livelihoods à Cerro San Gil est un projet de reforestation et d’agroécologie à grande échelle mis en œuvre avec les communautés Q’eqchi’, pour préserver leurs ressources naturelles. Lancé en 2014, le projet a permis de planter 4 millions d’arbres et de plantes de différentes espèces (agrumes, café, cardamome, cacao, acajou, laurier, cèdre…), dont des plantations de caoutchouc avec de la cardamome : les forêts tropicales du Guatemala sont idéales pour la culture de la cardamome dont l’huile coûteuse est utilisée en cuisine, en aromathérapie et même en parfumerie. Près de 2 000 hectares de terres ont déjà été restaurés.

En savoir plus sur le projet Livelihoods au Guatemala

9. Contribuer à la résilience

Sundarbans cyclone

Né à la suite du cyclone Aila qui a frappé les îles Sundarbans en 2009, le projet de restauration de la mangrove de Livelihoods a permis de restaurer plus de 16 millions d’arbres pour former une barrière naturelle contre les inondations. Malheureusement, le cyclone Amphan qui a frappé le Bengale, dans l’est de l’Inde, le 20 mai 2020 a à nouveau fragilisé les îles. Amphan serait la tempête tropicale la plus dévastatrice dans la région depuis 1999. Avec des vents de 265 kilomètres par heure et de fortes précipitations, le cyclone a particulièrement touché Kolkata et les Sundarbans. Mais les 4 000 hectares de mangroves restaurés dans le cadre du projet Livelihoods et en collaboration avec les communautés locales n’ont pas bougé. Près de dix ans plus tard, les mangroves restaurées ont fait office de barrière naturelle au cyclone Amphan, préservant ainsi les digues des inondations et de la salinisation. Toutes les populations locales ont été évacuées dans des abris, donc toutes protégées du cyclone.

En savoir plus sur les mangroves des îles Sundarbans

10. Une nouvelle génération d’agriculteurs

Deuxième épice la plus chère au monde après le safran, la vanille est parmi les préférées des consommateurs. Mais c’est aussi une industrie très complexe et fragile en raison d’une forte spéculation, d’un manque de transparence et d’une forte exposition au changement climatique. A Madagascar, principal exportateur mondial, la pauvreté rurale atteint jusqu’à 81%. A Madagascar, premier exportateur mondial, le taux de pauvreté rurale atteint les 81%.

En 2015, Livelihoods et une coalition de partenaires à chaque étape de la chaîne de valeur, ont lancé un projet de 10 ans pour construire une chaîne d’approvisionnement durable en vanille avec 3 000 petits exploitants agricoles. Le projet a permis de créer une coopérative pour mieux connecter les agriculteurs au marché, tout en préservant 4 500 hectares au sein d’une forêt tropicale unique et riche en biodiversité : Pointe à Larrée. De plus, le projet a permis d’ouvrir une école d’agriculteurs pour former la jeune génération. En décembre 2021, l’école a pu célébrer ses premiers diplômés. Cinq ans après son lancement, un audit social a montré les résultats prometteurs du projet, démontrant que la transition vers une vanille résiliente et de qualité est bel et bien en cours.

Découvrez les résultats de l’audit social

]]>
COP 27 Marchés du carbone : contribution à un monde vivable ou nouvelle bulle spéculative ? https://livelihoods.eu/fr/cop-27-are-carbon-markets-a-solution-to-a-more-sustainable-world-or-a-new-speculative-bubble/ Thu, 03 Nov 2022 18:29:16 +0000 https://livelihoods.eu/cop-27-are-carbon-markets-a-solution-to-a-more-sustainable-world-or-a-new-speculative-bubble/ Par Bernard Giraud, Président de Livelihoods Venture

On ne compte plus les initiatives depuis les innombrables start-ups qui proposent de planter des arbres, d’acheter ou vendre des crédits carbone, les entreprises de plus en plus nombreuses qui cherchent à compenser leurs émissions ou les annonces d’investisseurs promettant des rendements financiers attractifs. Attirés par la perspective ou l’espoir d’une forte croissance des prix du carbone promise par beaucoup d’experts, des investisseurs financiers s’intéressent aujourd’hui à des activités qu’ils négligeaient jusqu’à présent parce que peu rentables et trop risquées.

Dans ce maëlstrom, on note un intérêt croissant pour les « solutions basées sur la nature » comme on les appelle : lutte contre la déforestation, restauration d’écosystèmes naturels, agriculture bas carbone, océans, etc. On peut se réjouir de voir arriver de nouveaux acteurs et de voir ce secteur enfin décoller et mobiliser des capitaux privés en complément des investissements publics. Les enjeux et les besoins sont tels à l’échelle de la planète que ce mouvement doit être fortement soutenu et encouragé. Mais pour que cet engouement pour la finance carbone contribue à des solutions réellement durables et ne se termine pas dramatiquement par l’éclatement d’une bulle spéculative, il convient de fixer et respecter un certain nombre de règles.

Bernard Giraud
Bernard Giraud, Président & Co-Fondateur de Livelihoods Venture

Réduction contre compensation ? Un faux débat

La première de ces règles est que la compensation des émissions de carbone ne doit pas se substituer aux efforts de réduction. La priorité pour chaque acteur, qu’il soit privé ou public est d’engager une profonde transformation vers des pratiques bas-carbone. Cela étant, aucun acteur n’atteindre l’objectif « zéro net » par la seule réduction. La compensation a donc un rôle important à jouer et cela n’a pas de sens d’opposer réduction et compensation. Ne nous trompons pas de combat. Les fonds Livelihoods investissent depuis 2009 dans de grands programmes et livrent chaque année des volumes importants de crédits carbone certifiés aux entreprises qui ont investi dans nos fonds pour compenser les émissions qu’elles n’ont pas encore pu réduire. Plus important encore, les investissements réalisés ont des impacts sociaux et environnementaux très significatifs pour les populations locales. Qu’avons-nous appris au cours de cette décennie ?

Tous les projets carbone ne se valent pas

D’abord que tous les « projets carbone » ne se valent pas. Par exemple, investir dans une plantation d’arbres d’une seule même espèce sur des centaines d’hectares permet certes de constituer un « puits de carbone » et donc d’obtenir des crédits carbone certifiés. Mais une telle plantation a-t-elle les mêmes impacts sur la biodiversité ou les conditions de vie des populations locales qu’un projet d’agroforesterie accompagnant des centaines de producteurs à adopter des pratiques agricoles durables ?  Suffit-il de « planter des arbres » ou plus largement de créer les conditions pour que ces arbres prospèrent ? Est-ce qu’une plantation industrielle en monoculture a la même valeur qu’un investissement dans la préservation ou la restauration d’une forêt qui est un écosystème vivant et riche en biodiversité ? D’un point de vue purement économique ou du stockage de carbone, ces projets peuvent rivaliser. Leurs impacts sont pourtant très différents. Regarder un projet sous le seul angle du rendement carbone ou de sa rentabilité financière peut conduire à des erreurs dramatiques. Car nous sommes confrontés à la nécessité de transformer en profondeur les systèmes de production actuels. Cette transformation doit prendre en compte la diversité des enjeux environnementaux mais aussi sociaux.

Les projets soutenus par les fonds Livelihoods réussissent parce qu’ils s’appuient sur les aspirations des communautés rurales. Ils contribuent à des solutions durables du point de vue environnemental mais aussi à améliorer les conditions de vie des agriculteurs et de leur famille. Ces projets de transformation systémique sont évidemment plus complexes à concevoir et à réaliser. Ils requièrent des savoir-faire assez spécifiques, une préparation longue avec des équipes compétentes, des partenaires de grande qualité. Ils obligent à se donner du temps et les moyens d’accompagner cette transformation sur la durée. Ils nécessitent qu’on ait le courage d’investir en prenant certains risques afin de fournir les ressources financières qui font souvent défaut à des communautés rurales pauvres.

Une transformation systémique des modèles agricoles

Un enjeu majeur de la finance carbone est sa contribution à la transformation de l’agriculture pour répondre à la fois aux besoins alimentaires et environnementaux. Au nord, comment accompagner des exploitations agricoles modernes dans leur mutation vers une agriculture à basse intensité carbone, qui restaure la fertilité des sols, la biodiversité tout en maintenant un bon niveau de production à l’hectare. Au sud, comment accompagner les centaines de millions de petites fermes familiales pour assurer un revenu décent par des pratiques agricoles qui ne conduisent pas à la destruction des ressources naturelles encore disponibles. Les Fonds Livelihoods travaillent avec des entreprises qui transforment des matières premières issues de l’agriculture pour l’alimentation ou d’autres produits.

Ces entreprises ont compris la nécessité d’appuyer ces transformations en amont de leurs activités industrielles et commerciales. Elles sont de plus en plus nombreuses à se fixer des objectifs de tonnages et d’hectares convertis aux pratiques d’agriculture régénératrice. Cette mutation nécessaire est complexe et pleine d’embûches. Aucune catégorie d’acteurs peut à elle seule réussir cette mutation. Nous avons besoin de coalitions opérationnelles permettant aux acteurs de la chaîne alimentaire de travailler ensemble sur des projets concrets à l’échelle d’un territoire : agriculteurs et leurs organisations, entreprises, ONG, recherche, pouvoirs publics, etc. C’est en combinant les ressources financières et les compétences de tous ces acteurs que la transition devient accessible à chacun.

Rôle des États : définir des règles claires et trouver le bon équilibre

Depuis les Accords de Paris, les États ont pris des engagements de réduction de leur empreinte carbone et la plupart d’entre eux sont en train de définir les règles qui s’appliqueront dans leur pays en matière d’attribution des droits carbone et de transfert de ces droits dans le cadre de l’Article 6 des Accords de Paris. La question cruciale de la solidarité et de la justice entre des pays anciennement ou récemment développés fortement émetteurs et des pays en développement faiblement émetteurs et fortement exposés aux effets du changement climatique, est au cœur des négociations internationales depuis de trop nombreuses années. Les financements privés apportés grâce aux projets du « carbone volontaire » ne peuvent être qu’une contribution en complément d’accord étatiques d’une tout autre ampleur.

Mais cette contribution peut être significative pour beaucoup d’États en se concentrant sur des projets de solutions basées sur la nature qui trouvent difficilement à se financer. Les efforts des États et ceux des investisseurs privés de la « finance carbone » ne doivent pas être opposés dans des débats stériles sur la « double comptabilité ». Les impacts carbone générés par ces projets bénéficient tout autant aux territoires et aux populations qu’aux investisseurs qui ont pris le risque de les financer. Il ne s’agit pas d’opposer les approches mais au contraire de rechercher les synergies : les États ont tout intérêt à attirer des financements leur permettant d’avancer vers leurs objectifs climat et les investisseurs ont besoin d’un cadre défini et de règles claires qui sécurisent leurs droits.    

Le bon grain et l’ivraie

Mais quels investissements ? En observant les motivations principalement financières de certains acteurs de la « finance carbone » et leur souci de simplifier pour se concentrer uniquement sur l’obtention de crédits carbone, on peut craindre que le remède soit parfois pire que le mal. Avec le risque de déconsidérer les projets carbone dans leur ensemble. C’est pourquoi, il nous semble essentiel d’encourager une segmentation de ce marché afin que les acheteurs de crédits carbone puissent identifier la valeur réelle de ce qu’ils achètent. Livelihoods Funds soutient donc les efforts des standards et de l’ensemble des parties prenantes qui sont attachés à des projets carbone à haute valeur environnementale et sociale. Il reste à réussir cet effort de différenciation sans tomber dans le piège de la multiplication de normes complexes et de lourds processus bureaucratiques qui plomberaient les projets, mobiliseraient l’énergie des acteurs de terrain et  alourdiraient les coûts au détriment de l’action.      

Nous sommes convaincus que la finance carbone peut être un facteur de progrès si elle soutient des projets réellement transformateurs. Elle peut contribuer à mobiliser des moyens financiers, techniques et humains au service de projets à grande échelle sur des durées longues. Faisons en sorte que le « bon grain » ne se mélange pas avec « l’ivraie ».

]]>
De l’arbre au chocolat : l’aventure du cacao https://livelihoods.eu/fr/cocoa-from-the-tree-to-your-beloved-chocolate/ Fri, 21 Oct 2022 13:46:35 +0000 https://livelihoods.eu/cocoa-from-the-tree-to-your-beloved-chocolate/ Au Ghana, le deuxième producteur mondial, le cacao est la principale source de revenus de 800 000 petits exploitants ghanéens, hommes et femmes. Adoré par les consommateurs du monde entier car il est le principal ingrédient du chocolat, le cacao représente un travail ardu pour les petits exploitants qui le récoltent. De l’arbre à vos saveurs de chocolat préférées, voici quelques faits et chiffres sur le cacao.

Le cacao, un fruit polyvalent, adoré par les consommateurs

Avec le sucre, le café et le coton, le cacao est l’un des quatre produits fondamentaux les plus commercialisés au monde. Il représente une valeur commerciale de plus de 12 milliards de dollars par an. La demande mondiale en fèves de cacao est passée de 2,5 millions de tonnes en 1990 à 5,6 millions de tonnes produites en 2019.

Depuis quelques décennies, la Côte d’Ivoire et le Ghana sont les 2 plus grands producteurs de fèves de cacao au monde. Ces deux pays cumulés, comptent pas moins de deux millions de petits producteurs de cacao, qui fournissent plus de 60% de la production mondiale.

Transformé en poudre, en beurre et en liqueur de cacao, ce fruit prisé par les consommateurs aux quatre coins du monde, se retrouve dans les confiseries, dans les aliments de base, mais aussi dans les cosmétiques et les produits pharmaceutiques.

Transformer les cabosses de cacao en chocolat, comment ça marche ?

Les fèves de cacao proviennent d’un arbre appelé Theobroma Cacao : il pousse dans les climats humides et tropicaux autour de l’équateur. Les arbres nouvellement plantés commencent à porter des fruits après 3 à 4 ans. Ce fruit, c’est la cabosse de cacao qui contient les précieuses fèves de cacao.

Les fruits du cacaoyer se trouvent sur des cacaoyers qui poussent dans des régions humides et tropicales. Le cacao est une culture d’ombrage : les cacaoyers poussent traditinnellement dans les forêts.
Le fruit est ouvert à l’aide de machettes pour en extraire les fèves de cacao.

Contrairement à la plupart des cultures, le cacao est entièrement cultivé et récolté à la main. Les agriculteurs ouvrent la peau extérieure des cabosses de cacao à l’aide de longs couteaux (machettes) pour recueillir la pulpe du fruit à l’intérieur. Cette pulpe contient environ 40 à 50 graines : ce sont les fameuses fèves de cacao. On laisse ensuite les fèves fermenter pendant cinq à sept jours, un processus naturel qui permet d’éliminer les restes de pulpe de fruit autour des fèves. Pendant cette étape de fermentation, la coloration des fèves passe du gris au brun puis au violet. C’est au cours de cette phase que les fèves développent leur arôme. Après la fermentation, les fèves de cacao sont étalées et laissées à sécher au soleil pendant environ six jours.

Fèves de cacao séchées au soleil.

Les fèves sont ensuite vendues à des commerçants locaux ou à des usines de transformation. Le voyage continue puisque les fèves de cacao sont ensuite expédiées aux producteurs de chocolat où elles sont torréfiées : les fèves sont débarrassées des pierres, de la saleté, du sable et séchées sous des appareils de chauffage. Cela permet de briser les fèves et d’enlever la coque qui les entoure. Les fèves de cacao obtenues sont ensuite torréfiées et broyées pour obtenir la masse de cacao.

Enfin, cette masse de cacao est mélangée à du sucre et à d’autres ingrédients, puis raffinée pour développer les arômes appréciés par les consommateurs du monde entier.

Fèves de cacao torréfiées
Liqueur de chocolat raffinée
]]>
Une coalition d’acteurs privés et publics engagée à améliorer les revenus des petits producteurs de cacao https://livelihoods.eu/fr/a-coalition-of-private-public-actors-committed-to-improve-cocoa-farmers-income/ Thu, 20 Oct 2022 11:49:00 +0000 https://livelihoods.eu/?p=17111 La nouvelle initiative de Livelihoods au Ghana vise à identifier et adresser les problèmes sociaux, économiques et environnementaux auxquels sont confrontés les petits exploitants de cacao. Ce projet d’une durée de 3 ans est lancé par le Fonds Livelihoods pour l’agriculture familiale (L3F) qui a réuni : Mars Incorporated (entreprise mondiale qui produit parmi les marques les plus célèbres de confiseries, produits alimentaires et produits pour animaux de compagnie), Touton (acteur majeur du commerce mondial du cacao ces dix dernières années et principal fournisseur de cacao pour Mars), Solidaridad West Africa (une organisation locale de la société civile qui témoigne d’une grande expérience de travail avec les petits exploitants de cacao en Afrique de l’Ouest) et I4DI (partenaire scientifique chargé d’évaluer les impacts du projet). Tous les partenaires unissent leurs forces avec un objectif spécifique en tête : identifier quels sont les leviers et les solutions qui peuvent aider les petits exploitants indépendants à restaurer durablement leurs exploitations et à améliorer leurs revenus.

Découvrez les partenaires du projet et leurs rôles :

Le Fonds Livelihoods pour l’Agriculture Familiale (L3F) est un fonds d’investissement privé qui réunit des acteurs privés de renommée mondiale : Mars, Danone, Firmenich et Veolia. Il a été conçu en 2015 pour améliorer les moyens de subsistance des petits exploitants agricoles en collaboration avec des partenaires de confiance pour les aider à transformer leurs chaînes d’approvisionnement. L3F a précédemment lancé des projets à long terme dans les filières de la noix de coco, de la vanille, de l’huile de palme, du karité mais aussi dans des projets de préservation de bassins versants.

Mars est une entreprise mondiale qui produit parmi les marques les plus célèbres au monde de confiseries, de produits alimentaires et de produits et services pour animaux de compagnie. L’entreprise est un partenaire commercial et un investisseur historique du fonds Livelihoods pour l’Agriculture Familiale. Elle a été très active dans le secteur du cacao (l’un des principaux ingrédients des produits alimentaires de Mars) et s’est consacrée ces dernières années à aider les petits producteurs de cacao à améliorer leurs revenus grâce à des programmes dédiés tels que le « Programme Cacao de Mars pour les Générations futures » (Mars Cocoa for Generations program ») lancé en 2018. Ce programme a permis d’intensifier les efforts de la chaîne d’approvisionnement pour améliorer les revenus des agriculteurs et la résilience de leurs fermes.

Touton S.A. fournit du cacao, du café, de la vanille et des ingrédients naturels de qualité et d’origine responsable à ses clients du monde entier. Touton est un acteur majeur dans le commerce mondial du cacao depuis des décennies et, en plus de s’approvisionner en fèves de cacao et en dérivés du cacao, il transforme désormais la liqueur de cacao au Ghana. Toute la chaîne d’approvisionnement en fèves de cacao de Touton est désormais transparente et traçable, de la ferme au consommateur, ce qui permet de séparer les fèves conventionnelles des fèves certifiées, ainsi que de mieux surveiller et comprendre les communautés d’agriculteurs avec lesquelles l’entreprise travaille.

Solidaridad West Africa est une organisation locale de la société civile et de premier plan qui possède une vaste expérience en matière d’assistance technique aux producteurs de cacao en Afrique de l’Ouest. Solidaridad West Africa encadrera les formations et le coaching pour aider les producteurs à adopter les bonnes pratiques agricoles pour entretenir leurs parcelles et s’engager dans des activités de replantation. En outre, l’organisation renforcera les groupes d’agriculteurs et les mettra en relation avec des prestataires de services agréés pour accéder à des intrants de qualité et à une main-d’œuvre qualifiée. L’organisation fournira un soutien technique pour permettre d’améliorer la santé du sol, aider à adopter un modèle d’agroforesterie durable et aider les agriculteurs participants à améliorer leurs revenus.

L’Institut pour le Développement à Impact est un groupe de réflexion et d’action qui se consacre à promouvoir une approche systémique pour assurer des modèles de développement durable à échelle mondiale. Son approche est fondée sur l’analyse de données, le conseil stratégique, la recherche et l’innovation technologique qui permet de catalyser un impact social et environnemental positif dans de nombreuses chaînes d’approvisionnement. I4DI supervise l’évaluation des impacts du projet (et des enseignements tirés : cette intervention a-t-elle permis d’améliorer le revenu des agriculteurs ou non et pourquoi ?)

La Fondation Rabo (Rabo Foundation) est le fonds à impact de la banque Rabobank. La Fondation investit dans le soutien d’organisations d’agriculteurs en Afrique, en Asie et en Amérique latine, en fournissant des financements et en partageant l’expertise coopérative, bancaire et agricole que Rabobank a acquise au fil des ans. Cela aide les organisations à atteindre leurs objectifs, car elles peuvent à leur tour permettre aux petits exploitants agricoles d’accéder à des solutions de financement, à des connaissances techniques et à de nouveaux marchés.

]]>
Les petits producteurs de cacao peuvent-ils gagner un revenu décent ? https://livelihoods.eu/fr/can-smallholder-cocoa-farmers-be-prosperous-livelihoods-new-project-in-ghana-2/ Fri, 14 Oct 2022 13:07:10 +0000 https://livelihoods.eu/?p=17061 LIVELIHOODS LANCE UN PROJET INÉDIT AU GHANA POUR CONTRIBUER À SORTIR LES PETITS PRODUCTEURS DE LA PAUVRETÉ

Principal ingrédient du chocolat, le cacao est apprécié par les consommateurs du monde entier. La production mondiale de fèves de cacao a explosé depuis les années 1990 pour atteindre 5,6 millions de tonnes en 2019. Le cacao est cultivé sur des terres situées autour de l’équateur, et il représente une source de revenus essentielle pour pas moins de 6 millions de petits exploitants agricoles. Pourtant, paradoxalement, la plupart des producteurs de cacao sont coincés dans une situation de précarité, notamment en Afrique de l’Ouest qui représente plus de 70% de la production mondiale.

Des arbres vieillissants, un manque de compétences techniques ou de moyens financiers pour régénérer leurs sols et accroître la productivité de leurs parcelles en sont les principales raisons. Au Ghana, le deuxième plus gros producteur de cacao dans le monde, les secteurs privé et public ont fourni des efforts considérables ces dernières décennies pour transformer la filière de manière durable. Mais ces initiatives ont eu peu d’impact sur m’amélioration des revenus des petits exploitants. Quels sont les leviers qui peuvent aider les agriculteurs à subvenir aux besoins de leurs familles grâce au cacao ? Peuvent-ils restaurer leurs terres tout en améliorant leurs revenus ?

Après le karité, Livelihoods lance une nouvelle initiative au Ghana (en savoir plus sur notre projet karité au Ghana) pour découvrir et résoudre les problèmes sociaux, économiques et environnementaux auxquels sont confrontés les petits exploitants de cacao. Le projet a un objectif spécifique : il s’agit d’identifier quels sont les leviers et les solutions qui peuvent aider les petits producteurs de cacao à restaurer durablement leurs exploitations et à améliorer leurs revenus. Cette initiative, d’une durée de 3 ans, est lancée par le Fonds Livelihoods pour l’Agriculture familiale (L3F) qui a rassemblé : Mars Incorporated (entreprise mondiale qui produit parmi les plus célèbres marques de confiseries, de produits alimentaires et de produits pour animaux de compagnie), Touton (acteur majeur du commerce mondial du cacao ces dix dernières années, et principal fournisseur de cacao pour Mars), Solidaridad West Africa (organisation locale de la société civile qui témoigne d’une grande expérience de travail avec les petits exploitants de cacao en Afrique de l’Ouest) et I4DI, l’Institut pour le Développement à Impact (Institute for Development Impact) (partenaire de confiance chargé du suivi, de l’évaluation et de l’analyse des résultats pour évaluer les impacts du projet).

Le projet est mis en œuvre dans trois districts cacaoyers, à savoir Nkrankwanta, Kasapin et Sunyani, situés dans les régions de Bono et Ahafo de l’ouest du Ghana. L’objectif principal du projet est de trouver un modèle d’approvisionnement durable qui permettra d’accélérer la transition des agriculteurs vers un revenu décent [2] grâce à une approche fondée sur l’expérimentation, qui pourrait idéalement être répliquée dans d’autres contextes et régions, après la phase actuelle.

Au Ghana, le cacao est la principale source de revenus pour les petits exploitants indépendants

Au Ghana, deuxième producteur mondial après la Côte d’Ivoire, le cacao est la principale source de revenus de 800 000 familles de producteurs de cacao du pays. Mais les défis auxquels elles sont confrontées au niveau de l’exploitation sont nombreux, et le revenu qu’elles tirent de la récolte de cacao n’est pas assez élevé pour permettre à une grande majorité d’entre elles de répondre aux besoins fondamentaux de leur famille : nourriture, vêtements, logement décent, soins de santé et éducation. Cela les prive par ailleurs des revenus nécessaires pour investir dans une production durable de cacao sur leurs exploitations.

En effet, dans les régions de Bono et d’Ahafo où le projet Livelihoods est mis en œuvre, près de 80% des agriculteurs sur les 1000 identifiés pour le projet, ne gagnent pas un revenu décent qui leur permettrait de répondre à leurs besoins fondamentaux et d’investir dans leurs exploitations cacaoyères. En d’autres termes, les petits exploitants de cacao sont pris au piège de la pauvreté malgré les efforts déployés depuis des décennies par les principaux acteurs (privés et publics) du secteur du cacao pour contribuer à les sortir de la pauvreté et assurer une production durable et responsable.

Des sols appauvris après des décennies de monoculture

Dans l’ouest du Ghana, les agriculteurs cultivent des cacaoyers sur des exploitations de 1 à 4 hectares en moyenne, qu’ils ont héritées de leurs familles. Outre le cacao, les familles de petits exploitants cultivent généralement des cultures vivrières de base telles que le maïs, la banane plantain ou le manioc, mais le cacao reste la principale activité économique qui permet de nourrir des familles de 5 membres en moyenne (les parents et 3 frères et sœurs ou enfants). Les producteurs de cacao étant âgés de 55 ans en moyenne, le secteur doit relever le défi de créer les conditions attractives pour la nouvelle génération d’agriculteurs qui héritera des parcelles de cacao à son tour.

Visite terrain avec une femme agricultrice sur une parcelle située dans la zone du projet. Crédits photo : I4DI.

Le premier défi majeur auquel ces petits exploitants indépendants sont confrontés est la fertilité des sols, qui a diminué ces dernières années en raison d’une utilisation permanente des terres qui ne laisse pas le temps au sol de se régénérer. Des décennies de déforestation et de monoculture de cacao pour répondre à une demande mondiale croissante, sans nourrir le sol en retour, ont affecté la santé du sol. Avec le temps, les cacaoyers ont quitté leur écosystème naturel (le cacao est une culture d’ombrage et les cacaoyers poussent naturellement en forêt tropicale) : aujourd’hui, l’absence d’arbres d’ombrage adéquats dans les exploitations de cacao laisse place à un ensoleillement direct qui contribue à l’infertilité des sols. L’utilisation excessive d’herbicides et les effets du changement climatique ont par ailleurs aggravé la situation.

Manque de main-d’œuvre au niveau de l’exploitation

Au niveau de l’exploitation, les petits producteurs de cacao sont également confrontés à un manque de main-d’œuvre qualifiée qui impacte leur capacité de production. Un couple d’agriculteurs peut s’occuper efficacement d’une exploitation de 2 hectares, mais au-delà, il faut une main-d’œuvre supplémentaire qu’ils ne peuvent généralement ni trouver ni financièrement se permettre. La productivité de la plupart des exploitations stagne à moins de la moitié de leur potentiel : le rendement moyen du cacao au Ghana est actuellement de 450 kilogrammes par hectare, alors qu’une cacaoyère bien gérée pourrait produire entre 1 et 1,5 tonne par hectare [3]. Cultiver du cacao est un métier ardu qui nécessite de la main d’œuvre, notamment pendant les activités de récolte et de post-récolte (principalement de septembre à février), et pour l’entretien des parcelles (de janvier à juillet) dans lesquelles les agriculteurs sont directement impliqués. C’est l’une des rares cultures qui, au Ghana, est encore cultivée et récoltée entièrement à la main.

Les agriculteurs doivent protéger leurs cacaoyers du vent et du soleil. L’élagage, un geste essentiel pour augmenter les rendements et réduire la menace des parasites et des maladies, est une pratique ardue et technique. Les petits exploitants doivent également investir du temps pour éliminer les mauvaises herbes, fertiliser le sol et protéger les fèves de cacao des ravageurs et des maladies. Pendant la saison de récolte, les cabosses de cacao sont ouvertes à l’aide de machettes pour en extraire les fèves, avant d’être nettoyées, séchées, laissées à fermenter et vendues aux commerçants locaux ou aux usines de transformation.

Un cacaoyer (« Theobroma cacao » selon son nom scientifique) montrant une tige malade à la pousse enflée.

Par ailleurs, dans la zone du projet, 30% des cacaoyers ont plus de 35 ans : la replantation des parcelles les plus anciennes est essentielle pour les exploitations traditionnelles dont la productivité ne peut être boostée grâce à l’adoption de pratiques agricoles durables uniquement. De plus en plus d’arbres pourraient être infectés par des maladies, en particulier un virus appelé « CSSV » (Cocoa Swollen-Shoot Virus) qui attaque principalement les cacaoyers et diminue les rendements dès la première année d’infection. Le virus, transmis d’arbre en arbre par les cochenilles (des parasites qui sévissent en groupe), peut se propager encore plus rapidement dans une exploitation en monoculture et tue généralement les arbres en seulement quelques années. Des modèles agroforestiers plus durables, reposant sur la diversification des parcelles, mais aussi sur des sols plus sains et riches en micro-organismes, pourraient aider les arbres à mieux résister aux ravageurs et aux maladies et à maintenir leur fertilité.

Le paradoxe du cacao : pourquoi les petits exploitants sont-ils pris au piège de la pauvreté ?

Les agriculteurs sont pris dans un cercle vicieux où, d’une part, des modèles de production non durables basés sur la monoculture pour produire toujours plus, ont conduit à l’épuisement et à l’infertilité des sols. D’autre part, les agriculteurs n’ont pas les compétences techniques, les moyens financiers, l’accès à la main-d’œuvre ou les infrastructures nécessaires pour gérer durablement leurs parcelles ou les diversifier, ce qui leur permettrait de tirer un meilleur parti de la terre qu’ils cultivent. Dans ce contexte, investir dans l’adoption de pratiques agricoles durables et/ou dans les activités de replantation nécessaires reste complexe pour eux.

Au cours des dernières décennies, le secteur du cacao a défini des techniques appelées « Bonnes pratiques agricoles » (Good Agricultural Practices – GAP en anglais) qui visent à augmenter la productivité des exploitations tout en les rendant plus résilientes. Ces pratiques, (telles que définies par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture – la FAO) répondent à un ensemble de principes qui visent à assurer une production durable des cultures (et du bétail), tout en maximisant le potentiel de rendement. Les bonnes pratiques agricoles sont censées minimiser les coûts de production pour l’agriculteur et l’impact environnemental des activités agricoles. Le principe de ces pratiques repose sur des modèles d’agriculture durable, ainsi que des sols sains, riche en micro-organismes et des cultures de qualité.

Avec l’intention générale de respecter le cycle naturel des cultures et le milieu environnant, les Bonnes Pratiques Agricoles (GAP) reposent sur des techniques telles que l’élagage des arbres, la fertilisation des sols, le traitement et la gestion des maladies potentielles et la préservation de la santé des sols en réintégrant des organismes vivants dans le sol. D’autres pratiques incluent : la restauration des terres dégradées, la préservation des ressources naturelles environnantes, la réduction des déchets et l’utilisation durable de l’eau. Une fois adoptées au niveau de l’exploitation, ces pratiques peuvent garantir des sols sains et fertiles, ce qui permet de doubler la productivité. En savoir plus sur les principes et découvrir des exemples de bonnes pratiques agricoles.

Pourtant, il semble qu’au cours de ces vingt dernières années, de nombreux agriculteurs aient été formés à ces pratiques durables, mais le constat sur le terrain est que seuls 30% des agriculteurs les adoptent à ce jour. L’adoption des Bonnes Pratiques Agricoles sur leurs parcelles demande un travail intensif et un investissement financier dans le temps, ce qui nécessite souvent des prêts bancaires, qui ne sont pas accessibles à de nombreux petits exploitants, en particulier aux agricultrices. De plus, avec les taux d’intérêt actuels qui peuvent atteindre 50%, de faibles récoltes dues à des maladies et des conditions climatiques défavorables peuvent laisser les agriculteurs avec des dettes qu’ils ne peuvent assumer. Ils ne prennent donc pas le risque d’emprunter. De plus, ils n’ont pas accès à des prêts à long terme qui leur permettraient d’investir dans la replantation de leurs parcelles vieillissantes.

« Plusieurs programmes m’ont demandé par le passé de mieux planifier et gérer mon exploitation. Je sais ce que je dois faire mais je n’ai pas les moyens d’acheter les intrants de qualité ou la main d’œuvre pour y parvenir. Il est trop risqué pour moi maintenant d’emprunter de l’argent et les prix ne cessent d’augmenter ! ».

Un agriculteur interviewé dans la zone du projet. Crédits photo : I4DI.

Dans l’ensemble, les agriculteurs devraient au moins tripler leurs coûts de production pour appliquer ces pratiques par rapport à leur base actuelle. Cela implique d’embaucher de la main-d’œuvre supplémentaire, acheter des intrants et d’équipements, acheter des engrais de qualité, assurer leur transport jusqu’à leurs parcelles. Mais à ce jour, l’accès aux semis et aux engrais de qualité reste complexe. Les semis ne sont pas toujours disponibles, les coûts de transport sont élevés, la main d’œuvre reste difficile à trouver en plus d’être couteuse. De plus, lorsque les petits exploitants investissent dans la replantation, ils doivent traverser quelques années avec des revenus encore plus faibles, car les jeunes arbres nouvellement plantés ne produisent pas de fèves avant 3 à 4 ans.

Dans un contexte général où le prix du cacao est fixé annuellement par le gouvernement et où la productivité est en déclin, le revenu de la plupart des agriculteurs reste faible, ce qui décourage particulièrement la nouvelle génération. Le prix d’achat du cacao au Ghana est défini annuellement par le Ghana Cocoa Board (COCOBOD) qui contrôle toutes les exportations et protège les agriculteurs de la volatilité des prix. En 2021, le prix d’un kilo de fèves de cacao a été fixé à un dollar. Dans la zone du projet, le revenu annuel moyen de la production de cacao est d’environ l’équivalent de 1 275 dollars, ce qui est bien inférieur au revenu de vie décent calculé à environ 2 200 dollars par an, ce qui rend les petits exploitants incapables d’investir dans le développement durable de leurs exploitations.

Agricultrice interviewée dans la zone du projet. Crédits photo : I4DI.

« Il est difficile pour une jeune femme de générer des revenus suffisants et de devenir financièrement indépendante dans le couple car elles n’ont pas souvent accès à la terre. Et quand elles y ont accès, surtout dans les ménages où la femme est décisionnaire, le défi auquel nous sommes confrontés est de trouver des travailleurs dans le voisinage qui sont qualifiés et savent comment restaurer les sols et prendre soin des nouvelles plantations ».

Comment le secteur privé peut-il contribuer à améliorer le revenu des agriculteurs ? Devrait-il verser des primes pour l’adoption de bonnes pratiques agricoles ? Doit-il aider à améliorer la productivité des exploitations pour répondre à la qualité et à la demande croissante du marché ? Comment le secteur privé peut-il aider les agriculteurs à coupler productivité et durabilité grâce à la transition vers des modèles agricoles plus résilients ?

Existe-t-il un moyen de sortir de ce cercle vicieux ?

Livelihoods et ses partenaires soulèvent ces questions cruciales : quel modèle durable peut contribuer à sortir les petits producteurs de cacao de la pauvreté ? Et comment réussir la transition vers des modèles agroforestiers plus durables où les agriculteurs peuvent gagner plus d’une terre prospère ? Livelihoods, Mars, Touton, Solidaridad West Africa et I4DI lancent une initiative sans précédent, sur 3 ans pour identifier les leviers qui pourraient aider à réaliser cette transition au Ghana. Le projet répond à l’ensemble des besoins des agriculteurs (y compris les compétences agricoles, les moyens financiers et la main-d’œuvre externe) pour stimuler l’adoption de bonnes pratiques agricoles et investir dans les activités de replantation nécessaires. Il s’agit d’une approche agile qui permettra aux partenaires engagés dans le projet de tester différentes solutions et actions par groupes indépendants d’agriculteurs et de les amplifier ou modifier si nécessaire. Leur objectif commun est d’aider les agriculteurs à atteindre progressivement un revenu décent.

L’expérimentation permettra de répondre à certaines questions clés telles que :

Dans quelle mesure un coaching intensif permet d’augmenter les taux d’adoption des pratiques agricoles durables ?

Mille agriculteurs indépendants de la chaîne d’approvisionnement de Mars-Touton participeront à cette initiative et bénéficieront d’un ensemble d’interventions pour réaliser cette transition. Ils bénéficieront d’une formation technique et d’un accompagnement individuel pour stimuler l’adoption de pratiques agricoles améliorées qui aideront à restaurer les sols dégradés (élagage, techniques pour remettre du carbone dans le sol, engrais adaptés, etc.) Le projet prévoit un accompagnement intensif au niveau de la ferme pour soutenir les agriculteurs dans l’adoption à long terme de pratiques agricoles sur leurs parcelles. Avec des sols plus sains et fertiles, les agriculteurs pourraient doubler leur productivité et, à terme, leurs revenus.

Les agriculteurs sont-ils prêts à payer pour accéder à des services agricoles (main d’œuvre, intrants) ? Existe-t-il un modèle intéressant pour mettre en place davantage de prestataires de services ?

Tous les agriculteurs bénéficieront de l’organisation de groupes de cacaoculteurs renforcés qui les aideront à évaluer leurs besoins, qu’il s’agisse de formation, d’intrants agricoles, de mécanismes financiers, mais aussi à renforcer l’apprentissage entre pairs. Le projet évaluera les besoins des agriculteurs et, à long terme, facilitera potentiellement l’accès aux programmes gouvernementaux qui les aideront à acquérir des compétences techniques, à régénérer leur exploitation, etc. Le projet vérifiera également si les agriculteurs bénéficient d’un accès facilité aux prestataires de services qui leur fourniront des services spécifiques (intrants et main-d’œuvre) pour soutenir la gestion de leur exploitation.

Les agriculteurs font sécher les fèves de cacao avant de les vendre à des commerçants locaux ou à des usines de transformation. Crédit photo : I4DI.
Quelles solutions de financement à court terme favoriseraient l’adoption de pratiques agricoles durables ? Accéder à des prêts à long terme permettrait-il de booster les activités de replantation ? Quel type de compensation financière pourrait motiver les agriculteurs à s’engager dans la replantation de leurs parcelles ?

Le projet facilitera l’accès à des prêts à court terme abordables pour les producteurs de cacao bénéficiaires à des taux d’intérêt annuels de 24% et 12% au lieu des 50% actuels sur le marché. Ceci afin de s’assurer qu’ils disposent de ressources financières adéquates pour investir dans la production durable de cacao. Lorsque la replantation est nécessaire, les petits producteurs de cacao bénéficieront d’un accès à des prêts à long terme (qui ne leur sont pas accessibles aujourd’hui) à un taux d’intérêt annuel de 12% sur la monnaie locale. Les agriculteurs qui investiront dans la replantation bénéficieront également d’une compensation financière pour les aider à traverser les 4 à 5 premières années pendant lesquelles les arbres nouvellement plantés ne produisent pas de fruits en quantités commerciales.

L’initiative déploiera une méthodologie dans laquelle différentes variables seront testées par petits groupes d’agriculteurs (groupes de 100). Les résultats seront mesurés en ce qui concerne l’adoption de pratiques agricoles et la replantation, avant d’être reproduits dans un groupe plus important au sein des agriculteurs du projet si cela s’avère fructueux. Des retours d’expérience précis et fréquents de la part des agriculteurs seront recueillis par les coaches sur le terrain afin d’ajuster les activités en conséquence.

Une attention particulière aux femmes cultivatrices de cacao :

Les partenaires du projet unissent leurs forces pour adapter les interventions et permettre aux femmes, qui représentent 30% des agriculteurs du projet, de participer pleinement et de bénéficier de toutes les activités. Les résultats du projet seront étudiés de manière spécifique afin d’identifier les obstacles que rencontrent les agricultrices, notamment lorsqu’en plus de leur exploitation, elles doivent gérer à elles seules les besoins du foyer.

Les résultats du projet permettront d’identifier l’ensemble des interventions qui auront été les plus efficaces pour aider les agriculteurs à améliorer leurs revenus. Ce projet inédit, permettra de définir quels sont les leviers accessibles qui permettent d’améliorer effectivement les revenus des agriculteurs et, à terme, de construire des exploitations résilientes, diversifiées, rentables et qui ne contribuent pas à la déforestation. S’il s’avère efficace, ce projet sera étendu aux chaînes d’approvisionnement en cacao de toute l’Afrique de l’Ouest grâce au soutien d’une coalition d’acteurs clés de la filière cacao (secteur privé, organisations non gouvernementales, institutions financières).

Groupe d’agricultrices sensibilisées au projet lors d’une visite sur le terrain. Crédit photo : I4DI.

[1] Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) – une agence spécialisée des Nations Unies qui dirige les efforts internationaux pour vaincre la faim.

[2] 332 dollars par mois pour une famille de cinq personnes en 2018.

[3] Source : Farmgrow, 2020 : https://www.farmgrow.org/. Le revenu de subsistance est le revenu annuel net dont a besoin un ménage dans un lieu donné pour s’offrir un niveau de vie décent pour tous les membres de ce ménage.

]]>
LIVELIHOODS FUNDS LANCE UN NOUVEL INVESTISSEMENT IMPACTANT AU MEXIQUE : Interview croisée avec des membres de l’équipe du projet https://livelihoods.eu/fr/un-nouvel-investissement-impactant-preserver-interview-croisee/ Wed, 20 Jul 2022 08:35:26 +0000 https://livelihoods.eu/?p=16627

Livelihoods Venture a une longue expérience dans la conduite de projets de restauration de mangroves dans le monde entier. Depuis 2009, Livelihoods a restauré plus de 25 000 hectares de mangroves au Sénégal, en Inde et en Indonésie. Ces projets ont permis de rétablir les services écosystémiques et d’améliorer les moyens de subsistance des communautés qui vivent à proximité.

Livelihoods Venture écrit une nouvelle page au Mexique.

Rosa Maria Vidal, chef de projet chez Livelihoods pour le projet mangrove de Veracruz, et Elisa Peresbarbosa Rojas, directrice générale de Pronatura Veracruz, l’organisation non-gouvernementale chargée de la mise en œuvre du projet, relaient l’importance de bâtir des partenariats solides sur le terrain et du positionnement unique des Fonds carbone Livelihoods.

rosa_maria_vidal
Elisa2

Rosa Maria Vidal, Chef de Projet Livelihoods

Elisa Peresbarbosa Rojas, Directrice Generale de Pronatura Veracruz

Les projets Livelihoods sont basés sur la co-construction avec nos ONG partenaires. Comment la coopération s’est-elle déroulée sur le projet de restauration de mangrove à Veracruz, au Mexique ?

Rosa Maria Vidal : Il est très important que le projet soit conçu ensemble, non seulement avec l’ONG mais aussi avec les communautés. Cela nous permet de nous aligner sur une vision et des objectifs communs, ainsi que de comprendre quels pourraient être les défis. Cela crée un lien d’équipe et de confiance qui est nécessaire pour les projets à long terme.

L’équipe de Pronatura Veracruz a été très réceptive à nos idées et nous a consacré du temps pendant la phase de conception du projet. Pour l’ONG, il n’a pas toujours été facile de répondre à certaines de nos demandes, mais en véritable partenaire, ils ont investi avec leurs connaissances, leur temps et leur réseau.

Nous avons pu nous entretenir avec les pêcheurs et les éleveurs de bétail, et écouter leurs difficultés à obtenir du soutien pour leurs activités de production. Chez Livelihoods, de nombreux membres de notre équipe ont consacré du temps à apprendre et à apporter leurs expériences sur d’autres projets à travers le monde pour aider à réaliser ensemble le meilleur projet possible. Un véritable travail d’équipe.

Elisa Peresbarbosa Rojas : Nous avons commencé nos discussions et notre collaboration avec l’équipe Livelihoods, il y a trois ans. Au cours de ces années, nous avons construit une relation de confiance, avons longuement échangé, appris à connaître tous les membres de l’équipe sur le terrain, effectué trois visites sur le terrain et visité la région, et nous nous sommes engagés auprès des communautés locales pour mieux comprendre la région et leurs besoins. C’est un processus très long, mais il en vaut la peine pour construire une relation forte et étroite avec Livelihoods et les communautés locales.

Nous avons eu de nombreuses conférences virtuelles avec plusieurs membres de l’équipe Livelihoods. Livelihoods a pris le temps de comprendre et de discuter à différents niveaux sur divers sujets (aspects techniques de la restauration de la mangrove, faisabilité écologique, stratégies sociales, capacités de Pronatura Veracruz).

Durant ces trois années, nous avons construit une relation étroite et de confiance. Sur le terrain, nous avons eu de nombreux échanges avec les responsables de Livelihoods pour mieux comprendre les conditions locales. Ils ont démontré une réelle motivation pour trouver les meilleures options.

Le marché du carbone est de plus en plus encombré. D’après votre expérience, qu’est-ce qui différencie l’approche de Livelihoods ?

Rosa Maria Vidal : L’approche de Livelihoods est d’adapter l’investissement aux besoins actuels, au-delà de la simple idée de payer pour des crédits carbone, ce que nous ne faisons pas. Nous investissons pour générer des capacités locales et des bénéfices à long terme en améliorant les moyens de subsistance des communautés locales.

La finance carbone est un outil, un moyen pour le développement durable. Il n’est pas facile de trouver un bon équilibre dans la conception des projets entre les investissements qui couvrent la restauration de la mangrove et les programmes qui améliorent la productivité et les revenus. Nous utilisons un grand pourcentage des fonds au cours des 5 à 7 premières années du projet, car de nombreux agriculteurs et pêcheurs ont des besoins immédiats. Ils apprécient que nous puissions utiliser les fonds carbone pour des transformations réelles et durables. 

Nos projets ont également une intégrité climatique et sont contrôlés pour la livraison des crédits des réductions d’émissions vérifiées (VER). Nous surveillons également tous les autres impacts sociaux et environnementaux.  Au final, nous préfinançons le carbone qui n’est pas encore produit et nous prenons également une bonne partie du risque, car nous faisons confiance à nos partenaires : les communautés locales et les ONG.

Elisa Peresbarbosa Rojas : C’est la première fois que nous travaillons dans une relation de travail étroite avec un financeur.

L’un des principaux aspects qui différencie Livelihoods est l’engagement à long terme des investisseurs des fonds carbone. Livelihoods et ses investisseurs partagent un réel engagement pour améliorer sur le long-terme les conditions socio-environnementales des communautés locales.

]]>